4. La connerie

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- Clyde ? elle demande.
- Ouais, sors dehors, tout de suite.
- Tire toi.
- Tout de suite ! je crie.

Je commence à ne plus regretter les mots que je lui ai dit tout à l'heure.

- Mais tu te prends pour qui ? Tu m'insultes puis tu reviens comme une fleur ?!
- Je ne reviens pas comme une fleur, je te surprends en train de coucher avec cet imbécile, nuance !
- Va te faire foutre !
- Sors de la tente. Maintenant.

Elle murmure quelques insultes et se lève, nue comme un ver. Elle enfile une culotte et un tee-shirt et sort.

- Pourquoi t'as fait ça ? je demande simplement. C'est encore le grand Pourquoi je suppose ?
- Si je suis une pute, autant l'être jusqu'au bout !
- Why, t'es consciente que tu viens de me tromper ?
- Clyde, t'es conscient que tu viens de m'insulter de pute ? répond-elle du tac au tac sur le même air.
- J'étais surpris, voilà! Je commençais à regretter de te l'avoir dit, mais plus trop maintenant ! Mais excuse moi d'avoir eu du mal à avaler ce que tu venais de me dire ! J'ai mes raisons pour être en colère !
- J'ai les miennes aussi. T'as seulement une idée des raisons pour lesquelles j'ai fait ça ? Tu te doutes pas que j'en avais aucune envie ?!
- T'as aucune idée de pourquoi ce sujet me tient tant à coeur non plus, donc ferme là!
- Tu me fais vraiment chier, Clyde, je commence à me demander pourquoi j't'ai emmené ici !
- Mais merde, tu m'as trompé, on trompe pas son mec !
- Putain, mais depuis quand on fait les trucs dans les règles ? On a fugué à dix sept ans ! On traîne dans un camps de hors la loi depuis un mois ! On a rien de normal !
- Bah tu sais quoi ? Va te faire foutre, vraiment.

Et je tourne les talons. Je m'enferme dans ma tente et remonte mon duvet jusqu'à mon nez.
Comment aurais-je pu deviner que la raison de mon plus grand mal-être, dans cette aventure serait une fille ?

Je passe mes journées avec Ash, Ted, Hayes et la fille au piercing, qui s'appelle Jana. Elle est vraiment très belle, avec ses boucles brunes qui tombent en pagaille sur ses épaules.
Ils sont drôles, sympas et attentionnés, mais c'est différent. Why était différente. Je ne saurai dire si c'était mieux.

En parlant de changement, je me rends peu à peu compte que je ne suis plus le même.
Je suis passé d'un Alec renfermé, martyrisé au fond de la classe à un Clyde débrouillard, drôle qui prend des risques.
Puis même physiquement j'ai changé. J'ai pris à mon plus grand plaisir plusieurs kilos de muscles, et des abdos commencent à se dessiner sur mon ventre.

Même si je regrette peu à peu d'être parti avec Why, étant donné que nous ne sommes toujours pas en bons termes, je ne regrette pas d'avoir changé. J'aime la nouvelle personne que je suis.
Cela fait plus de deux semaines que nous sommes là, et je m'habitue peu à peu à la vie du camps.
Je crois Why de temps en temps, mais nous ne nous disons rien.
Elle ne m'ignore même pas, c'est ça le pire. Elle n'est pas en colère, pas triste, rien. Elle est juste indifférente, et ça me rend fou.
C'est comme si nous étions revenus au stade de deux inconnus dans une gare.
Elle rigole avec d'autres personnes que moi, embrasse ouvertement Justin devant moi, et j'en suis vert de jalousie.
Puis ce gars me dégoûte, il est vraiment pas net.

Les jours défilent rapidement, tous aussi répétitifs les uns que les autres.
Why dort dans la tente de Justin, et imaginer ce qu'ils doivent faire toutes les nuits me rend malade.
Je n'aurai jamais pensé m'attacher à elle si rapidement, c'était insensé.
Et plus les jours sans elle passent, plus je me surprend à l'aimer.
Je la revois partout, dans les étoiles, dans Jana. Je crève juste d'envie de l'embrasser, de l'entendre déblatérer un tas d'information sur les étoiles. Sa voix me manque. Sa peau me manque. Et son odeur, ses yeux, et bordel tout.

Elle me manque.

Et ça ne fait que deux semaines, je ne sais pas ce que je deviendrais si elle venait à partir. Parce que oui, je crois au fait que nous redeviendrons proches, ensemble.

Je ne sais pas comment mais je le sais, je le veux plus que tout.




Je me glisse dans mon sac de couchage, et m'endors malgré les nombreuses questions qui se bousculaient dans ma tête.

« - Clyde, Clyde, me réveille une petite voix que je connais trop bien.

J'ouvre les yeux. Il fait encore nuit.

- Clyde, j'ai fait une connerie, faut qu'on s'en aille.
- Why ? Putain Why tu fais quoi ?
- Clyde s'il te plaît on doit s'en aller.

Elle est là, dans ma tente. Je sens son odeur, sa présence. Mais je perçois surtout des sanglots dans sa voix.

- Why tu vas bien ?
- Discute pas faut qu'on parte. Maintenant.

Me disant que le fait qu'elle m'adresse aimablement la parole (tout est relatif) est un bon avancement, j'obéis et range mes affaires. On déplante et plie ensuite la tente, et nous partons dans les bois.

- T'as fais quoi, Why ?
- On se dépêche.

Je grogne et augmente ma vitesse de marche.
Soudain, nous entendons des voix et des pas derrière nous.
Je vois le visage de Why se glacer, et elle me dis de me diriger vers la route.
Nous tournons donc vers la gauche pour rejoindre la route principale que longe le camps.

Les voix se rapprochent, et bientôt nous parvenons à les distinguer.
Ce sont celles des gars du camps.

« - Restez là ! crient-ils. J'envoie les chiens sinon !
- On trace, je dis.
- Je peux pas... elle murmure.
- Tu peux pas quoi ?
- Courir.
- Mais si tu peux ! je panique ! Ils vont arriver !

Je lui prend la main.

- Clyde, je ne peux pas courir.
- Putain Why, tu veux crever ou quoi ? je la presse.

Elle marmonne quelque chose que je ne saisis pas.

- 1...2....3, je compte.

Et je détale, elle sur mes talons.

Nous nous arrêtons dans un village au bout d'une centaine de mètres, après être sûrs qu'ils ne nous suivent plus.
J'entre dans un hôtel et demande une chambre pour nous deux.

- T'as fais quoi Why, t'as fais quoi pour ça, je lui demande, une fois dans le lit.
- Je l'ai tué, je l'ai tué, Clyde. »

Heyyy
Alooors
Elle a tué qui ??
Est ce que vous ne trouvez pas que tout se passe trop vite ?

THE BIG WHYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant