Chapitre 2

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Point de vue de Camila

C'est le moment, ça fait déjà trois ans que Lauren est enfermée dans cette cage, sans voir le jour, sans être au courant des nouvelles du monde, sans ne jamais rien savoir. Heureusement que les visites sont autorisées, rarement, mais nous avons quand même la possibilité de la voir, même si ça ne dure jamais long. Je suis sur la route, je fonce sur l'autoroute déserte, c'est souvent comme ça la nuit, je suis seule, seuls quelques rares automobilistes ou une ambulance de temps à autres me tiennent compagnie lors de ces heures tardives. Je fixe la route, mes pensées dérivent toujours de mon objectif, je suis toujours déconcentrée, mais vite, très vite ma raison reprend le dessus de mes bifurcations. Je ne veux pas être comme mon père, je ne veux pas détruire une famille. Je veux être responsable et sécuritaire sur la route, pas d'alcool avant de conduire, ne pas prendre le volant si la fatigue domine. Je dois être en forme et concentrée, surtout de nuit.

Un panneau m'indiquant la prochaine sortie à prendre luit quand la lumière des phares le rencontre, j'allume mon clignotant par réflexe, un pur réflexe. Je me sens comme projeté dans mon ancienne vie, celle où tous les matins je versais mes céréales dans mon bol sans que jamais quelque chose ne vienne bouleverser mon quotidien. L'arrivée de Robin, mon demi-frère à tout changé. Je suis tombée amoureuse de Lauren, ma patronne, et maintenant, je suis partie la chercher. Elle ignore probablement que dans quelques heures elle sera sortie de prison, elle sera enfin libre. Et nous partirons. Adieu pays de merde, le Canada nous attend. La maison que Lauren voulait que je construise est finie, après de longs et lourds travaux. 

Karla est chez Robin et sa copine, Andréa, ils doivent sûrement être devant la télé, posés dans le canapé avec une pizza et un bon film d'action. Stop, je dois me concentrer sur la route. Je ne pense plus à rien avant d'arriver sur le parking de la prison. Arrêtée, je peux enfin souffler. Mon corps tremble, je fais quelques exercices de respiration puis je sors. J'ouvre le coffre et je vérifie que la mallette contenant l'argent qui va me servir à libérer Lauren est bien présent, ensuite je fais claquer mes talons sur le goudron, seule dans la nuit noire. 

- Vous n'avez pas peur seule ? Demande la voix d'un homme.

- Non puis-ce  que vous être là, c'est votre métier de protéger les visiteurs non ? Alors, non, je n'ai pas peur. Bonne nuit.

Les portes automatiques s'ouvrent sur mon passage laissant le policier fumer sa clope seul.

- Bonjour, me dit une policière en me voyant arriver.

Je lui réponds poliment avant de lui demander à voir son supérieur avec qui j'ai rendez-vous, je lui donne mon nom et cinq minutes plus tard j'étais assise sur une chaise dans un luxueux bureau se trouvant dans une prison. 

Un homme me surplombant d'au moins deux tête me fait face, il tient un verre d'alcool dans la main, il m'en propose mais je refuse sèchement. Depuis que Dinah a arrêté Lauren, depuis que ma meilleure amie m'a trahit, je me méfie de tout le monde. Je conçois que c'était son métier et qu'elle l'a accompli avec brio, seulement elle ne l'a fait que pour me détruire, si jamais nous ne nous étions pas disputées, je serais sûrement déjà au Canada, dans un lit, dans les bras de Lauren.

- Alors, qu'est-ce qu'il vous pousse à libérer la femme qui a tué votre père ? Pourquoi ne pas avoir porté plainte ? Votre demi-frère ne l'a pas fait lui non plus.

- Je ne veux pas porter plainte, à sa place j'aurais sûrement fait la même chose. J'aimais mon père mais c'était un connard, il a détruit la famille de Lauren et sa vie. Il est arrivé comme un boulet de canon dans la vie de mon frère et il m'a presque abandonnée. Je n'ai aucune raison de le défendre hormis les liens du sang.

- Hum, intéressant, mais je sais qu'il y a plus. Je le vois dans votre regard, vous mourrez d'envie de me sauter dessus de m'égorger.

- Je n'ai pas de pulsions meurtrières.

- Vous avez pourtant dis qu'à sa place vous auriez fait pareil.

- Je ne vais pas tarder à vraiment en avoir si vous continuez, lui lancé-je sèchement.

- Bon, très bien. Ouvrez-là, dit-il en désignant la valise du menton.

Je la tournais vers moi. CLIC. La valise maintenant ouverte, je la tourne vers lui, je sens l'avidité dans ses yeux, je pensais que l'argent allait directement à l'état mais à voir son regard, j'ai bien l'impression qu'il va en garder en max pour lui. Il relève ensuite la tête vers moi, le regard de nouveau normal.

- Le compte y est.

Il me tend la main que je lui serre. Il me tend ensuite des papiers que je lis attentivement afin d'être sûre de ne pas me faire avoir, Lauren attendra encore quelques minutes. Puis quand tout est réglé, on me descend au niveau des prisons. Il fait de plus en plus noir, ça sent la pisse et le renfermé ici, j'ai peur des conditions de vie de ces types. La plupart doivent sûrement être là pour de bonnes raisons, ils le méritent, mais pas Lauren. 

- C'est ici, me dit le monsieur avec qui j'ai fait affaire en désignant une porte en métal. 

Then You Say I'm Perfect (Paralized)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant