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Lucas sortit de la maison tranquillement malgré l'adrénaline qui coulait dans ses veines. Il avait presque fini. Devait-il s'inquiéter de n'avoir rien ressenti ? Est-ce qu'au bout de trois meurtres il était devenu un être insensible qui continuerait à régler ses problèmes en éliminant tous les obstacles ? Il ne le pensait pas. Il avait fait le serment à Gladys, c'est tout. Il la vengerait, c'était quasiment fini. Le dernier acte approchait.

Il entra sa voiture dans le garage, vérifia d'un simple coup d'oeil si sa victime était toujours en vie. Vu les gesticulations de celle-ci en le voyant, c'était le cas. Il s'installa devant la télévision et regarda des émissions insipides.
Vers deux heures, il alla manger un morceau. il aurait besoin de force pour ce qui l'attendait. Dans l'armoire, il attrapa sur l'étagère deux pochettes plastiques. Après avoir enfilé des gants en latex, encore, il enfila une combinaison intégrale. Tout son corps était protégé, cheveux sous une charlotte, chaussures sous des protections jetables et pour finir un masque de protection pour le visage. Évidemment, quand il l'aperçut, sa victime se mit à gémir de plus belle. Il pouvait comprendre mais cela n'aurait hélas aucun effet sur sa décision.

- C'est fini, je vais vous installer sur ce brancard,  lui expliqua-t-il d'une voix calme. Je vais vous laisser en rase campagne. Le temps pour moi de disparaître. Je compte sur vous pour trouver une raison plausible. Ne tentez rien, ce serai stupide.

L'homme ne broncha pas, il se contenta de le fixer. Avait-il compris ?

Il déplaca le chariot sur lequel il était sanglé jusqu'à la camionnette. Le chariot trouva sa place à l'endroit prévu dans cette ancienne ambulance. Arrivé à l'endroit choisi après quelques minutes de route, il alla rejoindre l'homme derrière. Ses larmes prouvaient qu'il avait compris l'issue de la promenade. Je ne lui parlais pas, ce n'était pas utile. Il n'allait pas souffrir. Il lui avait donné l'explication de son enlèvement tout à l'heure. C'était juste une question de morphologie.

Il ne dit pas un mot, lui injecta le produit et attendit la fin. Puis après vérification, il l'installa sur le bûcher.

Le bruit des flammes mordant le corps, l'odeur de celui-ci, tout lui sembla se mettre en place, malgré la nausée qui s' intensifiait.

Il lui restait le point final à accomplir.

Après, viendrait le temps de rester invisible, de surveiller de loin, à l'attendre.

.......

Griot avait juste pris le temps d'avaler un café, et se dirigeait vers le domicile de Dasnet. Il avait passé la soirée sur le dossier. Il avait lu et relu tous les documents. Il y avait sûrement un truc qu'il avait raté.

Vers minuit, il avait été s'allonger mais son sommeil avait tardé à venir. Le téléphone l'avait sorti du lit brusquement. L'officier de service était sur place, il l'attendait.

Malgré l'heure matinale, il y avait déjà les badauds habituels que les véhicules de la Police attiraient comme des mouches. Deux agents veillaient à les contenir à leur place.

Je me dirigeai directement vers le côté maison. Le corps avait été découvert là. Justement Williams discutait avec l'équipe du légiste.

- Il arrive, et je sais qu'il voudra voir le corps. C'est une question de minutes, expliquait-il.

- Bonjour Messieurs, déclara-t-il. En effet, l'officier a raison, j'aime me faire une idée d'ensemble. Les photos ne donnent pas la sensation d'un regard. Allons-y.

La scène était macabre. Dasnet, le visage blême, les yeux écarquillés d'effroi, la bouche close par une boule informe. Il était sur son lit, dans sa chambre, les poignets entravés dans des liens de contention, un truc pas banal, seul le buste apparaissait avec cette tâche rouge en son centre. Et posée bien en vue, une bouteille de parfum. Sa signature.

- Il est mort depuis quand ? demanda-t-il au légiste.

- Sans pouvoir le toucher, je ne vois pas comment je le saurais, grogna celui-ci. Il a tout juste accepté que je vérifie qu'il ne respirait plus, dit-il en désignant Williams. Je peux maintenant ?

- Oui. Je veux une photo à chaque étape. Il s'agit du troisième meurtre. Puis-je avoir le nom du parfum ?

- Shalimar, lit-il sur l'étiquette de la bouteille qu'il tenait du bout d'un outil pointu. Il est presque vide.

- Qui a découvert le corps ?

- La femme qui s'occupe de la maison. Madame Kolm, lut Williams sur son calepin. Elle est choquée. J'ai laissé quelqu'un avec elle. Mr Dasnet était seul dans la maison. La porte était ouverte mais pas fracturée.

- Je vais aller la voir. Tu restes là. Photos, empreintes digitales. Même si à mon avis, il n'y aura rien. Autopsie en priorité. C'est le troisième et celui-ci va provoquer des remous.

Le petit attroupement devant la porte lui déplut, et il le fit savoir. Si certains n'avaient rien à faire, qu'ils rentrent au commissariat ou qu'ils aient au moins un peu de décence, il y avait un mort juste un peu plus loin. Bon, d'accord, il était de mauvaise humeur. Trois morts violentes en très peu de temps, il y avait de quoi être énervé.

Évidemment, cette femme ne savait rien, son boulot était de préparer les repas de Monsieur, de s' occuper de sa maison, de son linge. Elle n'avait rien remarqué d'anormal, à part la porte pas fermée.
Il allait partir en demandant à un agent de l'accompagner chez elle, ou à l'hôpital quand subitement il s'arrêta.

- Excusez-moi, vous vous occupiez aussi de la salle de bain de Monsieur ?

- Bien sûr ! s'indigna-t-elle

- Monsieur mettait du parfum ?

- Il en avait, mais il préférait de l'après-rasage.

- Du Shalimar ?

- Non. Uniquement du Armani.

- Vous en êtes certaine ? Aucune femme ne vivait ici ?

- Je n'en ai croisé aucune ! Et oui, j'en suis certaine, je suis chargée des courses, s'offusqua-t-elle !

Décidément, cette histoire de parfum commençait à l'énerver. Impossible que ce soit une coïncidence.

SUIS MA TRACEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant