12. Betty

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Ma tête cogne sur la vitre de la bagnole au rythme des coups de frein du flic.

Je sens des larmes couler sur mes joues. À ce moment je me dis que si j'avais été devant Why, je n'aurais pas pleuré, car 1) elle aurait encore été là, donc je n'aurais pas eu de raison et 2) je déteste pleurer devant elle.

Mais elle n'est plus vraiment là pas vrai ?

Rien qu'à penser cette phrase, je ne me sens pas bien.

- Arrêtez la caisse ! je crie.

Il s'exécute et se retourne, tandis que je sors dehors, me plie en deux et vomis.

Je pleure de plus belle, tellement que j'en perds le souffle.

Mais qu'est-ce qu'il se passe ?

Le policier accourt vers moi et me dis quelques mots que je ne saisis pas. Mes dents claquent.
Il me fait remonter dans la voiture et m'attache.

- Tu ne sais pas pourquoi elle est dans l'ambulance, pas vrai ? il devine.

Je secoue la tête de gauche à droite.

- Tu veux savoir ?

J'acquiesce.

- Elle est malade, il dit.

Je pense que si j'avais été en meilleur point, j'aurais lâché quelque chose de sarcastique comme « sans blague ».
Après tout, elle est montée dans une ambulance, elle est forcément malade.
Mais entendre ces mots siffler dans mes oreilles, se fracasser sur mon crâne avec un impact inimaginable ; est totalement différent de les penser.

- Dans sa tête, il complète.

Je me tourne brusquement vers lui.

Dans sa tête ? Une maladie mentale ?

- C'est impossible, je murmure.

Il continue de fixer la route, imperturbable, puis se gare sur le parking de l'hôpital.

- C'est un hôpital psychiatrique, je fais remarquer.
- Elle est malade dans sa tête, bonhomme.
- Non, non, elle va bien. Tout va toujours bien. »



« - Oui, je comprends, dis la secrétaire au téléphone. Dans combien de temps ? Oui, d'accord. Je tiens au courant son médecin.

Elle raccroche.

- Est ce que vous pourriez garder ce garçon pour la nuit ? Demande le policier en me désignant du menton.
- Oui, il doit rester quelques places dans le dortoir des parents.

Il la remercie du regard et m'accompagne dans un couloir.
J'ai la tête qui tourne et je vois flou. Dans un coin de ma tête, une tonne de questions se bousculent.
Puis je tombe à la renverse sur le lit, et ferme les yeux, en espérant que quand je les rouvrirai, je serai allongé sur le matelas le plus inconfortable de New York, avec la plus belle fille au monde dans mes bras.

***

J'ouvre les yeux. Je tâte l'autre côté du lit, je cherche la chaleur de Why, mais mes mains ne rencontrent que le tissu blanc du matelas.

THE BIG WHYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant