Chapitre 20

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Jimin devenait fou, il était comme prisonnier d'un film dont il ne pouvait pas sortir.

Il voyait des scènes qu'il ne connaissait pas et parvenait difficilement à reconnaître les personnages, mais si encore chacun des épisodes avait un ordre, il arriverait peut à se repérer mais là ce n'était qu'une suite de cacophonies, de bruits, de sons, d'images, de couleurs et de sang. Surtout de sang.

Jimin essayait de sortir, de dire à ses voix qui murmuraient près de lui qu'il était là, qu'il fallait qu'on l'aide mais il n'y parvenait pas et il ressentait à chaque fois l'impression qu'il se débattait dans les eaux d'un lac sombre et sans fin.

Il avait l'impression d'être dans une toile d'araignée empêtré, piégé, à attendre de se faire dévorer. Parfois il croyait se noyer dans un océan de souvenirs, les siens et ceux des autres.

Puis d'un coup, il se retrouvait dans le noir complet du sol au plafond mais il respirait, il n'était pas agressé, il était seulement là.

Il fallait qu'il sorte mais il était incapable de distinguer un chemin et alors qu'il continuait de courir dans les ténèbres, il distingua, au loin une pomme.

D'un rouge sang, parfaite, lisse et brillante posée là.

Il y avait quelque chose de particulier à ce qu'un fruit soit ici, brillant de ce seul éclat de couleur dans la noirceur ambiante.

Il s'agenouilla et la ramassa, elle était lourde et sans le moindre défaut. Lorsqu'il la retourna dans sa main il se rendit compte qu'on avait mordu dedans et il trouva cela étrange.

Étrange parce qu'il n'y avait que lui dans ce lieu, il ne sentait la présence de personne d'autre. Il continua sa route, la pomme dans sa main et après un moment, les contours d'un piano vieux et marron se distinguèrent.

Jimin s'avança et les ténèbres semblèrent s'écarter. Le piano était au centre d'un cercle étrange formé par des objets et des symboles.

Un amoncellement d'objets se tenait là comme s'ils avaient été jetés ensemble, entassés autour du piano sans raison.

Sans crainte, il pénétra dans cette étrange décharge en cercle, enjambant les objets, seulement et uniquement attiré par l'instrument de musique.

Il posa la pomme sur le haut du piano et effleura les touches.

Elles ne firent aucun bruit, comme muettes. Ce piano était donc cassé. Il paraissait si ancien et pourtant il semblait si important.

Lentement alors il se retourna observant l'étrange scène dans laquelle il se trouvait. Pourquoi autant d'objets étaient-ils rassemblés au même endroit ?

Il ne savait pas d'où venait la lumière car les ténèbres englobaient l'environnement.

Il s'approcha curieusement de cet amas d'objet, avec une envie étonnante d'y mettre de l'ordre. Il regarda étrangement le premier objet sur lequel il tomba.

S'accroupissant devant il effleura du bout des doigts la douceur des pétales de fleurs, moins d'une dizaine d'un rose pâle presque blancs, posées les unes sur les autres.

Il se releva de sa position et contempla étrangement le verre à pied en cristal rempli d'un liquide émeraude placé au-dessus d'une vieille cabine téléphonique cassée et éventrée.

Ses yeux continuèrent leur tracé, sautant d'un objet à l'autre comme s'il cherchait à comprendre le sens. Il y avait un tableau d'un paysage d'hiver en bleu et blanc, un verre à cocktail rempli de pilules orange et jaunes, une collection de papillons morts accrochés dans un cadre en bois, une cage de fer, des éclats de miroir, une peinture représentant un visage dont l'œil pleurait des couleurs, un arc et des flèches, une statue de marbre d'une mère et d'un enfant, un morceau de papier représentant l'envol d'un oiseau, enfin des ailes noires étaient couchées sur le sol.

Le ManoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant