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Son but était atteint. Son petit micro lui avait fourni tout ce dont il avait besoin.

Cette chère Emma ne serait pas chez elle avant vingt et une heures. Cela lui laissait suffisamment de temps pour préparer son petit spectacle.

Hier, il lui avait dérobé un double de clé, et il venait de s'en servir à l'instant pour ouvrir la porte. Précédemment, il avait pris soin d'enfiler des gants en latex qu'il lui avait emprunté dans sa pharmacie.

Cette idée l'avait follement amusé.

Après avoir fermé la porte d'entrée, il déposa son sac à dos au sol. Il l'ouvrit et en sortit une combinaison complète qu'il enfila sur ses vêtements et mis la capuche afin d'éviter tout risque de laisser un cheveu ou un poil sur place. Il allait avoir chaud mais le jeu en valait la chandelle.

Il se dirigea vers l'ordinateur, s'installa devant et mis en place ce qu'il avait préparé chez lui cet après-midi.

Cela avait été un moment particulièrement agréable de préparer cela en les écoutant discuter.

Entendre Dasnet lui parler aussi froidement avait été jubilatoire.

Évidemment il n'avait pas résisté à l'envie d'enregistrer. Et il savait qu'il écouterait sa voix froide, souvent.

Il vérifia une ultime fois, puis il se dirigea vers la chambre.

Elle ressemblait à celle d'une jeune fille avec sa tête de lit rose clair. Dans le dressing extrêmement bien rangé, il n'eut pas beaucoup de surprise. Des vêtements de jeune femme sage. Des jupes crayon grises ou noires, quelques pantalons de tailleur et quelques chemisiers.

Il avait le temps de regarder, voire de fouiner. Un de ses amis disait que dans chaque armoire de femme, il y avait un endroit où elle cachait des trésors : C'était le moment de vérifier cela.

Dans le fond de ce dressing, il y avait un petit sac et dans celui-ci, des sous-vêtements affriolants. Quelle petite coquine ! Il en avait emmenés pour la petite soirée mais ceux-là étaient plus sexys.

Il était presque vingt et une heure, Emma allait arriver.

Il jeta un dernier regard sur la scène. Tout à fait satisfaisant. Cela avait été facile comme il le prévoyait.

Certes, elle avait sursauté en le découvrant dans l'entrée. Mais avec sa main qui la bâillonnait, elle n'avait pas eu le temps d'hurler.

Son regard effrayé était une merveilleuse récompense.
Un bâillon à la place de sa main lui avait permis de faire le reste. Ses yeux suppliant, ses gémissements n'avaient rien changé. Il n'avait pas faibli une seconde.

Ses tremblements avaient été gênants, et la pauvrette avait eu des difficultés à mettre ses sous-vêtements. Mais au final, cela rendait plutôt bien. Il l'avait photographiée sous tous les angles. Pour plus tard. L'attacher dans le lit sans barreaux aurait été compliqué et elle aurait pu se débattre et tout compromettre. Donc, la regardant droit dans les yeux, il avait serré son cou jusqu'à la fin.
Puis il l'avait installée sur le lit.

Les journalistes apprécieraient c'était certain. Il avait particulièrement soigné la mise en scène.

Emma était allongée au milieu du lit, les jambes bien ouvertes, les mains liées par un foulard, les yeux écarquillés par l'effroi. Il s'était posé la question et pour être sûr de sa décision, il avait même essayé les deux solutions. Sans bandeau sur les yeux, le résultat était de loin le plus saisissant !
Et puis le contraste du string et du  porte-jarretelle bleu électrique sur le dessus de lit rose Barbie était de toute beauté !

Le reste du décor était celui d'une soirée coquine qui avait mal tournée. Les vêtements éparpillés au sol, les verres avec le rouge à lèvres sur celui d'Emma. Un calvaire pour lui faire entendre raison, elle ne voulait pas jouer le jeu. La claque qui avait suivi avait été nécessaire et la marque un peu appuyée bien conforme à la situation toute réflexion faite. Il avait inondé la pièce de parfum et posé un nouveau flacon fermé sur elle, entre les seins. Joli.

Il ne manquait rien. Le corps serait découvert très vite, il n'avait aucun doute sur la réactivité de Dasnet. Habitué à la ponctualité de sa secrétaire, Il appellerait et enverrait quelqu'un.
De même, il savait que la police regarderait le PC et surtout ce qu'il contenait.

Il lui restait encore des choses à faire. Emma n'était qu'un pion.

....

J'ai passé  une très  mauvaise nuit. En me préparant, j'en suis arrivé à une conclusion évidente. Je dois m'excuser auprès d'Emma ce matin.

Mes propos d'hier étaient décidément trop froids. Oh,  je les pensais tous, et je n'en regrette aucun.

Mais cette femme est une secrétaire très sérieuse, d'une efficacité redoutable. Son allure de vieille fille me fait sourire et je sais pertinemment qu'elle ferait tout pour moi. Ce qui s'est passé l'autre jour ne doit en aucun cas se reproduire. Mais j'étais énervé après Gladys et elle était là. Je me suis juste contenté de jouer, testant ce pouvoir de séduction que Gladys a jeté aux orties. Tant pis pour elle  aussi. Bref, le temps de dire ouf, et cette femme se jetait dans mes bras, j'ai juste profité de l'aubaine.

Après avoir pris mon petit déjeuner, je me dirige vers le bureau d'Emma, qui est ...éteint. Presque huit heures et elle n'est, de toute évidence, pas là.

Je contacte la réceptionniste : aucune nouvelle de Mademoiselle Lévi.

Je suis troublé.  Je n'ai pas souvenir que cela lui soit arrivée une seule fois en quatre ans. Est-ce en rapport avec hier ? Peut-être a-t-elle eu un problème avec sa voiture ? Sans prévenir ? J'en doute.

N'y tenant plus, je prends la décision de l'appeler. Elle a intérêt à avoir une très bonne raison, car ce n'est pas dans mes habitudes de m'inquiéter de l'état de santé de mon personnel.

Le téléphone sonne. Au bout de la septième sonnerie, sa messagerie se met en route et le message que je lui laisse n'est pas du tout aimable. Plutôt glacial.

Il est presque midi. Toujours aucune nouvelle. Je n'ai pas réussi à me concentrer de la matinée.

Il ne me reste que deux options possibles : envoyer mon chauffeur frapper chez elle ( après tout, cette idiote a peut-être fait un malaise) ou appeler la police.

La deuxième option me semble plus conforme à mon image. Pourtant je vais avoir l'air de quoi ? Elle manque depuis ce matin. Malgré la certitude qu'il y a un souci, je décide d'attendre la fin de la journée pour appeler la police.

- Police nationale, bonjour.

- Je suis Monsieur Dasnet des Entreprises DASNET. Je suis très inquiet. Ma secrétaire n'est pas venue au travail aujourd'hui. Sans prévenir. Cela ne lui est jamais arrivé en quatre ans. J'ai essayé de l'appeler sur son portable et son fixe. Aucune réponse.  Je pourrais y passer, bien entendu...

- Vous avez bien fait de nous appeler, Monsieur Dasnet. Les délais sont limites mais je vais envoyer une patrouille vérifier cela. Pouvez-vous me donner le nom de cette personne et l'adresse de son domicile, s'il vous plaît ?

SUIS MA TRACEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant