Chapitre VIII - Assassin

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La journée avait été longue. Longue, grise et pluvieuse. Il s'était réveillé à sept heures douze précises, et il n'avait pas pu fermer les yeux depuis. Il était rempli d'angoisse depuis lors : elle n'était toujours pas arrivée ! Et si elle avait déjoué son plan ?... non. Impossible. Il avait tout prévu dans les moindres détails. Elle allait tomber dans son piège. Ou plutôt... elle devait tomber dans son piège. Le boss n'accepterai pas d'échec. Il n'acceptait jamais les échecs.

Drinn en avait été témoin à ses dépends, lorsque Brad, son frère, ainsi que lui-même étaient entrés à son service. Ils avaient commencé par de petits boulots simples, c'était de l'ordre du cambriolage. Seulement, un jour, le boss leur avait demandé de tuer. De sang-froid. Une jeune femme enchaînée et sans défense, de surcroît. Elle était terrorisée. Ses yeux s'ouvraient tant qu'on les aurait cru prêts à sortir de leur orbite, et sa bouche était déformée en un rictus d'effroi total.

Brad avait refusé (« comment aurait-il pu ? »). Le boss, lui, avait eu moins de scrupules : il avait enfermé son frère dans la cellule avoisinante à celle de la jeune femme tétanisée. Pauvre Brad ! Tous les jours, il lui rendait visite dans le petit cachot qui lui servit de tombe : il refusa, encore et encore, de tuer sa codétenue, et mourut, autant de froid que de fatigue et de faim.

Drinn, lui, au lieu d'être effrayé et de prendre la fuite, en avait été endurci. Il avait tué la femme, il l'avait fait ! Du même coup, il était devenu un homme de main du boss. Il n'en ressentait pourtant aucune fierté. Peut-être même du dégoût... Toujours était-il que le boss l'avait envoyé dans cette maison aussi grande et vieille que les arbres de la forêt avoisinante.

Drinn attendait depuis plusieurs jours déjà la venue de cette femme dont il ne connaissait rien. (« tu la reconnaîtras au premier regard...il est bien gentil, le boss ! »). Il perçut alors un grincement, puis un bruit sourd retentit dans toute la demeure de pierre. Il mit un temps avant de réaliser de quoi il s'agissait. (« le loquet ! »). Il descendit alors les marches quatre à quatre et se rua vers la porte. Lorsqu'il réalisa qu'il était ridiculement essoufflé et suspect, il s'arrêta un instant pour récupérer un peu.

Il tira alors la poignée vers lui et fut déçu de se trouver nez à nez avec un homme. Dodu et plutôt pataud au premier abord, il se présenta comme étant l'homme à tout faire du prêtre qui vivait ici, du moins jusqu'à ce que Drinn ne l'enferme. Le drôle de personnage regarda alors derrière lui, comm évaluant ses chances de fuir. Il le compris de lui-même : elles étaient minimes. Drinn était bien plus grand, jeune et costaud que lui, il n'aurait aucun mal à le rattraper. Cependant, cet homme présentait un véritable problème pour le mage : il pouvait à tout instant hurler au loup et alerter ainsi la population de Grimard ou seulement quelques voisins que quelque chose de louche se tramait. Cela, il ne pouvait pas se le permettre, aussi ne prit-il aucun risque et, marmonnant quelque incantation, ensorcela le pauvre homme.

C'était un sort de possession d'esprit, rien de bien méchant mais très efficace : Drinn contrôlait à présent les moindres faits et gestes du majordome. Et ce n'était pas plus mal ainsi... Il pourrait l'utiliser plus tard, pour mener à bien sa mission. En quoi ? Il ne le savait pas. Pas encore, du moins...

Après avoir envoyé l'homme à tout faire du prêtre dans une des nombreuses chambres de la vieille bicoque, Drinn s'installa dans un fauteuil, alluma un feu et patienta. Il observait la pièce dans laquelle il se trouvait, comme pour prendre ses repères. Il fallait qu'il ne montre aucune hésitation. De grandes fenêtres faisaient face à la porte et laissaient entrer dans la pièce une lumière confortable, bien qu'assez faible étant donné le temps peu clément qui enveloppait Grimard. Devant lui trônait une cheminée, encadrée de tableaux et de têtes d'animaux en tous genres.

Fils de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant