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Une forme indistincte sortie de l'ombre et après avoir regardé alentours, se dirigea droit vers la poubelle. Le bruit l'avait sorti d'un assoupissement. Sous le couvercle, un porte-clé. Il le reconnut immédiatement.  C'était celui de Thomas. Pourtant, il savait pertinemment que ce n'etait pas son ami qui l'avait  jeté. Il serait venu lui dire bonjour. Et puis cela faisait quelques jours que Thomas avait disparu.
L'ombre retourna dans son coin finir de dormir.

....

Me retrouver face à Gladys est un véritable plaisir. Elle écarquille ses grands yeux.

- Mon effet de surprise fonctionne apparemment. Sois discrète, chuchoté-je. Bonjour Thomas Lust, je viens pour préparer votre réinsertion. Asseyez-vous, complété-je d'une voix plus forte pour le gardien.

Elle était encore sous le choc mais obtempéra.

Dès ma décision prise de choisir cet homme comme remplaçant, j'avais fait une demande de permis de visite. Gladys avait été jugée, c'était plus facile. J'avais prétexté  un poste de bénévole dans une association de réinsertion de détenus qui existait. Thomas s'y était inscrit  bénévolement sous un compte que je lui avais créé.

- Cela veut dire que c'est fini, alors, murmura-t-elle.

- Oui. Je vais partir. Lucas est mort. Un flic va peut être te questionner à mon sujet...

- C'est déjà fait. Il pensait que je pouvais avoir des informations. Je lui ai glissé ton nom comme tu me l'avais demandé. J'aimerai savoir pourquoi ?

- Cela n'a pas d'importance, t'inquiète.  Dans dix-huit mois, on se retrouve et ce sera la belle vie, d'accord ?

Elle avait changé,  cet endroit avait terni cette lueur qui l'avait rendu dingue dès la première fois. Quand elle sortira, il veillerait sur elle. Il posa sa main sur la sienne.

- Nous nous reverrons, Gladys. Réfléchissez à ce que vous avez envie de reconstruire en sortant d'ici. Je vous y aiderai du mieux possible,  termina-t-il en se levant. N'hésitez pas.

- Merci beaucoup,  lui  dit-elle. Et je savais qu'elle s'adressait à Lucas.

....

Cette affaire allait le rendre dingue, trois meurtres avec la même signature et il n'avait rien. Pas la moindre piste.  Huit jours que Dasnet était mort. Et rien n' expliquait  la raison de son assassinat. Le seul lien qu'il voyait était cette femme en prison. Une personne qui voudrait la venger ? L'affaire n'était  pas classée mais mise de côté. L'entrée fracassante de son collègue le sortit de ses pensées.

- Tu devrais venir, un corps calciné a été découvert dans la zone Nord.

- J'ai encore plein de dossiers à regarder, pourquoi penses-tu que cela pourrait m'intéresser ?

- À côté du corps, il y a une bouteille de parfum.

Deux minutes après, il était à ses côtés dans la voiture, et son collègue lui  faisait un bref résumé de l'affaire pendant qu'il l'amenait sur le lieu où La voiture avait découverte.

- C'est un mec un peu louche qui l'a trouvé. Il cherche toujours de la ferraille et ce coin est réputé pour y faire cramer des voitures.

- Abrège !

- Que tu es aimable !  Il a vu le corps à moitié calciné, il a appelé. Tiens, on arrive.

Le lieu était tout à fait sordide. Des carcasses de voitures, des tas d'immondices un peu partout. Un gyrophare bleuté et des ombres qui s'agitaient au loin. Le véhicule était à peine garée qu'il était dehors.

- Ne touchez à rien, cria-t-il, il s'agit d'une scène de crime.

Les hommes qui étaient là sursautèrent et dans la pénombre, il découvrit qu'il s'agissait de l'équipe qui l'avait secondé sur les trois autres meurtres. Rassuré, il s'approcha et posa quelques questions.

- A-t-il été identifié ? fut sa première interrogation en montrant la forme dissimulée derriere une toile.

- Cela va être le travail du légiste. Mais il ne faut pas s'attendre à des miracles. S'il n'a aucun signe distinctif, ça sera difficile.

- Et la bouteille de parfum ? Je peux la voir ?

Le collègue sorti une pochette : un flacon, bouchon fermé. Il semblait plein encore, peut-être même jamais ouvert. Il le tourna pour en lire le nom Chloé.

- Est-il possible qu'il soit là par hasard ? s' informa-t-il.

- Je ne pense pas. Le flacon est propre, comme s'il sortait d'une parfumerie, sûrement pas entamé. Et puis pas franchement le genre de truc que l'on peut trouver dans ce coin. Il s'agit sûrement de l'assassin au parfum, une fois encore. Tu me dois cinquante billets, d'ailleurs !

Il rigola. Oui, les journalistes avaient fait preuve de si peu d'originalité ! Il avait tenté un pari : croire à un surnom plus clinquant, plus américanisé "Parfum Man" lui aurait bien plu.

- Tu mets une équipe sur des recherches sur tout le périmètre. Il n'est pas arrivé tout seul ce corps. Un bûcher ça prend de la place, ça demande un minimum de tranquillité.  Faisons tourner nos équipes d'indicateurs.  Si quelqu'un a vu quelque chose de bizarre, je veux le savoir.

- L'homme a trouvé le lieu idéal. Tout y est louche. Personne ne dira rien. Tout ce que l'on trouvera aura été posé par lui, c'est couru d'avance.

- Justement. C'est le premier meurtre à l'extérieur. Il y a sûrement une raison. Ne lésine pas sur les moyens. Et tu me tiens informé.

L'espace d'un instant, une idée avait fusé dans son esprit. Il fallait qu'il vérifie cela, aussi il demanda à son collègue de le ramener immédiatement au Commissariat. Le trajet s'effectua dans le silence, et le chauffeur n'osa pas interrompre ses pensées. 

Aussitôt arrivé, il sortit le dossier et feuilleta rapidement les pages, puis ne trouvant pas, il reprit sa lecture. Son collègue le regardai faire, inquiet de ses réactions de plus en plus obsessionnelles. Il allait intervenir quand son téléphone sonna.

- Oui. Ne touchez à rien ! Nous arrivons, déclara celui-ci d'un ton ferme. Ils ont trouvé une voiture pas loin de l'endroit où  le brûlé a  été découvert. D'après le registre des immatriculations, le propriétaire est un certain Lucas Bosc, expliqua-t-il à  l'inspecteur toujours penché  sur le dossier.

Celui-ci s' arrêta net et très vite, il reprit sa fouille puis poussa un cri.

- Comment ai- je pu passer à côté de cela ? s'exclama-t -il, en montrant le passage qu'il recherchait depuis tout à l'heure à son collègue.

SUIS MA TRACEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant