Ce n'est pas triste les vieilles écorces...

Chapitre 21

4 mois plus tôt - en Corse.

Cette nuit-là, le soleil venait juste de se coucher. L'air était agréable, pas tellement étonnant en cette soirée de juillet. La lune éclairait la vielle maison de la famille Carson. Seul le grand-père y logeait encore. Cette bicoque révélait bien son âge, le toit était partiellement détruit, les volets en bois, qui tenaient faiblement, menaçait de céder à tout moment et puis ils commençaient à moisir. La couleur du crépis n'était définitivement plus la même qu'à l'époque de la construction de la maison. Il s'était transformé en vieux jaune tirant de plus en plus vers du marron. Preuve une fois de plus de la détérioration omniprésente du lieu.

Mais pourtant, cela n'empêchait pas Raffael et Trystan de venir là-bas, chaque été. Pendant une vingtaine de jours, depuis des années ils parcouraient l'immense plantation d'Oliviers qui recouvrait deux hectares. les deux jeunes garçons s'amusaient à fabriquer toutes sortes d'objets et à aller embêter les jeunes filles du coin.

L'été dernier, Raff avait 15 ans, Trystan 17. Ils étaient venus une énième fois dans ce coin perdu du sud de la Corse. Ni l'un, ni l'autre ne savait que ça allait être le dernière fois qu'ils s'y rendaient tous les deux, vivants.

Depuis quelques mois Trystan n'était plus le même. Raff avait remarqué un étrange changement de comportement chez son ami, mais pas vraiment un comportement violent, plutôt une sorte de remise en question. Un espoir de progrès s'était-il dit.

Puis un soir, Raff avait prévu une soirée "pizza/ télé" comme les deux compère appelaient une soirée devant le peu de films ou d'émissions télévisées que pouvait capter la box de la vieille télé du grand-père Carson et d'un repas hyper sain. Pizza tex-mex pour Trystan et 4 fromages pour Raff, sans oublier la bière qui va avec. Ce dernier avait alors tout préparé et tout installé mais seul bémol : Trystan manquait à l'appel. Raff se mit alors à l'appeler dans toutes la propriété avant de pouvoir reconnaître une touffe blonde, se déplacer à travers l'immense champs.

Trystan s'était évadé sans bruit. Il était sortit de la maison et s'éloignait dangereusement de leur lieu favori. Raff partit donc rapidement à ses trousses, plus inquiet que jamais pour son meilleur ami. Quand il réussit à le rejoindre, Trystan marchait, décidé, d'un pas rapide. Puis il se stoppa net, quelques secondes après, Raff se plaça a ses cotés. Aucun des deux ne se regardaient.

Trystan lui dit seulement :

- Ah ! Tu es là ...

Et il lui prit par la main, s'adressant à Raff, son seul ami.

- Tu as eu tort. Tu auras de la peine. J'aurai l'air d'être complètement taré, mais ce ne sera pas vrai ...

Raff se taisait.

- Tu comprends. C'est trop loin. Je ne pourrais pas emporter ces corps-là. Ils seront trop lourds.

Raff se taisait.

- Mais ce sera comme des vieilles écorces abandonnées. Ce n'est pas tristes les vieilles écorces.

A l'époque, Raff n'avait pas cherché à comprendre ou voulait en venir Trystan. Il s'était dit que c'était encore une de ses crises de folie. Et si ? Et s'il y avait prêté une quelconque attention ? Et si Trystan était sérieux ? Et si ce n'était pas que des paroles en l'air ? Peut-être que Raff aurait pu l'éviter. Peut-être aurait-il pu sauver des dizaines de personnes de la mort. Peut-être aurait-il aussi pu sauver sa propre vie.

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Ce chapitre est celui que j'ai préférée écrire.

{Je vous poste ce chapitre depuis la Grèce 🇬🇷 et avec un jour de retard, désolée, mais j'ai des problèmes de wi-Fi } 

A jeudi.
Flora. ♡