SURFACE

14 - Ralph

       

_ Hé Ralph ! m'appelle Candice, une cliente du ranch.

_ Regarde, la fille ressemblerait pas à ta copine ? demande-t-elle en me montrant son mobile.

Hein ? Ma copine ? Mais qu'est-ce qu'elle dit ?

Elle me montre une vidéo YouTube filmant un couple danser une de ses danses à la con hyper collée. Le tombeur typé latin-lover balade la nana avec une facilité déconcertante. La brune se tourne enfin vers l'objectif et là, je reste sur le cul. Je ne l'ai pas reconnu avec sa nouvelle couleur et son bronzage mais c'est bien elle. Alexine se déhanche autour de son mec et lui sourit amoureusement. L'assemblée applaudit quand ils finissent la chorée et siffle quand ils s'embrassent. Je ne détourne pas le regard pour autant. Le type la couve du regard et l'enlace avec délicatesse. Alexine est vraiment encore plus belle quand elle est amoureuse.

_ Alors t'as vu ? Elle lui ressemble cette brésilienne. dit Candice.

_ Grave.

_ Et d'ailleurs, ça fait longtemps que je l'ai pas vu.

_ Qui ça ?

_ Bé ta copine.

_ Ah, euh, ouais, elle bosse beaucoup en ce moment.

_ Ah ok. dit-elle déçue.

Ouf, j'ai bien fait de lui mentir. J'ai senti le vent tourner avec son sourire mielleux et son décolleté qui crie ses intentions.

_ Je te laisse, je dois partir. A la prochaine.

_ Oui à bientôt. marmonne-t-elle.

Franchement, elle a même pas dix-sept ans.

Un sifflotement résonne dans la salle, j'arrive plus tôt que d'habitude mais je ne vois toujours pas Vincent. Par contre j'entends Kala qui râle en réserve après je ne sais qui. J'aperçois Noor en salle, elle vient d'arriver elle aussi car elle ne s'est même pas changée. Je passe derrière elle et hésite à lui faire peur mais je me ravise en alourdissant mon pas. Au moment où elle va se retourner, comme un gamin, je me cache derrière un fauteuil.

_ Kala c'est toi ? dit-elle.

_ Oui, dis-je d'une voix de nana.

Je l'entends rire discrètement.

_ A t'entendre tu as l'air malade. se prête-t-elle au jeu.

_ Juste un peu de fièvre. continuai-je en changeant de place, je suis presque à côté de la cabine.

_ Mince, il faut prendre ta température. ose-t-elle.

Hein ?! La température ? Dans le ?!

_ Non ça va tout de suite mieux.

_ Ah ! Tant mieux mais ta voix m'inquiète.

Putain, elle se rapproche, faites que la porte soit déverrouillée. Je tourne la poignée, ouf, c'est bon.

_ Où es-tu ? demande-t-elle.

Elle est tout proche, à deux mètres à tout cassé. Encore un peu, encore, encore...

_ Noor t'es là ? demande Kala.

Merde !

J'attrape sa main et la tire vers la cabine. Surprise elle laisse échapper un petit cri. Je referme la porte et bute contre les marches.

_ Chuut. murmurai-je.

Kala ne se manifeste pas davantage. Elle sent bon, son parfum est très subtil mais bien présent. Je souffle un bon coup et prend conscience que je bloque son corps minuscule contre la paroi. Oups, je m'écarte un peu.

_ Alors qui suis-je ? dis-je en transformant à nouveau ma voix.

Noor se retient de rire avant de chuchoter.

_ J'ai déjà une idée mais un petit doute persiste.

Je suis entre elle et l'interrupteur donc aucune chance d'allumer. Je sens quelque chose frôler ma jambe, oh ! Ses mains caressent mes mains, remontent le long de mes bras, un frisson me parcourt. Ses doigts agrippent les épaules, touchent mon cou et effleurent mon visage, elle est très douce, très délicate. Elle n'ose pas toucher mes lèvres et pourtant j'en ai sacrément envie. Je lui attraperai ses doigts avec mes dents et embrasserai sa main. Elle me toucherait, partout... Hein ?! Mais qu'est-ce que je raconte ?

_ Aucun doute, tu es bien Kala. affirme-t-elle.

_ Quoi ?!

Elle rit et je n'peux pas m'empêcher de lui taquiner les côtes. J'arrête seulement pour qu'elle puisse retrouver son souffle. C'est très exigu comme couloir, je me penche non loin de son visage.

_ Alors ? Qui suis-je ? insistai-je.

Elle réalise que je suis tout prêt et retient son souffle.

_ Ralph. dit-t-elle d'une petite voix.

Elle est troublée et moi, que devrais-je dire ?

J'ai terriblement envie de savoir quel goût ont ses lèvres si bien dessinées, charnues juste comme il faut. Putain !

Je pose mes énormes mains sur ses épaules et remonte le long de son cou fragile, je peux sentir la rapidité de son pouls. Doucement, tout doucement, je saisis son visage entre mes mains. Elle est si petite que je dois plier mes genoux. Je me penche, je sens maintenant son souffle contre ma bouche.

_ Ralph. proteste-t-elle faiblement.

Merde !

Je pose mes lèvres sur son front et ferme fortement les yeux bien que nous soyons dans le noir.

_ Je ne ferai rien que tu ne souhaites pas. Excuse-moi. dis-je contre sa tempe.

_ Je ne suis pas...

Elle ne termine pas sa phrase. Que veut-t 'elle dire ? Une fille facile ? Une fille d'un soir ? Une fille pour toi ?

_ Je sais et je n'ai pas envie que tu le deviennes crois-moi.

Ses mains se posent sur mon torse, je me rends compte qu'elles tremblent. Je l'enveloppe de mes bras et caresse son dos. Sa tempe est contre mon menton. Son visage glisse vers moi, ses lèvres frôlent ma joue et viennent se poser au coin de ma bouche. Je n'ose plus bouger, c'est la première fois qu'un baiser non abouti me met en feu. Elle pose sa tête sur mon torse.
Après ce qu'il m'a semblé qu'une seconde, les voix de l'équipe nous sortent de notre état second et nous oblige à quitter notre cache.