[TOME 4]L'Amour du Temps

5

ANNABELLA

- Je ne sais pas comment leur dire, déclarai-je en me séchant les cheveux à l'aide d'une serviette.

- De quoi ? demanda Luke. Au fait, tu ne peux pas... Tout simplement les sécher, tes cheveux ? Je veux dire, avec de la magie ?

- Bien sûr que je peux le faire, répondis-je en levant les yeux au ciel. Mais ce n'est pas aussi agréable. Et je parlais des gosses. Comment je leur annonce que l'un de leurs parents est un dieu olympien? Et pour deux d'entre eux, c'est un Titan !

- Tu te rappelles de comment tu l'as pris ? sourit-t-il.

- Je n'y croyais pas, ris-je. J'étais convaincue d'halluciner.

- Ils ne peuvent pas être pire que toi, conclut-il avec un rire. Tu voulais nous emmener à l'asile, Grover et moi.

- C'était totalement légitime ! me défendis-je. Et puis, ça ne s'est pas si mal fini.

- Tu t'en es pas si mal sortie, rétorqua-t-il. Moi, j'ai une grosse cicatrice sur le bras, à cause de ces saletés de drakôn.

- Tu as pire comme cicatrice, glissai-je. Luke... Toutes mes cicatrices, je les garde comme des trophées. Mais celle que tu as sur la joue... (J'ai passé le doigt dessus.) Je sais qu'elle te rappelle de mauvais souvenirs, et... Est-ce que tu veux que je la fasse disparaître ?

Sa main s'est aussitôt posée sur ma main, et il l'a doucement retirée de son visage. Il a gardé ma main dans les siennes.

- J'y réfléchirai. Mais elle est aussi une sorte de pense-bête. Elle me rappelle le prix de mes erreurs, et que je ne dois plus les refaire.

- Sage décision, dis-je précipitamment en retirant ma main des siennes.

J'avais parlé avec une voix plus aiguë qu'à l'habitude, mais il n'y avait aucun signe que Luke l'ait remarqué. Au contraire, il m'a souri franchement, mais je ne pouvais pas m'empêcher que c'était précisément ce que Cronos aurait dit et fait... Je me suis rendue compte que même après la nuit que j'avais passé, je ne pouvais pas faire confiance à Luke. Parce que si Cronos était encore quelque part... Si il était encore là, je venais de lui confier mes doutes et mes peurs.

- Bon, eh bien, allons-y, déclarai-je. La Suprême doit être présente, et je suis sûre que je vais devoir la chasser du trône... Donc, allons chercher les petits, et faisons ce que nous avons à faire.

- Oui, sourit-il. On risque d'avoir une longue journée devant nous.

- Il n'y aura que de longues journées, soupirai-je. On est mal partis. Si Erika a lâché le projet GCECM, les garous sont devenus plus intelligents, organisés, et sont capables d'entretenir des conversations autrement qu'en grognant. Et, à ce qu'on m'a dit, Susan s'est rendu sur leur île, et étant donné qu'ils ne l'ont ni déchiquetée, ni lacérée, ni dévorée, je dois être capable de faire la même chose, non ? 

- Il faudra que tu m'apprennes l'histoire, la géographie et le système de cette planète, déclara Luke. Sérieusement, je ne suis pas sûr de comprendre.

- Il faudra aussi que je te rappelle comment danser, songeai-je. Avec le bal qui arrive... Enfin, allons chasser une imposteur de mon trône.

Erika était bel et bien assise sur mon trône. J'avais fait une entrée bruyante dans la salle, puisque les portes ont frappé les murs en s'ouvrant. Ce n'était absolument pas prévu, mais ça avait eu son effet. J'étais allée chercher les sang-mêlés, et ai fait apparaître une table pour eux tout en continuant mon chemin. Sur Vaïyon, mes pouvoirs me semblaient illimités, mais je devais me rappeler que ceux d'Erika l'étaient aussi.