Le Manoir

Chapitre 3

Jimin avait fixé avec intérêt les boutons de l'ascenseur, le cadran indiquant qu'il descendait au sous-sol. Un peu nerveusement, il avait marché, suivi des trois autres, jusqu'à la voiture de luxe.

Il ne se rendait pas compte, pas encore.

Mais l'autre, lui, s'enthousiasmait d'avance.

Le trajet fut atrocement long et Jimin ne cessait d'agiter furieusement sa jambe, trop nerveux pour réussir à la contrôler. Namjoon conduisait la même voiture avec laquelle ils étaient arrivés. L'ancien majordome n'avait pas fait attention à l'aller, dans l'état ou il se trouvait, mais il s'agissait d'une Chevrolet de collection.

Mais surtout, il n'y croyait pas. Il était enfin autorisé à revenir.

Combien de temps cela faisait-il ?

Depuis combien de temps était-il parti ?

Cela lui paraissait trop beau pour être vrai. Il craignait presque que ce soit un piège.

Dans le fond, il s'était presque résolu à rester au Palace pour toujours.

Mais au bout d'une heure, le Manoir finit par apparaître dans l'obscurité, une obscurité bien étrange d'ailleurs.

Jimin avait l'impression que sa perception des couleurs avait changée. Comme si tout d'un coup les ombres et les lumières n'étaient plus à la bonne place.

Le Manoir se tenait là, aussi beau et majestueux que la première fois qu'il l'avait vu.

Aussi mystique et intriguant que lors de sa première arrivée.

Tant de choses avait changé depuis, que cela faisait comme si une éternité s'était écoulée.

Étrangement, la vue de la bâtisse lui donna du baume au cœur et il se mit doucement à sourire.

Son cœur se mit à battre d'un sentiment familier, de joie.

Il était rentré à la maison.

Enfin c'était presque tout comme.

Il n'avait pas vécu, à proprement parler dans cet endroit mais il y avait plus dormi qu'il ne voulait bien l'avouer.

Son cerveau avait remis en route ses souvenirs et il se rappelait avec nostalgie, de sa rencontre avec les maîtres, de sa peur, de la disparition de Seungha, de ses premiers jours en tant que majordome et de son intérêt pour Yoongi.

Yoongi.

Il était partout dans ses pensées, dans ses souvenirs.

Et pourtant, le nouveau vampire avait l'impression que de la même manière qu'il voyait la vie de gens défiler dès qu'il les mordait, les souvenirs de Park Jimin n'étaient ceux que d'une autre victime.

Ce n'était plus les siens.

C'était comme les souvenirs de quelqu'un d'autre.

Quelque chose lui serra le cœur douloureusement et il relâcha son souffle.

Le bruit des pas sur les graviers le fit grimacer, le sortant de ses pensées et un peu à reculons, il grimpa le double escalier jusqu'à la porte d'entrée.

Dès qu'il passa le seuil il fut accueilli par de multiples odeurs, légères, des effluves comme si chaque objet, chaque recoin du château abritaient une senteur particulière.

Le nouveau vampire estima qu'il s'agissait peut-être des domestiques qui allaient et venaient dans le Manoir la journée.

Mais parmi toutes ces odeurs ressurgissait une fragrance plus importante, celle qu'il avait sentie dès son réveil.