The Walking Dead Luce Reed

Chapitre 40

Je suis là, assise par terre, berçant dans mes bras le corps inerte de l'homme que j'aime le plus au monde et dont j'attends notre deuxième enfant. Il avait fallu qu'il meure pour me dire ce qu'il ressentait pour moi, ce que je représentais pour lui. Mon dieu, à cet instant précis, je ne suis que douleur et rien d'autre.

La porte par laquelle nous étions sortis du Sanctuaire s'ouvre. Je vois Carson sortir et courir vers moi, suivi de Jésus. Carson se jette sur Daryl mais je ne veux pas qu'on le touche, je ne suis pas encore prête. Jésus s'agenouille à côte de moi et me parle comme à une petite chose blessée, terrorisée, traumatisée, ce que suis. Je lève mes yeux sur lui et lui dit en pleurant.

_ J'ai pas pu, . . . son crâne . . . le couteau, . . . je peux pas, Jésus . . . et je m'effondre anéantie contre mon ami.

_ Luce, laisse on va s'en occuper, je vais le faire, me dit tendrement Jésus.

Je vois mon ami sortir son couteau et avancer doucement vers Daryl, son ami à lui aussi, son frère, il lève son couteau mais Carson l'arrête dans son geste.

_ Stop, . . . attends, . . . il respire, difficilement mais . . . il respire, vite mets le dans la voiture, on file à la Colline, y a tout ce qu'il faut.

Je réalise tout à coup que l'on peut le sauver, qu'il n'est pas mort. Jésus m'installe à l'arrière. Carson m'explique comment faire pour comprimer la blessure de Daryl pendant le trajet, puis il monte à l'avant. J'entends Carson prévenir les autres que nous sommes vivants. Il prévient aussi son frère Emmet de se préparer pour une intervention. Je ne comprends pas tout mais je m'en fiche. Tout le long de la route, je lui caresse les cheveux, lui dit que nous sommes là. Que tout le monde va bien. Je lui dis que je l'aime, qu'il doit se battre pour nos enfants, pour moi, pour nous. Je lui raconte plein de nos souvenirs quand nous étions à deux dans la cabane, ou avec Beth. Je veux qu'il n'entende que du positif.

On passe enfin les portes de la Colline. Carson et les autres sont déjà prêts à récupérer Daryl, je l'embrasse une dernière avant qu'il ne l'emmène. Il n'a pas repris connaissance pendant le trajet. Je suis inquiète mais au moins il ne souffre pas. D'après Harlan, son frère Emmet Carson est un brillant chirurgien donc Daryl est entre de bonnes mains.

Daryl à peine partie, j'ai la sensation que le monde autour de moi se met à tourner. J'entends Jésus qui m'appelle et le vois se précipiter vers moi pour m'éviter de heurter trop violemment le sol. Je me sens comme dans du coton. J'entends juste la voix de Harlan, qui dit.

_ Merde, regarde son pantalon, il est couvert de sang, elle doit faire une hémorragie. Vite emmène là dans le bungalow, je vais chercher ce qu'il faut à l'infirmerie.

J'ai juste le temps de me rendre compte que je suis peut être aussi mal en point que mon homme. Une violente douleur dans le bas ventre me ramène à la réalité.

_ Où as – tu mal exactement ? me demande Harlan.

_ Dans le bas ventre, dis – je en me tordant de douleur, Negan, articulais – je.

_ Quoi Negan ? S'inquiète Harlan.

_ Il m'a frappé dans le ventre, . . . plusieurs fois, . . . le bébé sauve mon bébé, articulais – je juste avant de reperdre une nouvelle fois connaissance. Puis plus rien.

Je sens que l'on me tient la main. Quand j'ouvre les yeux, je reconnais le bungalow. Avec les blessés pendant l'attaque du Sanctuaire, l'infirmerie doit être pleine. Jésus est à côté de moi. Il a sa mine des mauvais jours, il n'a pas besoin de me le dire. Je me mets à pleurer comprenant que la douleur quelle qu'elle soit sera horrible. Je me redresse sur un coude et regarde mon ami plus en détail. Je vois qu'il a pleuré. Plus loin dans la cour, je vois mes amis d'Alexandria, ils sont tous là.

_ Daryl ?, . . ., le bébé ?. . . , ou . . . articulais – je difficilement entre deux sanglots.

_ Je suis désolée, Luce, c'est . . . , je suis tellement désolé, pleure mon ami.

_ Parle, je t'en supplie, . . .

_ Luce, tu as perdu le bébé, . . . je suis tellement désolée.

Je suis incapable de dire quoi que ce soit. Je me recroqueville sur moi – même dans le lit où j'avais donné naissance à ma fille. Je venais de perdre mon fils. Il m'avait été arraché par Negan. Je l'avait tué mais cela ne me rendrait mon enfant. Je ne me retourne pas vers lui, mais lui demande comment va Daryl.

_ Ils ont stoppé l'hémorragie. Il va s'en remettre. Heureusement Negan n'a touché aucun organe. Il dort encore mais il ne devrait pas tardé à se réveiller.

_ Il est seul, . . . demandais – je d'une voix blanche.

_ Non, Carol le veille bien évidemment . . . tu veux aller le voir ? Demande doucement Jésus.

_ Non, il n'est pas seul, c'est l'essentiel et Beth ?

_ Maggie s'en occupe avec Glenn, tu veux que je leur demande de venir pour que tu puisse la voir ?

_ Non je te remercie, je voudrais juste me reposer, . . . tu comprends ?

_ OK, . . . je serai dehors si tu as besoin de quoi que ce soit.

_ Merci, Jésus, tu es un véritable ami, dis – je sincèrement.

Une fois la porte fermée, je me laisse aller à mes larmes. J'ai failli perdre l'homme qui compte le plus au monde et j'ai perdu notre fils. Je sentais les murs du bungalow se rapprocher. Soudain tout s'éclaire, je dois sortir, partir. Quand j'étais au Sanctuaire, ma fille était en sécurité avec Carol et son père. Et lui était en bonne santé. Là à cause de moi, il a risqué sa vie.

Je me lève doucement, m'habille et prépare un sac avec un peu de nourriture. Juste de quoi tenir quelques jours, ensuite je verrai. Plus j'y pense et plus c'est la meilleure décision, j'avais besoin de m'éloigner pour ne plus faire souffrir. J'avais trompé l'homme que j'aime et j'avais perdu notre bébé. J'avais besoin de temps . . . de temps seule . . . peut être pour toujours.

Avant de partir par la fenêtre de derrière, je laisse un petit mot.

« Ne me cherches pas. Je reviendrai peut être mais ne m'attends pas. Vivez votre vie toi et Beth. Daryl, mon amour, tu es l'homme qui m'a appris ce qu'aimer voulait dire. Tous les meilleurs moments de ma vie sont liés à toi. Pardonne moi, pour Negan, je sais que je te demande l'impossible, car moi – même, je suis incapable de le faire. Fais le pour avancer. Et mon dieu, si tu savais comme je m'en veux pour notre fils, tout est de ma faute. Occupe toi bien de notre fille, Beth, est la meilleure chose que nous ayons faites. Je t'aime et t'aimerai toujours. Luce »

Je regarde une dernière fois ma fille dans les bras de Maggie par la fenêtre en lui disant, je t'aime ma princesse. Puis je prends mon sac et sors par la fenêtre de derrière.