5. Explications

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Ça se passe à la suite du chapitre précédent, ce qui est en gras est juste une indication dans la tête de Why.

100 jours avant

Point de vue de Why

Trois-cent-vingt-cinq carreaux.
Il y a trois-cent-vingt-cinq carreaux sur le plafond de la salle de bain, ainsi que sur le mur en face de moi.
Je m'amuse à ouvrir puis refermer le robinet de la baignoire avec mon pied.
Ça coule. Ça ne coule plus. Ça coule. Ça ne coule plus.

Si je continue le bain va déborder.

Ça ressemble à ma bouche en fait. J'ai l'impression que si je l'ouvre, si un seul mot en sort, un flot de larmes jaillira de mes yeux.
Donc je la garde fermée, comme un coffre fort contenant le plus grand des trésors.
Ça énerve Clyde. Je ne lui ai pas parlé. De rien. J'ai parfaitement conscience d'être en tord, je suis revenue comme une fleur en lui annonçant que j'avais tué un gars.

Il ne m'a pas repoussé, pas traité de monstre. Il a fait les bagages et on s'est tiré.

Et pour le remercier je refuse de lui expliquer.

Il m'avait manqué. Quoique j'en dise, il m'avait atrocement manqué.
Même si nous ne nous parlons pas, il est là, il est présent pour moi. Il me regarde.
Et j'arrive pas à lui dire, lui dire que sans lui je suis perdue dans une sorte de labyrinthe sans fin.
On était devenu dépendant l'un de l'autre, on se serrait les coudes dans le labyrinthe.
Et j'arrive pas à lui dire non plus qu'il compte pour moi. Que je l'aime comme je n'avais jamais aimé personne.

« T'aimeras jamais personne, tu s'ras jamais aimée » qu'il disait, le gars qui me servait de père.
Le premier point était faux. J'aime Clyde,
Le deuxième... il faut que j'y mette du mien et il deviendra faux à un moment ou à un autre.

Je sors du bain quand mes doigts commencent à fripés. Je déteste cette sensation. Je déteste bien trop de choses d'ailleurs.

J'enfile un peignoir de l'hôtel et sors de la salle de bain.

Il est là, torse nu, à contempler le plafond comme je le faisais il y a quelques minutes. Il compte peut être le nombre de fissures. Ou bien il attend que la peinture blanche lui donne les réponses à ses questions.

Il est beau. Trop beau.
La vie au camps l'a changé. Il est plus musclé. Des abdos commencent à se dessiner sur son ventre, ses épaules se sont élargies, et ses bras sont plus épais.

Je veux ouvrir la bouche. Je veux lui parler. Puis je veux qu'après il me réponde. Je veux réentendre le son de sa voix.

J'entrouvre mes lèvres et prononce son nom.

- Tu te souviens de mon prénom ? demande-t-il sèchement.

Je fonds en larmes. Je déteste pleurer. Je vois flou, mes joues sont trempées.

- C'est à toi de pleurer ? C'EST À TOI DE PLEURER ?! il hurle.
- Clyde, s'il te plaît, je sanglote.

Il est en colère, beaucoup trop en colère.

- Qui est ce qui me trompe avec le plus grand des salauds ? Qui est ce qui m'ignore pendant je ne sais combien de temps ? Qui est ce qui revient comme une fleur en m'annonçant qu'elle a tué quelqu'un ?!
- Je suis désolée... je murmure.
- Ouais, je t'ai insultée. Ouais j'ai fait le gros con avec toi. Mais t'avais aucune raison de me faire ça. J'ai jamais aimé personne, tu comprends ? Et personne ne m'a jamais aimé. J'ai jamais eu le choix, on m'a toujours foutu au fond de la classe, on a toujours décidé que ça serait sur moi que les merdes tomberaient et pas sur quelqu'un d'autre ! La pour la première fois je me suis attaché. J'ai ressenti ce que ça faisais d'aimer. Je te pensais parfaite ! Parfaite à ta façon Why ! Mais non, t'as tout niqué ! T'AS TOUT NIQUÉ WHY !

THE BIG WHYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant