Chapitre 13

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C'était il y a dix ans. Le réveil n'avait pas été facile. Il ne l'avait jamais été, à vrai dire...

Se lever au seau d'eau glacée, ce n'est pas très agréable. Mais c'était pourtant comme ça. Si on ne faisait pas bien le boulot, on se recevait quelques claques. Les enfants de mon village n'avaient jamais connu la douceur. Peu de parents étaient gentils avec leurs enfants, à vrai dire...

Pourquoi ? C'est votre question, je parie.

Simplement parce que les soldats l'avaient décidé. Le général qui résidait dans ce petit village du nom de Floria détestait les enfants. Il avait donc conditionné les parents.

« Ça les rendra robustes et forts ! » disait-il. « Ce seront les meilleurs combattants de tout le royaume ! »

Peu de monde avait été d'accord. Alors, pour l'exemple, il avait tué une famille entière. Brûlés au centre du village pour trahison. Voilà le motif.

Mes parents m'avaient donc traité comme les autres enfants, pour me protéger de la mort. Mais je savais qu'ils m'aimaient plus que tout. Je les avais entendu pleurer plus d'une fois après m'avoir couché.

C'est pour cette raison que je n'avais pas de rancœur pour ceux qui avaient détruit mon village.

J'avais compris le sous-entendu de Merias. Il se pouvait que Urano soit cet homme qui m'avait sauvé.

Et pourtant...

Et pourtant je ne pouvais me résoudre à le laisser tomber. Si un homme qui m'inspirait paix et confiance avait vraiment détruit ce village, alors il y avait aussi une part d'ombre et de non-dits qui n'éclairait pas tout...

Telles furent mes pensées alors que je courrais en direction de la tour.

Prendre une monture aurait été trop risqué, je le savais pertinemment. Alors j'avais pris la route à pieds. Il me faudrait au moins cinq heures ou six heures si j'étais assez rapide. Serait-ce seulement suffisant ? Il ne fallait que deux à trois heures à cheval. J'avais si peur de manquer de temps...

***

L'homme en blanc ne pouvait quitter la forêt des yeux. Il sentait son cœur se serrer. Il le sentait approcher.

- Mais que fait-il ici...

Il se tourna vers l'intérieur de la pièce et se mit à tourner en rond. La porte s'ouvrit doucement.

- Bon sang, arrête de tourner ainsi, tu me donner mal à la tête !

L'intéressé se stoppa et lança un regard angoissé à son camarade.

- Oran, il s'approche de la tour... Que va-t-on faire ? Et s'il se souvient ? Peut-être qu'il ne m'acceptera pas... Peut-être va-t-il me rejeter ?

Son interlocuteur soupira et secoua la tête.

- Cesse de te faire du mouron. On saura quand il sera là. En attendant... Allons nous assurer que notre camarade se réveille bien.

- Je... D'accord, déclara l'individu drapé de blanc dans un soupire.

Tous deux descendirent dans les profondeurs de la tour. Ils arrivèrent devant deux immenses portes en bois et aux bordures mordorées scellée par d'étranges symboles.

Le compagnon du dénommé Oran s'approcha et posa une main sur le centre, prononçant quelques paroles dans une langues oubliée depuis des siècles...

Les portes s'ouvrirent lentement. Les individus entrèrent dans un silence religieux...

Au centre de la pièce, un faisceau de lumière éclairait d'une lueur faiblarde une couronne de branches d'argent délicatement entrelacée, dans une harmonie douce et parfaite. Le tout était posée sur un vieux livre, qui lui-même reposait sur un meuble de pierre.

Arraï - La Légende du Roi DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant