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ANNABELLA

La soirée fut clairement très productive dans mon sens. Après avoir échangé de partenaire de danse, je me suis retrouvée dans les bras d'un ange. Littéralement, puisqu'il s'agissait de Denys.

- Ton père approuve, que tu sois en train de danser avec... Comment ils nous appelle, déjà ? Oui, une impureté ?

- Je vais me faire savonner après, mais il faut que je vous parle, et je ne trouverai certainement pas d'autre moment. Je veux que les choses changent pour les anges. Vous avez une idée de tous les anges que mon père a banni ? Grâce à vous, ils peuvent quitter les limbes, mais il leur est toujours interdit de revenir dans notre pays.

- Paroles très sages venant d'un être aussi jeune, commentai-je.

- Mon père doit quitter le trône, déclara-t-il. Mais il ne me laissera jamais la place de son plein gré.

- Que puis-je faire pour y changer quoi qu ce soit ? demandai-je.

- Je suis sûr que vous pouvez faire quelque chose.

Ses cheveux pâles retombaient sur son front diaphane. Il avait les yeux fiévreux, tant il était convaincu de ce qu'il disait.

- Si tu parles de le tuer... le prévins-je.

- Si c'est la seule solution, fit-il en se massant le front.

- La plus simple, sans doute. Il faudrait l'endormir pour que je puisse faire croire à un arrêt cardiaque. Si les Maîtres arrivaient à voir ses derniers souvenirs, il faudrait que je ne sois pas dessus... songeai-je.

- Qu'est-ce que vous proposez ? demanda l'ange.

- Est-ce qu'Achar boit quelque chose avant d'aller dormir ?

- Toujours un verre de vin, acquiesça Denys.

- Tu mettras ce que je te donnerais. C'est un léger somnifère. Vous passez la nuit à Stenyar, je crois ?

- Oui.

- Son dernier souvenir n'aura rien d'incriminant. Ce sera juste ses yeux qui se ferment. Je vous rejoindrai, le tuerai, et tu auras accès au trône.

- C'est le crime parfait, s'étonna Denys.

- Si personne ne me voit, oui. Mais comme je l'ai dit, le somnifère sera léger, de façon à ce qu'il n'y ait aucune trace dans le corps, donc il faudra faire le moins de bruit possible.

- Pourquoi ne pas m'expliquer comment le tuer sans laisser aucune trace ? demanda-t-il. Ce serait plus simple.

- Tuer quelqu'un, ce n'est pas rien. Es-tu sûr de vouloir te rendre complice de ce meurtre ? Et surtout, es-tu sûr de pouvoir le faire ? C'est le genre d'acte qui change totalement et irrémédiablement une personne.

- Si c'est pour le bien des anges...

- Tuer quelqu'un, ce n'est pas rien, répétai-je. C'est une décision qui ne se prend pas à la légère, lors d'une soirée peut-être trop arrosée. Tuer brise une âme. J'ai déjà enlevé tellement d'âmes qu'une de plus ne pèsera pas grand-chose sur la balance. Je préfère le faire moi-même. Prends le flacon que je viens de glisser dans ta poche, et verse-le dans son vin. Il ne se rendra compte de rien.

- Merci beaucoup, dame Davis.

- Je ne dirai pas que c'était un plaisir, de peur de passer pour une psychopathe sans cœur.

Nous nous sommes séparés avec une révérence, et j'ai tenté de rejoindre mon trône en me frayant un passage parmi les danseurs. J'ai même aperçu Léo et Calypso qui dansait une salsa effrénée, en bousculant de nombreux couples qui les regardait d'un mauvais œil. Il me semblait leur avoir précisé de ne pas venir, mais quand Léo avait une idée derrière la tête...

[TOME 4]L'Amour du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant