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ANNABELLA

- Tu pourrais au moins m'expliquer !

Luke m'a retenue par le poignet et j'ai fait un geste très brusque pour me dégager. Il a du se reculer pour ne pas se prendre ma main en plein visage.

- Je vais régler toutes mes affaires ici, et... Peut-être que je vais retourner à la colonie. Ou peut-être que je vais vous laisser gérer ça seuls, pour une fois. Tu pourras prouver ta loyauté envers ton camp, hein, Luke ? Pour le moment, on ne sait pas très bien où tu en es.

Je suis partie sans me retourner, l'esprit embrouillé, le cœur en vrac et les paumes moites.

- Tu ne sais pas où tu en es, tu veux dire, lança-t-il à mon dos.

Je me suis réfugiée dans mon bureau, depuis lequel j'ai commencé à organiser les préparatifs du bal qui arrivait bien malheureusement à grand pas.

- Excuse-moi ? demanda Teresa en toquant à la porte.

- Tu es excusée, déclarai-je en faisant passer une image d'un écran à l'autre.

- J'ai croisé ton ami Léo dans les couloirs, et il m'a rapidement expliqué...

- Que j'ai fait une crise de nerfs ? complétai-je. Je suis au courant.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire.

- Crois-moi que si.

J'ai levé les yeux vers elle. Toutes les émotions que je voyais dans ses yeux, la pitié et la compassion, me donnaient la nausée. Je n'en avais pas besoin.

- Annabella. Tu peux me parler, tu sais ?

- J'ai du travail, dis-je pour couper court à la discussion.

- Dont tu n'as pas besoin de t'occuper, rappela mon amie. Et surtout pas maintenant. Explique.

J'ai posé mes stylos, et essuyé mes mains sur le devant de ma robe. Je la détestais, mais elle me donnait l'air distingué et assuré, alors je continuais de la porter malgré tout.

- Luke était mort, dis-je. Et je suis allée aux Enfers pour demander un service à Hadès.

- Et quelle est la contrepartie ? demanda Teresa.

- Aucune.

- Il y en a toujours une, c'est même toi qui me l'avait enseigné. C'était quoi, que tu ne puisses plus jamais aimer Luke ?

- Pas de contrepartie, répétai-je. Aucune. J'ai aidé l'Olympe tellement de fois, qu'il a décidé qu'il pouvait bien m'accorder ça. Et bien sûr, il y avait Perséphone, qui était très émue par le discours que j'avais prononcé. Alors, il m'a conduite à une entrée du Tartare, qui se trouve juste derrière son palais. Et j'ai sauté sans hésiter. Mais c'est pire que tout ce que j'avais imaginé. Percy et Annabeth y étaient, et ils sont revenus dans un état horrible. Mais je m'étais dit que s'ils l'avaient fait, pourquoi pas moi ? J'ai du apprendre à repousser mon père, même quand il me faisait faire des rêves... Envoûtants. J'avais envie de le croire, mais je ne l'ai jamais fait. J'ai traversé seule l'abîme de toutes souffrances pour le retrouver. Et Luke était là, dans le cocon qu'avaient créé les dieux pour le protéger. Parce qu'ils lui devaient bien ça. Quand j'ai sorti Luke, et que j'ai vu qu'il avait cet œil doré, je me suis dit que j'avais ramené Cronos, alors je l'ai lâchement abandonné, comme je fais toujours. Je l'ai laissé à la colonie et j'ai fui. Et parfois, je me sens coupable. Souvent, je pense que j'ai fait le bon choix et que j'aurais même du aller plus loin et m'écarter de toutes ces histoires de sang-mêlés.

- Est-ce que tu l'aimes ? demanda-t-elle d'une voix douce.

Je me suis levée pour m'installer contre ses jambes, la tête sur ses genoux. Elle m'a doucement caressé les cheveux, m'incitant à continuer.

[TOME 4]L'Amour du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant