Chapitre 1

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Arc I



- Debout !

Jimin ouvrit subitement les yeux puis les referma, gêné par la luminosité extérieure. Il papillonna des paupières quelques secondes, avant de se relever de la position inconfortable dans laquelle il était. Le bord de la fenêtre de la voiture, sur laquelle il s'était endormi, avait marqué sa joue et il s'étira douloureusement.

- Debout, j'ai dit ! épéta la voix avec autorité.

Il sursauta et sortit maladroitement de la voiture. Le conducteur qui l'accompagnait, un gardien de prison grand comme une armoire à glace et à la mine patibulaire, fit le tour du véhicule et vint lui retirer les menottes qu'il portait aux poignets et aux pieds.

Jimin, quant à lui, parcourait du regard tout ce qui l'entourait. Il s'était endormi dès le début du trajet ; à présent il clignait des yeux pour enregistrer ce nouveau paysage qui s'étalait devant ses yeux.

Ils étaient arrivés devant un gigantesque portail de fer, aux allures impressionnantes, dont les pointes étaient recouvertes d'or. Derrière les grilles, une allée s'enfonçait dans une forêt sans fin.

- On est arrivés ?

- Ouais.

Libéré de ses entraves, le jeune homme se massa douloureusement les poignets et fixa de plus près le portail. Il avait passé la semaine qui avait suivi son rendez-vous avec l'avocat Kwon à se questionner, à regretter et culpabiliser d'avoir accepté une telle alternative, et ce jusqu'à ce qu'on le prévienne de sa date de sortie. La nuit dernière, trop nerveux, il n'avait pas réussi à fermer l'œil.

Il ne savait rien de ce qui allait se passer aujourd'hui, personne n'avait vu l'utilité de l'en informer.

Pire, lorsqu'il avait essayé d'interroger le gardien dans la voiture, Jimin avait eu un doute. Si on ne lui avait rien dit, ce n'était peut-être pas par manque de rigueur, mais tout simplement par manque d'informations.

Comme si personne ne savait de quoi il en retournait.

- Et après, on fait quoi ?

- Moi je repars, cracha le gardien, ma mission c'est de te laisser là. On n'a pas le droit de rentrer dans la propriété. Je me retape juste un Séoul-Busan pour ta belle gueule, Park.

-Séoul ? On est à Séoul ?

Le gardien grogna une réponse et s'apprêta à rentrer de nouveau dans la voiture.

- Mais, s'inquiéta Jimin, et moi, je fais quoi ?

- Toi, t'attends là, ils savent que t'es arrivé, ils vont venir te chercher... Enfin, je suppose.

Il désignait par-là, la caméra près du portail qui était dirigée dans leur direction.

Sommairement le gardien le flanqua là, reprit la voiture, démarra en trombe et disparut au bout de la route.

Jimin lâcha un soupir bruyant et reporta son regard sur le portail de fer forgé. Autour, il n'y avait rien, si ce n'est de longs murs qui devaient délimiter une propriété immense et de l'autre côté de la route, des champs et des montagnes s'étalaient à perte de vue.

Cet endroit semblait isolé, au milieu de nulle part.

Était-il proche de Séoul ? Vraiment ?

Jimin se sentit pris d'une excitation qu'il connaissait trop bien, celle de s'échapper, là maintenant, de courir, de s'en aller, de prendre sa liberté ; mais un grésillement le fit sursauter fortement et la grille du portail bascula.

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