Chapitre XII

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Depeche Mode ~ Enjoy the silence (1990)

Hey yo,

Je viens simplement vous remercier dans ce petit message rapide pour vos commentaires et vos lectures qui se font de plus en plus nombreuses, merci infiniment ! 🌹

De même, je tiens à préciser que ce chapitre est relativement long, mais j'espère que cela ne va pas nuire à votre lecture ! En tout cas j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire, et à m'informer sur beaucoup de choses que je décris ici. J'attends vos retours avec impatience !

Electre.

***

Ils sont assis sur le caniveau en pierre d'un trottoir, sous l'ampoule d'un réverbère endormi car le crépuscule teinte encore d'une lueur orangée les pittoresques bâtiments de la ville. Auguste fume une cigarette en silence, Gaspar est accroupi contre un mur, une casquette sur ses cheveux durcis par le sel marin qui flotte dans les airs. Claudia les observe en silence, debout dans les ruelles étroites, entre des blocs de pierre couleur pastel qui font office d'habitations.

Soudain, Jeanne descend les escaliers de la petite bâtisse, arrive sous le perron ; on entend le bruit strident de ses talons qui claquent sur le marbre des marches. Elle porte une robe rouge courte qui se redresse au-dessus de ses genoux, assortie à de grossières chaussures à hauts talons. Une épaisse couche de rouge à lèvres teinte sa bouche, et une capeline écarlate cache ses cheveux ondulés.

« Alors, vous me trouvez comment ? » demande-t-elle en dansant des hanches, tournant sur elle-même. Les volants de son habit se soulèvent avec douceur, laissant entrevoir une culotte blanche qui éteint le regard sur ses parties intimes.

Auguste ricane et jette sa cigarette au sol.

« Pathétique, aboie-t-il.

-Eh, oh, t'es sérieux ?

-Il n'a pas tort, reprend Gaspar. J'm'attendais à mieux, tu ne ressembles à rien avec tout ce rouge sur toi.

-Petit con, rugit Jeanne, ses lèvres se pincent sur la dernière syllabe, -ces mots sont comme une aiguille ardente et rouge vif qu'elle veut planter dans sa peau-.

-Moi, j'adore ». C'est Claudia qui intervient. Jeanne plonge ses yeux bleus en elle, des mèches blondes viennent barrer la route aux étincelles qui les traversent. Elle frisonne lorsque la blonde sautille sur place et va enlacer le réverbère à ses côtés ; de sa voix douce elle se met à chantonner I'm singing in the rain même s'il ne pleut pas.

Ils gambadent entre les ruelles étroites de la petite ville pittoresque, glissent sur les rambardes des escaliers en hurlant de joie, les bras grands ouverts comme pour s'envoler. Gaspar s'amuse à grimper sur les façades des bâtiments ornés de bandes de mosaïques en couleurs, s'accrochant aux barres de fer des balcons et faisant parfois tomber des pots de fleurs dorées dont la terre noire s'effrite au sol comme une poudre sur laquelle le vent aurait doucement soufflé. Ils sautent de trottoir en bitume, leurs bottes écrasent les pavés gonflés et grisâtres du sol. Une bouteille d'alcool glisse entre leurs doigts, les gouttes du liquide poisseux perlent autour de la bouche des garçons. Jeanne est prudente, elle boit doucement et secoue la tête lorsque l'alcool lui caresse le palais. Claudia refuse sans cesse lorsqu'on lui pose la bouteille sous le nez, et le brun hausse les épaules avec mépris ; les manches courtes de sa chemise à fleurs baillent lorsqu'il fait quelconque mouvement, il a l'air si menu sous ces habits trop grands pour lui et ce jean Levi's qui glisse sur ses hanches.

Le crépuscule réveille les lampes encastrées contre les façades couleur pastel et les tuiles ardentes des petites bâtisses. Ils écoutent une douce musique qui glisse entre les stands de fruits frais et juteux, les glaciers multicolores, les restaurants savoureux. Les quatre silhouettes descendent en riant une rue qui les porte jusqu'à un petit port de pêche qui dort paisiblement, cloîtré dans un coin d'un fleuve. Les chaloupes et les chalutiers tanguent doucement sur l'eau agitée, obscurcie par le cambouis. Gaspar court s'asseoir sur le quai. Sous ses pieds, les petits remous d'eau et le clapotis des vagues vont lécher les treillis de béton oxydé qui s'enfoncent dans le bassin. Une douce écume gicle à chaque fois et se dépose sur les chaussures du garçon, rapidement rejoint par les trois autres jeunes. Auguste, lui, se pose sur une bitte d'amarrage autour de laquelle une corde tendue est enroulée. Il se met à regarder les reflets colorés du ciel dans l'eau trouble et grise.

FAUVESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant