Je me réveille et suis asphyxié par l'odeur de tabac froid qui règne dans la chambre. Je me lève pour aérer mais me rends compte que tout est déjà ouvert. Je ne les compte pas mais les mégots de cigarette sont nombreux sur le rebord de la fenêtre.
Mon tableau est là, trône dans un coin de la pièce sur son chevalet en bois. J'esquisse un sourire en me remémorant la dernière fois où j'ai réellement vu ce corps.
Je sors de la chambre sans prendre la peine d'enfiler un tee-shirt et me rends dans la cuisine où Nate est déjà assis devant une assiette de bacon et d'œufs brouillés.« - Lut', lançai-je.
- Salut. Tu veux de l'omelette, il propose, la bouche pleine.
- Omelette ? C'est pas des œufs brouillés, plutôt ?
- Enfaite je me suis énervé contre la poêle en essayant de décoller l'omelette et voilà le résultat.
- Ha. Et bien oui, je veux bien de l'omelette.Il me sert et j'avale goulûment le tout avec une tranche de pain et du jus d'orange.
- On va à la maison après les cours ? demande Nate.
- Ouais. De toutes façons les gars nous avaient demandé de passer. »Il hoche la tête. La maison est le repère de notre fraternité. En début d'année, Nate a insisté pour que je rejoigne celle de lui et ses amis, et j'en suis là. Les gars sont vraiment sympas, même s'ils sont un peu obsédés par les filles. J'ai été étonné lors de ma première visite par un tiroir en particulier que James voulait absolument que je vois : il contenait des dizaines de sous-vêtements féminins, probablement plus que la totalité de mes caleçons.
Je sais leur « tableau de chasse » comme ils aiment l'appeler très vaste.
Le pire, c'est qu'ils n'ont aucun scrupule à jeter les filles au petit matin (pour celles qui ne sont pas parties avant).
Enfin bon, tant qu'il n'y a pas une paire de seins dans la pièce, ils se montrent adorables et attentifs et je leur fais entièrement confiance.***
La matinée passe atrocement lentement. J'ai enchaîné une heure et demie de Sciences Économiques et Sociales, puis la même durée de physique.
Mon prof de SES n'étant pas mon favori et les sciences pas mon point fort, j'ai failli m'endormir à plusieurs reprises. Vivement les vacances.
Le vacarme de la cantine est assourdissant. Même si la plupart des élèves mangent dehors en raison du beau temps, nous restons nombreux dans la pièce aux couleurs du bahut. Une chaise sur deux est jaune, l'autre bleue.
Je suis donc assis sur une jaune, entre James et une fille que je ne connais pas apparement nommée Camila.
Ils parlaient de je ne sais quoi quand elle me saisit le poignet :
- Sympa, le tatouage.
- Merci, prononçai-je difficilement.
- C'est quoi ? Une constellation ?
- Non, juste un W.
Et je le pensais vraiment. A l'instant où je me l'étais fait tatoué, je ne voyais que l'initiale de Why.
- Ha. Un W pour quoi ? Ou qui ?
- Personne, d'accord ? me braquai-je.
- Ton ex s'appelait Wendy ? demanda l'un des gars.
- Qui sort avec Wendy Laurent ? s'exclama un autre sorti de nulle part.
- Personne ! m'énervai-je. Le surnom de ma grand mère était Walt et elle est morte ! C'est bon ?Ça jette un froid, forcément. Au moins ce petit mensonge ne les fera pas revenir sur le sujet : les gens ne parlent pas des morts, même s'ils rêvent de poser des milliers de questions dessus.
Nous sortons de table et allons rejoindre le groupe d'Elea et Amy sur la demande collective des garçons de la maison.
Ma copine se dresse sur la pointe des pieds et plante un bisou sur mes lèvres, ce à quoi je réponds par une main dans le dos.
Ce que j'aimais bien avec Why, c'est que tout était trop cliché pour elle, alors nous faisions tout à notre guise. Cela m'handicapait de temps en temps car je ne savais pas comment agir, mais au moins nous n'avions pas de discussions niaises sur qui aime le plus.« - T'es là pendant les vacances, lui demandai-je.
- Non, elle souffle, je pars dans les Hamptons avec mes parents.J'hoche simplement la tête et me maudis intérieurement pour m'être réjoui de son absence.
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THE BIG WHY
RomantikC'est dans une gare, où un gars et une fille purement inconnus se rencontrent : « - Viens on part. - Où ? - Je sais pas, mais le plus loin d'ici. » C'est comme ça qu'ils se retrouvent à traverser l'Amérique. Mais quand on a seulement 17 ans, que...