Chapitre 2

4K 381 27
                                    

Le soir, je dus préparer mes affaires afin de pouvoir m'en aller de ce lieu de désolation. Mes camarades de chambre ne dirent rien alors que je rassemblais le peu de vêtements et les deux-trois livres que représentaient mes possessions. Je sentais pourtant leur regard sur ma nuque, me piquant désagréablement. J'avais honte de moi, à ce moment. Je me détestais...

Le lendemain, dame Evily vint me chercher avant le levé de soleil. Elle fut surprise en me voyant éveillé à cette heure-là, assis devant le dortoir, un livre dans les mains.

- Déjà debout, Arraï ?

Je haussais les épaules et me levais, mon petit sac sur l'épaule. Je fermais mon livre et le glissais rapidement dans ma sacoche.

- Bon, on peut donc prendre le départ. C'est plutôt une bonne chose.

Elle me fit un petit sourire.

- Allons-y.

Nous traversâmes tout le camp à l'intérieur duquel j'avais été enfermé durant dix longues années, et je remarquai deux chevaux que l'un des gardes de l'entrée tenait. Les soldats s'inclinèrent au passage de la mage, la saluèrent d'un petit « Bonjour, Dame Evily ». Mais quand ils me remarquèrent, je sentis leur animosité envers moi. Cela ne me fit ni chaud no froid.

La femme saisit les rênes de nos montures et me tendit une paire.

- Tu sais monter à cheval... ? demanda-t-elle, soucieuse.

Je secouais la tête. On ne nous apprenait pas ce genre de chose.

- Mmh... Le chemin jusqu'à la capitale est long. Ça va poser un problème si nous ne pouvons pas faire d'allure...

- Je m'adapterais, lâchais-je platement, prenant doucement les rênes de la bête noire qui me faisait face.

J'aimais la lueur douce trainant au fond de son regard brun et caressais doucement son museau. Il baissa la tête docilement.

Mon guide me jaugea puis hocha la tête.

- Bien, en selle, jeune homme.

Je me hissais sur le dos de l'animal, imitant dame Evily, puis nous nous mirent en route. Bien que j'eu quelques difficultés au départ, je finis par m'habituer à la douce balance de ma monture.

Au fur et à mesure que la journée avançait, nous firent aussi du trot, une allure que je jugeais comme très inconfortable, et du galop, quelque chose de grisant.

La capitale, Haykydo, apparut à nos yeux à la fin de la journée, peu avant la nuit.

- Bienvenue, mon jeune Arraï, à notre belle ville tant aimée, déclara mon guide avec un sourire. J'espère que ton nouvel habitat te plaira. Bien, rentrons à Maison des Mages, les autres sont sûrement impatients de te rencontrer.

Je ne dis rien. Je doutais fortement de ça.

Une dizaine de minutes plus tard, nous nous arrêtâmes devant des écuries magnifiques. Je descendis de mon cheval, lui offrant une caresse sur l'encolure et je vis dame Evily faire de même. Une jeune femme arriva et pris les rênes de l'alezan, puis s'approcha de moi.

- Puis-je prendre votre monture, messire ? demanda-t-elle doucement.

Je fus surpris par le terme qu'elle avait employé pour me parler, et lui confiais la bête.

- Je ne suis pas un sire... Et merci.

Je croisais le regard perçant de la femme qui m'avait emmené avec moi. Elle hocha la tête d'un air approbateur.

- Bien, merci pour ton aide, Sybie. Arraï, viens avec moi, je vais te montrer ta chambre temporaire, le temps que l'on te trouve un appartement en ville.

Je fus surpris mais j'acquiesçais. Elle m'emmena dans une maison avoisinant l'écurie et me mena dans une petite pièce très chaleureuse avec un lit semblant des plus confortables. Une petite armoire était posée sur le mur de gauche, tandis que la fenêtre se trouvait face à moi, donnant une vue splendide sur la capitale. Je posais mon sac sur le lit.

- Bien, tu as faim, j'espère ? demanda mon hôte.

Je haussais les épaules, la faisant soupirer.

- Tu n'es pas très éloquent, jeune homme. Il faudra bien que tu t'ouvres un peu, tu sais ? Les choses vont changer pour toi, et dans un meilleur sens.

Je secouai la tête.

- Je sais que vous êtes venus pour cette chose que je contiens. Je suis une arme, c'est tout. Je n'ai pas besoin de parler ou de faire part de mon ressenti, c'est aussi simple que ça, dis-je, tentant de cacher ma peine.

Je l'entendis soupirer.

- Je ne suis pas venue uniquement pour ce que tu possèdes en toi, Arraï. Tu es quelqu'un de bien et je le sais. Je ne prendrais pas n'importe qui sous mon aile, sache-le... L'usage de la magie peut être bonne comme mauvaise, et certains mages ont très, très mal tourné. Je sais que ce ne sera pas ton cas, et je sais aussi que tu seras plus heureux en sachant que tu peux défendre tout ce que tu aimes en sachant contrôler cette force.

Je ne répondis rien, jugeant ça inutile. Elle grommela quelques mots.

- Bon, allons manger.

Elle me conduisit alors dans une salle à manger ou se trouvait déjà six personnes, ayant entre treize et soixante ans, à première vue.

Je détaillais chaque individu : la personne la plus jeune, un jeune garçon aux cheveux blonds et aux yeux gris, me regardait avec un air intrigué. Une jeune fille lui ressemblant mais semblant plus âgée me lançait un regard méfiant. A côté, une dame aux cheveux brun courts discutait tranquillement avec un homme plutôt âgé aux cheveux grisonnant et au regard brun très doux. Un autre garçon, avec les mêmes cheveux noirs et yeux verts qu'Evily me fixait étrangement, alors qu'à sa droite une jeune femme aux cheveux roux semblait inquiète.

- Bien, bien, bien... Il est temps de faire les présentations, mes amis !

Toutes les personnes présentes cessèrent leur discutions et se tournèrent vers moi.

- Je vous présente notre nouvelle recrue, Arraï ! Je vous prie de lui faire bon accueil !

Arraï - La Légende du Roi DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant