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ANNABELLA

Je me suis lentement retournée.

- Maman, lâchai-je. Un plaisir comme toujours.

- Tu sais ce que c'est le vrai plaisir ? m'engueula-t-elle. C'est d'apprendre que ma fille était de retour, et que sa mère n'était pas assez importante pour qu'elle vienne la voir ! J'ai eu la chance de croiser ton ami, j'ai d'abord cru que c'était Anaël et que tu recommençais tes conneries en ramenant des gens n'importe comment, mais...

- Tu es au courant que c'était toi que j'avais ramené d'entre les morts ? coupai-je. Et, mon "ami", comme tu le dis si bien, a bien été sorti du... Des Enfers, oui. Je recommence mes "conneries". Tu sais pourquoi je ne viens pas te voir, maman ? Ne m'interromps pas ! C'est parce que tu rejettes toujours la faute sur moi, et tu as toujours des reproches à me faire ! Tu ne peux pas, au moins une fois dans ta vie, reconnaître que je fais bien les choses ? Reconnaître que j'ai eu raison, ou que tu es fière de moi ?

- Annabella...

- Non ! Non, non, non ! Tu n'es pas fière de moi. Parce que je n'ai jamais été comme mon père.

- Ça n'a rien à voir, soupira-t-elle.

- Avec toi, tout a à voir avec papa, fis-je. Tu n'as toujours juré que par lui. Tu te rappelles quand je t'ai ramenée ? Tu n'étais pas capable de croire qu'il était mauvais.

- J'ai changé d'avis, promit-elle. Et je suis fière de toi ! Ma fille est la personne la plus puissante sur toute cette planète. Elle a bien fait de quitter cette planète, elle ne lui apportait aucun bonheur. Elle a bien fait de revenir pour sauver des enfants, et sauver cette planète d'une sorte de dictatrice. Et c'est tant mieux si elle n'est plus avec Anaël, parce qu'il n'était vraiment pas pour toi.

- Pardon ? m'étonnai-je.

Je n'arrivais pas à croire qu'elle mette ça sur le tapis.

- C'est vrai ! se défendit-elle. C'était un jaloux maladif, et toi... Tu es toi.

- Je suis moi ? relevai-je avant de me reprendre. Écoute, ce n'est pas le moment. J'ai terminé mon entraînement, mais je dois reprendre le boulot. On... On en reparlera. Ou peut-être pas. J'espère ne pas te revoir honnêtement.

Je me suis dépêchée de partir. Je suis retournée dans mon bureau, et ai orchestrée tous les préparatifs restants du bal qui aurait lieu le soir-même. Je n'avais aucune envie d'y assister, mais apparemment, ma présence était indispensable.

J'ai mis un certain temps à me rendre compte que quelqu'un s'était introduit dans mon bureau.


LUKE

Annabella était très absorbée par tous les documents, et j'étais convaincu que si je me penchais par-dessus un d'entre eux, je ne serai pas capable d'y comprendre un seul mot. Je ne lui avais jamais connu cette facette femme d'affaires, mais je la savais très intelligente. Assurément, elle était faite pour tout ça, et en même temps, j'avais du mal à l'imaginer faire ça tous les jours.

J'ai pris le temps de l'observer. Elle avait les les cheveux relevés en queue de cheval pour ne pas que ça la dérange. Ses sourcils étaient légèrement froncés, et elle faisait la moue, comme si quelque chose ne lui plaisait pas dans ce qu'elle lisait attentivement. Ses lèvres fines étaient presque rouges, sans la moindre trace de maquillage.

Depuis ma mort, elle était encore plus tatouée. Étant donné qu'elle ne portait qu'un débardeur, je voyais le seul dont je me souvenais. Elle l'avait fait l'année où j'avais empoisonné l'arbre de Thalia. Mais il y avait aussi celui que je voyais sur son bras, et qui me troublait un peu : un sablier entouré de roses.

[TOME 4]L'Amour du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant