Le Manoir

Chapitre 1

Arc II

Park Jimin ouvrit les yeux brusquement, il eut le temps d'apercevoir le plafond d'un lit à baldaquin en chêne massif avant que la lumière ne le gêne. Il referma subitement les paupières, déboussolé.

Son corps lui faisait mal et il avait l'impression de sortir d'une longue maladie, d'un affreux cauchemar, d'un sommeil qui aurait duré une éternité.

Mais le pire, dans ce réveil soudain, était l'air qu'il respirait, chargé d'odeurs que son cerveau peinait à analyser, comme saturé.

Il y avait aussi une sensation étrange au bout des doigts comme s'il ressentait chaque fil qui avait cousu les draps.

Il avait l'impression démesurée que tout son environnement était devenu étrange, anormal.

Il rouvrit les yeux à nouveau, encore gêné par le peu de lumière qui filtrait à travers les rideaux et se releva dans le lit, la sensation de son corps le faisant tanguer.

Il ne savait plus le poids qu'il faisait, ni la taille qu'il mesurait. Perturbé, il regarda ses mains, examinant les plis et les formes de ses doigts comme quelque chose de connu.

De réel.

Mais tout lui paraissait encore différent.

Mais surtout il avait faim. Un terrible appétit qui lui sciait les entrailles.

Il voulut quitter les couvertures mais son mouvement parti vite, trop vite et il cligna des yeux, un peu surpris de voir les couvertures s'arracher et se projeter à l'autre bout de la pièce.

Il tenta de mettre un pied au sol mais s'accrocha au matelas en trébuchant.

Jimin se sentait comme handicapé. Comme s'il avait perdu toute motricité, toutes connaissances de son corps.

Debout, le monde lui parut insupportable, angoissant, étouffant.

Fou.

Faire un pas lui arracha un cri à la fois de surprise mais aussi de peur car son corps parti s'encastrer contre la table de chevet qui éclata en morceaux.

Il tenta de se relever en se tenant au lit mais cette fois-ci ce fut le pilier du lit à baldaquin qui s'arracha.

Vacillant, il tenta de marcher comme si son corps ne parvenait plus à le faire, l'air était toujours aussi saturé dans ses narines, le brûlant presque et sa vision lui renvoyait des images aux détails dérangeants.

La pièce entière était dans la pénombre mais les rares filets de lumières lui brûlaient la rétine comme s'il avait regardé le soleil pendant trop longtemps. L'endroit était peu coloré, seulement de gris et de blanc mais les rares taches de couleurs lui faisaient mal aux yeux.

Confus, il sentait la panique monter, aggravant sa faim démesurée. Il était comme incapable de gérer ce corps, tel un pantin.

Soudain il entendit, de manière bien trop anormale et assourdissante, la porte s'ouvrir et quelqu'un rentrer.

-Jimin.

Il releva la tête, manquant de partir en arrière comme si ce simple mouvement avait été d'une violence inouïe.

Il aperçut le visage de Taehyung mi- souriant, mi- inquiet.

Il tenta de parler mais n'y parvint pas tout de suite. Déboussolé, il s'accrocha d'une main à l'avant-bras que l'autre avait tendu devant lui.

-Calme-toi, intima Taehyung en l'aidant à se rasseoir. Tout va bien.

Il ne semblait même plus savoir comment reculer, comment respirer, comment parler.