Elle émergea enfin. Ses poumons étaient en feu, ses yeux rouges et sa tête tournait. Elle devait y retourner, pourtant, et vite. Aussi, sans se poser de question, replongea-t-elle après une brève inspiration.
Elle se figea un instant devant le terrible spectacle qui se dressait face à elle. Tout Grimard était maintenant submergé, et l'horreur la frappa du même coup : comme retrouver un noyé dans ce foutoir ? Tout ce qui n'était pas fermement ancré dans le sol -et encore, certaines maisons s'étaient déracinées- flottait à présent, et se mouvait en tous sens. Aucun courant ne prédominait, si bien que la trajectoire des projectiles était aussi imprévisible que l'emplacement du jeune homme en ce moment même.
Nowi eut alors une pensée ironique pour l'église dans laquelle elle se trouvait quelques jours plus tôt. Celle-ci lui avait alors parut en très mauvais état, pourtant elle aurait maintenant tout donné pour pouvoir se retrouver là-bas. Son délabrement n'était rien, en comparaison avec ce qui se trouvait alors sous ses yeux.
Elle tourna la tête, à droite, à gauche, mais rien, aucune trace du mystérieux assassin. Une armoire se rua alors sur elle, et la jeune femme l'évita d'une brasse habile. Elle ne devait pas traîner trop longtemps. Elle regarda alors au dessus d'elle, vers la surface qui s'éloignait peu à peu. (« Dans quel merdier je me suis encore fourrée... ? »). Un peu grossière, Nowi. Ca l'aidait à garder la tête froide, même si elle aurait plus eu besoin de chaleur que d'autre chose tant l'eau lui piquait la peau.
Après un dernier regard désolé vers la ville sous-marine, vers ses maisons noyées, ses habitants éparpillés et ses ruelles dévastées, Nowi se décida à descendre plus profondément. Elle atteignit finalement les toits des maisons les plus hautes, et pénétra dans l'une d'elles. Il fallait faire vite : le souffle commençait déjà à lui manquer.
Elle se déplaça gracieusement dans l'étrange demeure dans laquelle elle s'était introduite. La décoration, ici aussi, laissait à désirer, et les meubles, bien que la plupart semblait manquer, n'étaient visiblement plus tout jeunes depuis bien longtemps. Comme si c'était le moment de penser à cela... Nowi secoua la tête et trouva du même coup ce qu'elle cherchait. Enfin, plus ou moins, mais cette corde ferait l'affaire. Maintenant, il lui fallait de l'air, et vite.
Ne pas paniquer est l'une des règles les plus importantes dans ce genre de situation, mais peu de personnes se sont déjà trouvées dans une maison entièrement inondée, entourée d'une rue entièrement inondée, le tout reposant dans un ville entièrement inondée. Nowi ne paniquait pas, pourtant, elle cherchait activement. Mais l'air se faisait de plus en plus rare dans ses poumons, et ses yeux se voilaient du même coup. Il faisait froid...si froid... Après tout, elle n'était peut-être pas apte à remplir cette mission. Elle allait mourir là, sous l'eau, où personne ne la retrouverait jamais. Nowi contemplait rageusement les bulles sortir de sa bouche et remonter si facilement vers la surface. Son sang ne fit qu'un tour : mourir ? ICI ? C'était mal la connaître.
Elle remarqua alors une porte barricadée, juste derrière elle. La jeune femme brandit sa faux -elle était fixée dans son dos par une cordelette- et frappa de toutes ses forces. Bien maigres, ses forces, surtout atténuées par l'eau. Elle dut s'y prendre à plusieurs reprises, et l'air se vidait du même coup... La rage qui l'animait, plus brûlante que le liquide était froid, lui donna pourtant la force nécessaire pour enfoncer cette porte à l'aide de son arme fétiche.
Bingo : elle avait trouvé ce qu'elle recherchait : la pièce était si bien verrouillée que l'eau ne l'avait pas entièrement inondée ! Nowi n'avait jamais été aussi heureuse de respirer, mais sa joie fut de courte durée : l'endroit dans lequel elle se trouvait n'était qu'un petit placard à balais, et il se remplissait si rapidement que la Traqueuse reprit son souffle aussitôt et re-plongea, pleine d'un air frais et nouveau.
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Fils de l'Ombre
FantasiHistoire remise à neuf et actuellement en cours d'écriture sur le site Plume d'Argent