Chapitre 11

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Quatre mois, quatre putain de long mois, que je n'ai aucune nouvelle, ni trace d'elle. Je n'arrive plus à dire son prénom. Ces quatre lettres me brûlent les lèvres et me déchirent le cœur. Ce qui m'a aidé à ne pas devenir dingue, c'est le fait d'avoir retrouvé Rick et les autres rapidement après avoir été séparé d'elle.

On a eu un moment de répit. Quand on a su que Beth était en vie à Atlanta, je me suis dis que la chance me souriait et que je la retrouverai, elle. Mais là encore, tout s'est cassé la gueule. Quand Beth est morte devant mes yeux, j'ai cru devenir dingue. J'ai pleuré Beth bien sûr, . . . mais je l'ai surtout pleurée, elle. Me rendant compte que chaque jour qui passe m'éloigne d'elle. De celle que . . . j'arrive pas à le dire et . . . à quoi bon maintenant.

Depuis, que j'ai retrouvé les autres. Ils se rendent compte que je ne suis pas comme d'habitude. Même s'ils se doutent que la mort de Beth m'a mis un coup, ils savent très bien qu'il n'y a pas que ça. Rick a compris que je ne dirai rien. Carol, elle, essaie de me faire parler mais elle voit que c'est plus profond. Qu'il y a autre chose, . . . qu'il y a quelqu'un . . . Mais je ne peux pas leur en parler, elle est rien qu'à moi.

Alors je me renferme sur moi – même et je pars chasser ou chercher de l'eau le plus souvent, pour être seul, seul avec mes souvenirs. Je redeviens aussi muet qu'au début, il m'arrive même de passer plusieurs jours sans parler. Les hochements de tête et les grognements suffisent à me faire comprendre. Les membres du groupe me laissent me mettre à l'écart comprenant que j'en ai besoin. Même Rick lâche peu à peu l'affaire. Carol s'est différent, elle veut me protéger, . . . mais je ne peux pas, je ne veux pas . . . mais je la laisse faire car Carol est comme ça, il faut qu'elle s'occupe des autres. Moi je veux juste qu'on me foute la paix et par dessus tout je veux la revoir, la serrer dans mes bras et ne plus jamais la laisser s'éloigner de moi.

Un nouveau est arrivé dans le groupe, Eugène, c'est un scientifique. J'y comprends rien mais il dit qu'il sait arrêter toute cette merde avec les rôdeurs. Rick a décidé de l'aider à rejoindre Washington, pour qu'il puisse faire ce qu'il doit faire. Un fois ça réglé, je la chercherai sans relâche . . . je refuse de l'abandonner.

Pour l'instant on n'a plus de véhicules donc on continue à pieds sous un soleil de plomb. Direction Washington.

Cela fait maintenant six mois que je suis séparée de Daryl. Enfin . . . séparée est un bien grand mot, puisque j'ai un bout de lui avec moi, me dis – je en caressant mon ventre déjà bien rond à ce stade. J'ai rapidement compris les nausées et la fatigue. Au début, j'étais en panique, je refusais même d'admettre que j'étais enceinte. Mais plus mon ventre s'arrondissait plus il fallait que je me rende à l'évidence. J'allais être maman, dans un monde rempli de rôdeurs, seule, et ne sachant pas où est le père de mon enfant.

Daryl me manque terriblement. Je parle beaucoup au bébé de son père, de son courage, de sa bonté, de son sale caractère aussi. Cela me fait du bien de parler de lui au petit par contre si on m'observe je dois avoir l'air d'une folle, mais peu importe. Ma décision était prise. Je mettrais au monde ce petit bout de nous et je le protégerai jusqu'à mon dernier souffle. Je me demande souvent la tête que va faire Daryl quand il me verra avec le petit ou la petite dans les bras. À mon avis ça promet d'être épique. Mais j'ai confiance en nous.

