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- Ecoute, soupira-t-elle. Tu ne seras pas d'accord avec tout ce que je vais dire, mais ne m'interromps pas, s'il-te-plaît. Est-ce que tu peux enregistrer la vidéo ?

-Je suis toujours en train d'enregistrer, déclarai-je.

- Ça ne m'étonne pas de toi...

Je plissai les yeux en comprenant ce qu'elle voulait dire par là. 

- Est-ce que tu insinues que je suis paranoïaque, Susan ?

- Oui ! s'exclama-t-elle en levant les bras d'une manière plutôt expressive. Tu es au-dessus de la paranoïa, même. 

- Et toi, tu évites le sujet, lâchai-je. Viens en au fait, Susan.

- Je veux que tu me tues.

J'en suis restée bouche bée. Je rêvais de la tuer, bien sûr, après ce qu'elle avait fait à mon pauvre enfant, mais je n'avais jamais pensé qu'elle me le demanderait d'elle-même. De plus, elle avait l'air tellement sérieuse, que je me suis surprise  considérer sérieusement sa proposition, avant de me ressaisir. 

- Qu'est-ce que tu as encore foutu ? soupirai-je. 

- Ecoute, tenta-t-elle. Tu auras ce que tu as toujours voulu, ta vengeance, et moi, je serai en dehors de tout ça. Ça nous arrangera toutes les deux, et voilà. Pourquoi est-ce qu'il aurait fallu que j'aie fait quelque chose ?

- Parce que, Susan ! m'exclamai-je. Tu ne peux pas te ramener, comme ça, et me demander de te tuer sans raison ! J'ai tué beaucoup de gens, je ne peux que l'admettre, mais j'avais à chaque fois mes raisons. Donne moi les tiennes.

Elle se laissa tomber en arrière dans son fauteuil et me regarda avec un air triste. Je ne l'avais plus vu aussi expressive depuis si longtemps...

- Je ne peux plus continuer comme ça, soupira-t-elle. Tu sais, je ne t'ai jamais vraiment détesté.

- Tu as une drôle de manière de le montrer, raillai-je. 

- Celui que je détestais, c'était Anaël. 

La surprise me gagna. Son discours devenait vraiment étrange.

- Qui était ton meilleur ami, autrefois, lui rappelai-je. 

- Je vais simplifier, soupira Susan. Je t'aimais, Annabella. 

Un frisson me parcourut. Ça, je ne m'y attendait pas. J'avais toujours cru au fond de moi, que Susan avait été jalouse de moi parce que j'étais avec Anaël. Là, elle m'annonçait l'inverse, que c'était moi qu'elle aimait autrefois et peut-être encore. 

- Je sais que c'est trop tard pour moi, ajouta-t-elle. Je t'ai vue avec Luke, et...

- Luke n'a rien à voir là-dedans, coupai-je. Tu sais que tu me rends les choses encore pus difficiles ?

Elle sourit et secoua la tête.

- Tu ne ferais pas ça pour aider... une vieille amie ?

- Amies, dis-je. On ne l'a pas été longtemps. Et je ne sais pas si tu peux tenir ce rôle après tout ce que tu as fait.

- On aurait pu l'être, murmura la démone. J'ai fait des erreurs, sous le coup de la colère, je l'admets.  Mais nous nous éloignons du sujet. Il paraît que tu vas combattre pendant les jeux. 

- Comment tu sais ça ? m'exclamai-je. 

- J'ai mes oreilles partout, continua-t-elle. Et je voudrais que tu me tues là-bas. 

- Que je me donne en spectacle, soupirai-je. 

Je n'en avais pas du tout envie.

- S'il te plait, dit-elle. Je t'en prie, Annabella. Les gens verraient ta supériorité, et ça te donnera encore plus de pouvoir sur eux. Tu deviendras celle qui ose tuer ses ennemis. Et surtout, le sang de ton fils sera lavé par le mien. 

- OK, lâchai-je avec colère. Je le ferai. 

Elle eut un sourire qui me fit immédiatement regretter ma décision.

- Très bien ! Je vais devoir y aller, je suis très occupée, on se revoit là-bas.

Elle coupa la communication, et je réfléchit au plan qui n'en était pas vraiment un. Il se formait dans mon esprit, mais j'avais l'impression qu'elle cachait un détail. Qu'elle avait une dernière carte à abattre sur la table avant que je ne l'achève. 


[TOME 4]L'Amour du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant