Episode random n°Esquisse et esquive

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Princesse Morgane, prise dans sa contemplation de l'œuvre d'art sur son mur, réfléchissait à la manière d'améliorer la fresque que formait tous les trous dans la pierre, résultat de ses nombreux lancers de couteau.

Il manquait un nuage et, qui sait, peut-être un dragon ? Ce mur-ci, en face de son lit, représentait une scène de combat au milieu d'un champ entre deux chevaliers en armure.

Il manquait définitivement un dragon et elle aurait besoin d'une référence.

Elle prit une dizaine de ses couteaux et appela Alzaïr. Ce dernier arriva à toute vitesse, inquiet qu'elle ait pu être en danger. Avec son épée en main, encore torse-nu, il ouvrit la porte d'un grand coup de pied, sortant celle-ci de ses gongs.

Morgane regarda son gardien comme s'il était devenu fou et faillit en lâcher ses couteaux.

« Ma... Ma porte... Mon... Seul semblant d'intimité... »

Alzaïr déglutit. Il était courageux, presque sans peur, mais lorsqu'il s'agissait de Morgane, plus elle grandissait, plus il était dangereux de la mettre en colère. Pire que Chourouge, la fée marraine.

« Pour te racheter, tu vas te transformer en dragon et faire tout ce que je te demande. »

« Pardon ? »

Elle lui fit son plus beau et grand sourire, celui qu'il pouvait adorer et détester à la fois. Pour une raison ou une autre, ce jour-là, il le détestait. Cela ne présageait rien de bon.

Morgane avait les mains derrière son dos et continuait de sourire. Elle ordonna à son dragon, une fois celui-ci transformé, de prendre la pose qu'elle lui demandait et lança les premiers couteaux sur le mur en face d'elle.

Lorsqu'il bougeait, éternuait ou tremblait, le pauvre Alzaïr voyait passer un objet très tranchant juste devant son museau. Ce n'était pas au point qu'il se demandât pourquoi il avait été choisi afin de garder un tel énergumène, mais il maudit tout de même près de trois fois sa propre mère pour l'avoir mis, lui, au monde.

Alors qu'il arrivait à la quatrième fois, il entendit sa princesse crier. Il n'osa, sur le coup, pas bouger, jusqu'à ce qu'un étrange couteau de lancer en forme d'étoile vienne se planter sur sa queue. Il cria et se retourna pour voir, posé sur la fenêtre, un humain habillé en noir et dont le visage était couvert d'un tissu, si bien qu'on en voyait que les yeux. Il se sentit étourdit et ne put plus bouger. L'avait-on empoisonné ?

Morgane réussi, étrangement, à esquiver quelques-unes de ces étoiles de métal, avant qu'elle ne se retrouve contre le mur, une des lames plantée dans son vêtement pour l'empêcher de se libérer.

« Je suis venu ici au nom du prince Atsuo Oujisama! »

« Oh, ben voyons ! Et il ne peut pas venir sur son cheval Hakuba ? »

« C... Comment savez-vous le nom de sa monture ? »

(*note : Atsuo signifie « époux fidèle » et « Hakuba » signifie cheval blanc en japonais*)

« Juste une intuition. Donc, vous êtes là pour quoi ? Passer un message ? »

« Non. Je suis un ninja venu vous récupérer, Morganehime »

(*Morganehime ou Morgane hime , peut se traduire par Princesse Morgane. C'est le titre honorifique japonais, un peu comme « san » ou « chan », mais pour les princesses. *)

« Donc votre prince n'a pas pris la peine de se déplacer et vous a envoyé à sa place ? Ce n'est pas une preuve de courage... »

« Eh bien... »

« Il est interdit de faire ça. Si vous aviez été noble, vous auriez eu le droit de me récupérer, mais ce n'est pas le cas, n'est-ce pas ? »

« En effet... »

« C'est donc contre les règles. Votre prince doit venir de lui-même et battre mon dragon. »

« Ah... »

« Cependant, avant que vous ne partiez, j'aurais un service à vous demander... »

« Oui, Morganehime ? »

« Pourriez-vous, s'il-vous-plaît, me libérer, puis me dire quand mon dragon sera de nouveau capable de bouger ? »

« Bien entendu. Dans cinq minutes, il devrait de nouveau être sur ses pieds. »

Il retira la lame et la remit dans une poche.

« Que sont ces couteaux ? Je ne les connais pas... »

« Des shuriken. »

« Pouvez-vous m'apprendre à les lancer et à les esquiver ? C'est super intéressant. »

« Euh, je ne sais pas... »

« Je vous féliciterai en envoyant une lettre à votre prince. »

« Alors c'est d'accord. »

Depuis ce jour-là, Morgane apprit à esquiver les objets lancés vers elle, ainsi qu'à utiliser des shuriken. Sa maîtrise pour cet art impressionna le ninja, tant qu'il n'en cessa de faire l'éloge de Morgane.

Jaloux, le prince arriva dans la tour de la princesse, mais n'eût jamais le courage de battre le dragon qui la gardait. Cependant, il eut le droit à une démonstration des talents de la jeune femme. Impressionné, il décida que la princesse méritait un prince bien plus vertueux qu'il ne l'était et partit, en laissant comme cadeau, le ninja qui avait eu pour mission d'enlever la princesse.

C'est ainsi que Genkishi rejoignit les alliés de Morgane.

(*Genkishi signifie, d'après mes sources, « Chevalier fantôme » *)

Quant à la fresque, Morgane réussit enfin à la finir avec l'aide de son nouvel ami et de son dragon qui continua à lui servir de modèle jusqu'à en avoir des crampes.

La Princesse et le DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant