Chapitre 1

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Allongée sur le matelas crasseux où j'avais été installé depuis mon enlèvement, j'essayais de fermer mon esprit comme j'avais l'habitude de le faire depuis ce qui me semblait une éternité pour ne pas ressentir la douleur de mes côtes brisées. Il avait été si violent i peine deux jours que cela en était encore douloureux. Cependant, même si la douleur était là, j'y étais tellement habituée que je parvenais facilement à l'occulter. De plus, elle n'était rien comparée à la souffrance mentale que j'avais ressenti en voyant Jacob se faire tuer. A cette pensée, je ne pus m'empêcher de frémir et fermai automatiquement les yeux. Je ne voulais pas y penser, je ne voulais plus. J'avais tellement cauchemarder sur cela et sur tout le reste que désormais, je m'interdisais d'y penser ne serait-ce qu'une seconde.

J'allais bien. Tout allait bien. J'étais encore chez Charlie. Il était encore près de moi, à m'écouter, à me protéger. Je continuais d'aller au lycée et d'ici quelques mois, j'allais enfin avoir mon diplôme. Tout allait pour le mieux. Comme tous les mardis soir, j'allais sur la tombe de ma mère et je lui racontais ce qu'il s'était passé dans ma vie durant la semaine qui venait de s'écouler. J'allais bien, j'étais heureuse. Les seuls moments où je devais me concentrer davantage pour penser à cela étaient les fois où l'un d'entre eux descendait me voir. Je devais me concentrer très fort pour ne pas ressentir ce qu'ils me faisaient subir. Heureusement, cela faisait deux jours qu'ils n'étaient pas descendus. Je n'avais donc pas mangé ni même bu depuis deux jours mais je m'en fichais. Je préférais mourir de faim et de soif plutôt que les revoir.

Mes kidnappeurs étaient des monstres. Il ne m'avait pas fallu longtemps pour comprendre quelle était leur véritable nature. Mon inconscient l'avait déjà deviné lorsqu'ils avaient tué Jacob mais ma conscience n'avait pas voulu l'accepter. Ce n'est que quand l'un d'entre eux était descendu, m'avait fait saigné au niveau du bras droit avec un couteau et qu'il s'était mis à lécher goulûment le sang qui s'échappait de la blessure que j'avais compris qu'ils étaient des vampires. Les jours qui avaient suivi n'avaient fait que me confirmer ce que je savais déjà. Les premiers jours, j'avais essayé de résister à leurs attaques, j'essayais d'appeler à l'aide mais j'avais vite abandonné en comprenant que cela ne servait à rien et que ça les rendait encore plus sauvage. Je restais alors là inerte pendant qu'ils faisaient ce qu'ils voulaient de moi. J'avais souhaité mourir un million de fois mais ce n'était jamais venu. A croire que même la mort voulait jouer avec moi.

Soudain, les nombreux verrous de la porte se firent entendre et je fermai encore plus fortement les yeux. Qu'allaient-ils me faire subir aujourd'hui ? N'étais-je déjà pas dans un piteux état ? Je ne devais pas y penser. Pense à Charlie. Pense à tes amis. Je me forçai alors à nouveau à imaginer que j'étais ailleurs. J'étais assise dans la cuisine en train de faire mes devoirs. Charlie n'allait pas tarder à rentrer et comme d'habitude, il viendrait me demander comment s'était passée ma journée. Je lui répondrais alors que j'avais une nouvelle fois tenté de faire comprendre à Jessica Stanley que je ne m'intéressais pas à Mike Newton, contrairement à ce que ce dernier répétait. Puis je lui raconterais qu'on avait parlé de Roméo et Juliette en cours de littérature. Charlie finirait par aller s'installer devant un match de football tandis que j'irais préparer le repas. Nous passerions une soirée comme tant d'autre mais au moins, nous serions ensemble.

- Bella ? fit une voix masculine en venant doucement caresser mes cheveux.

Peut-être que si je faisais semblant de ne pas avoir attendu ou de dormir, me laisserait-il en paix. Cependant, je pris rapidement conscience que quelque chose clochait. Jamais mes ravisseurs ne m'avaient appelé par mon surnom, ils avaient toujours utilisé mon nom complet. De plus, cette voix m'avait l'air inconnu. Quelqu'un m'avait-il retrouvé ? Je fis taire l'espoir avant qu'il ne naisse complètement en moi. Ils avaient déjà tenté de me faire croire que quelqu'un venait me sauver et au final, cela n'avait été pour eux qu'un moyen de s'amuser davantage avec moi. Et si.. Et s'ils avaient amené un de leur congénères pour que lui aussi joue avec moi ?

A dangerous likenessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant