Le Manoir

Prologue

Le jeune homme brun, d'une vingtaine d'années, bougeait furieusement sa jambe droite sans pouvoir la contrôler, cette dernière s'agitant par soubresauts ininterrompus.

Assis sur une chaise inconfortable devant une table d'un gris glacial, les bras croisés fermement sur sa poitrine, il attendait depuis déjà bien trop longtemps. La salle était vide, les murs dénudés et il régnait un silence mortuaire sous une légère odeur de javel. Quatre murs, sans fenêtres, une table, deux chaises, une lampe au plafond, une porte.

Rien ne bougeait, tout paraissait froid, immobile et affreusement angoissant.

Il se sentait étouffé dans cette inconfortable cage de béton et d'acier.

L'angoisse et le stress avaient atteint leur paroxysme et son souffle était irrégulier. Il tournait sans cesse la tête en direction de la porte, impatient et effrayé à l'idée que celle-ci ne s'ouvre.

Le temps était suspendu, il se demandait depuis combien de temps il était là. Dix minutes, une heure, une éternité peut-être. La seule chose qui s'agitait, c'était lui et lui seul. Son corps entier, son cœur, ses poumons, rythmés par les tremblements de ses jambes qui produisaient un bruit de fond presque cacophonique dans ce silence bétonné.

La porte finit par s'ouvrir brusquement, le faisant sursauter, et un homme d'une cinquantaine d'années avec de grosses lunettes entra sans vraiment lui jeter un regard. Il portait une sacoche à la main et une pile de dossiers sous le bras qu'il posa abruptement sur la table. Il tira le fauteuil attenant qui racla contre le sol de béton dans un bruit désagréable.

L'homme défit sa veste qu'il laissa pendre au dossier et, toujours sans vraiment le regarder, il prononça :

- Alors, à nous deux Monsieur...

Il vérifia son nom sur l'un des dossiers en prenant place sur l'assise en cuir.

- Park Jimin, termina-t-il.

La jambe du dénommé reprit ses soubresauts hyperactifs et le jeune homme déglutit difficilement.

- Bon...

Jimin trouva que commencer leur entretien par une telle phrase était une mauvaise chose. Comme si cela voulait signifier que la partie était déjà perdue. À cette pensée, l'angoisse lui enserra le ventre furieusement.

- Monsieur Park, je ne vais pas y aller par quatre chemins...

L'homme aux lunettes se passa une main fatiguée sur son front, faisant bouger ses longues mèches désordonnées sur son visage, avant de se caler davantage sur la chaise inconfortable. Leurs regards, se croisèrent, enfin.

- Votre jugement aura lieu d'ici vendredi. Vu le dossier adverse, l'avocat qu'ils ont pris, sans oublier les charges retenues contre vous, vous avez toutes les chances d'être inculpé.

Jimin accrocha furieusement ses genoux pour s'empêcher de trembler davantage, quelque chose en lui s'agitait de douleur, de déception et de colère.

- Quand le jugement sera rendu, l'adversaire demandera également des frais de dommages et intérêts s'élevant à plus de 400 millions de wons.

- Quoi ?

Jimin s'était levé au même moment où il avait crié, sa chaise avait raclé de quelques centimètres le béton, produisant un bruit grinçant mais l'avocat en face de lui, lui fit signe de se rasseoir avec lassitude.

- Vu les circonstances, ce n'est pas étonnant.

- Je n'ai pas les moyens de...

- Écoutez.