Chapitre V

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Media : "Here Today"- Beach Boys


« T'as pris de l'argent ? demande Jeanne en ouvrant le coffre de la Dodge pour y insérer un gros sac de sport gonflé d'habits.

-Ouais », Gaspar a répondu, il a enfilé un tee-shirt blanc Levis trop petit pour lui qu'il a rentré dans son jean déchiré. Pearl arrive à ses côtés, le garçon ouvre la portière arrière et frappe sur le flanc de l'animal. « Allez petite, entre » lance-t-il et la chienne, d'un saut habile, pénètre dans l'engin.

Auguste commence à déplier une carte entre ses mains : « Qui sera mon co-pilote ?

-Moi ! s'égosille Jeanne en s'asseyant sur le capot de la Dodge Charger qui se met à tanguer. Moi, moi, moi, moi moi !

-Descends de là, toi. Ca fait deux heures que je répare la voiture, je veux pas que tu la dommages encore.

-Roh, c'est bon. Je fais un mètre soixante et je pèse moins de cinquante-cinq kilos, y'a rien de mal, là.

-Petit diable, ricane Gaspar. Fais ce qu'Auguste te dit si tu ne veux pas l'énerver ».

Claudia se tient à l'écart, elle caresse nerveusement son bras. N'osant pas vraiment parler, elle se contente de rire aux remarques de ses nouveaux amis. Gaspar entre dans la voiture, s'assoit sur la banquette arrière, aux côtés de Pearl qui a la tête passée par la fenêtre ouverte et dont la langue pend entre ses lèvres noires et baveuses. Il frappe avec sa main le siège à ses côtés en regardant la jeune fille, tout sourire.

« Tu viens ? ». Claudia, d'un geste maladroit, pénètre dans la voiture et referme la portière derrière elle. Elle aperçoit alors à l'intérieur du garage son vélo jonché dans un coin.

« Heu...Je peux laisser mon vélo ici ?

-Ouais, lance Auguste qui s'assoit face au volant. Personne n'entre ici, c'est notre petite grotte secrète.

-Vous habitez seuls, les trois ?

-Exact », répond Auguste simplement. Il tourne le contact, le moteur rugit. D'un geste assuré, il donne un coup de volant et la voiture recule avec dynamisme pour sortir du garage. Tandis que Jeanne va vérifier que la porte de leur appartement est bien close et baisse le rideau de fer qui fait office de porte du garage, le moteur gronde et la voiture tremble. Le grand sourire qui orne le visage de la petite blonde reflète son état d'esprit. Elle revient vers la voiture, dansant, et s'assoit à nouveau à la place du co-pilote.

« On n'a rien oublié ? demande Auguste.

-Rien du tout, on peut y aller » sourit le blond qui caresse nonchalamment le pelage de Pearl Hart.

La voiture s'engage sur la route, rejoint la rue des Bateliers. Ils s'éloignent de l'appartement, se perdent entre les coins de rue et les lampadaires. Claudia remarque que le peu de piétons qui se baladaient dans le quartier suivent des yeux la Dodge Charger. Ils semblent tout aussi impressionnés que la jeune fille, qui ne mesure toujours pas l'ampleur de la situation dans laquelle elle s'est engagée. Les quatre jeunes traversent la ville, la conduite d'Auguste est assez sportive ; Claudia lance des petits rires nerveux lorsque l'arrêt à un feu rouge est trop brusque ou un virage trop serré. Mais elle remarque alors que les deux autres rient à gorge déployée. Gaspar n'a pas la ceinture attachée, il demande à monter le son de la musique dans le poste radio. David Bowie chante, la Dodge tremble avec sa voix.

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