J'ai avancé vers Washington, en suivant des rumeurs entendues dans différents groupes. J'ai choisi de poursuivre seule jusque là car les quelques groupes que j'ai rencontrés avaient franchement pété les plombs. Par contre je m'interroge franchement sur ma capacité à mettre au monde seule mon bébé. L'échéance se rapproche et il faut vraiment que je trouve une solution.

Je suis sortie de mes pensées par des grognements bien trop familiers. Je me lève difficilement, gros bidon oblige, mais une fois debout j'achève ses deux charognes avec une facilité déconcertante et une technique imparable. Premier coup dans la rotule pour les déséquilibrer et un coup de couteau dans le crâne pour les achever.

Des applaudissements retentissent dans mon dos, je me retourne prête à en découdre s'il le faut.

_ Waoh, du calme maman ours, me dit l'homme vêtu d'un long manteau en cuir noir et d'un bonnet, voyant mon air déterminé et peu engageant.

_ Qu'est – ce que vous me voulez ? Demandais – je toujours sur la défensive en analysant la situation.

_ Je voudrais faire un truc pour toi, . . . mes amis m'appellent Jésus, poursuit – il en me tendant la main en signe de paix.

_ Luce, dis – je en serrant rapidement sa main, puis reculant d'un pas je poursuis, et pourquoi ferais – tu quelque chose pour moi, on ne se connaît pas et de nos jours rien n'est gratuit, alors . . .

_ J'ai une communauté, mon rôle est de trouver de nouveaux habitants et avec toi je fais coup double, dit – il en pointant mon ventre avec un sourire, ce qui est important c'est le nombre et de savoir se battre. Ce que apparemment tu sais faire. Donc si tu le souhaites, tu pourrais venir, qu'en penses – tu ? Me demande – t – il avec un sourire franc.

_ Et où le problème ? Demandais – je pas encore sûre ma décision.

_ C'est à dire ? Me répond – t – il comme s'il ne voyait pas où je voulais en venir.

_ À notre époque on n'a pas rien sans rien, donc quelle est la contre partie pour vivre dans la communauté du bonheur ?

_ Il n'y a pas vraiment de contre partie Luce, continue – t – il en me regardant droit dans les yeux, tu sais te battre et chasser. Tu pourrais peut être l'enseigner à certains d'entre nous si tu es d'accord bien sûr.

Je regarde ma main poser sur notre enfant à venir. Puis je me plonge dans les yeux de Jésus, et c'est comme avec Daryl, j'ai le sentiment qu'il ne me fera pas de mal. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai envie de le croire. Il aurait déjà très bien pu me tuer plusieurs fois mais il ne l'a pas fait. Et puis, ce sera peut être un bon endroit pour mettre au monde notre bébé. Il faut que je pense à nous avant tout, ensuite on se remettra à la recherche de ton père mon petit bout me dis – je à moi – même.

_ Ok, je viens voir, dis – je avec un sourire.

_ Cool, me répond Jésus.

Je m'avance pour récupérer mon sac et le mettre sur mon dos, quand Jésus m'arrête.

_ Hors de question que tu portes un truc, t'es enceinte, tu dois prendre soin de toi, me rappelle – t – il à l'ordre sérieusement.

_ Et comment crois – tu que j'ai fait ces six derniers mois, lui répondis – je en me marrant littéralement.

_ Oui, et bien c'était avant, puis il s'incline devant moi et reprend, pour vous servir maman ours.

_ J'aime bien maman ours comme surnom, et comment s'appelle cette communauté où tu m'emmènes ?

_ La colline.

_ La colline, c'est un joli nom.

_ Il a un père ton bébé ?

_ Oui bien sûr . . .

Je commence à raconter notre histoire à Jésus qui n'en perd pas une miette. Je le soupçonne d'être un romantique sous ses airs de ninja. J'avance Daryl et je vais avoir notre bébé puis on se retrouvera.

The Walking Dead Luce ReedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant