Prologue

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          Le soleil brillait

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          Le soleil brillait. Les oiseaux migrateurs revenaient dans le Royaume, répondant en chœur à l'appel des premiers rayons de l'astre lumineux. Leurs chants, plaisants et envoûtants, berçaient l'atmosphère. Dans la cour du château, les arbres revêtaient une épaisse toison herbue, les bourgeons n'étaient pratiquement plus et les fleurs réchauffaient les jardins ininterrompus. Une grande fête se préparait en l'honneur du solstice d'été, afin de célébrer le retour du Printemps. Dans le petit salon, la reine observait d'un œil bienveillant les roses s'épanouir à l'aube d'un jour nouveau. Elle fut ravie de constater que ses biens aimées avaient survécu à l'hiver passé. Des rires d'enfants résonnaient dans le palais, apportant la chaleur et la nostalgie qui lui manquait. Deux petites filles débordantes d'énergie couraient sans prendre garde, dérangeant les serviteurs qui se poussaient à la vue de ces deux piles électriques.

Cassiopée ferma les paupières pour apprécier la joie de son enfant. Elle porta à ses lèvres rosies une tasse fumante de tisane au gingembre. Aujourd'hui, elle avait une annonce importante à faire à ses Sujets.

Soudain, le tonnerre gronda.

La princesse Roselia, épuisée par sa course effrénée, se précipita vers la fenêtre de la grande salle-à-manger. Elle constata qu'aucun nuage n'obscurcissait l'horizon. Le ciel était aussi bleu que le vieux service à thé que l'empereur de Chine lui avait offert cette année pour son dixième anniversaire. Elle aurait largement préféré des dagues jumelles ou un katana, là au moins, elle s'amuserait. Le château était déjà enseveli de vaisselle ! Qu'allait-elle faire de toute cette porcelaine ? Elle haussa les épaules, peut-être pourrait-elle s'en servir comme cible pour tester son nouvel arc ? La jeune fille bougonna, il lui avait échappé que sa mère venait de lui confisquer pour avoir taché les cuisiniers avec des flèches à pointes colorées. Pourtant, il n'y avait pas mort d'homme !

« Roselia, tiens-toi droite ! Roselia, sois aimable avec les invités ! Roselia, les princesses bien élevées ne mordent pas les gens ! »

- Gnagnagna...

Elle n'avait jamais voulu être une princesse ! La jeune fille jeta un œil au félin niché dans un parterre d'herbacées bariolées. Perdue dans ses songes, elle rêvait d'être un chat, comme ce bon vieux Rattus. Ce fainéant passait ses journées à dormir où bon lui semblait : sur les fauteuils, sur une table et même parfois, sur un tapis. Personne ne le réprimandait jamais, lui !

La porte s'ouvrit à la volée. Le fil de ses pensées interrompu, elle sursauta. Le Roi, essoufflé et transpirant, pénétra dans la pièce en titubant. Sa chemise était souillée d'un rouge pivoine. Cette couleur ne lui seyait guère au teint. Elle rendait sa peau d'autant plus blafarde qu'à l'accoutumée et masquait ses taches de rousseurs qui s'intensifiaient à la venue du soleil. Il s'agenouilla sans un effort, se mettant à la hauteur de sa fille inquiète. Roselia fronça les sourcils devant l'étrange attitude de son père. Cela ne lui ressemblait pas. Il saisit le bras de sa princesse, puis il retira la broche qui ornait son vêtement, avant de la placer au creux de sa paume enfantine.

- Tu dois me promettre de... tu dois la garder précieusement, promet-le moi !

Il enserra ses doigts par dessus le poing fermé de Roselia et le pressa fortement. La gamine hocha la tête, les larmes aux yeux. Il lui faisait peur ! Pourquoi lui léguait-il le symbole royal, alors qu'elle n'avait jamais eu l'autorisation d'y toucher ? Elle tenta de reculer d'un pas mais Cyrius accentua son emprise.

- Écoute-moi attentivement, ordonna-t-il avant de se radoucir face à l'innocence de sa fille.

Il prit son visage entre ses mains, répandant un liquide rougeâtre sur sa peau de porcelaine.

- Roselia Héléna Seren, ma belle enfant, tu dois vivre.

Selon certains, un malheureux destin qui l'attendait... Les prophéties n'étaient qu'un mélange de fabulation et d'illusion, à l'image même de ces charlatans sans dons. Le roi la regarda intensément pendant de longues secondes comme s'il gravait les traits de son visage dans son esprit. Puis, il l'embrassa sur le front.

- Oui, tu vivras. Peu importe le prix qu'il me faudra payer, murmura-t-il d'une voix invétérée. On va aller se cacher, exactement comme la dernière fois, t'en souviens-tu ?

Roselia resta muette. De toute manière, elle aurait bien été incapable de parler. Sa voix restait bloquée dans sa gorge tant la situation l'étourdissait. Un étrange sentiment qu'elle n'arrivait pas à chasser lui serrait le cœur. Elle observait son père du coin de l'œil. Ses paupières étaient closes. Elle l'entendit murmurer, demandant pardon aux esprits ancestraux pour ce baiser. Avait-il fait quelque chose de mal ? Avant qu'elle n'ait eu le temps de s'interroger, il la hissa à l'intérieur d'un grand coffre taillé dans le bois d'un vieux chêne.

Mais, si tous deux se cachaient, alors qui viendra les trouver ?

Elle jeta un œil par la serrure en bronze, et aperçut deux silhouettes se diriger vers son père, affaissé contre le divan. Ce n'était certainement pas la meilleure des cachettes ! Elle plastronna brusquement ses petites mains contre sa bouche, empêchant un hurlement strident de s'extraire. Le buste de son père s'écrasa durement contre le plancher. Chaque parcelle de son petit corps se mit à trembler contre son gré. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine, son sang pulsait dans ses tympans et troublait son audition. Elle cligna plusieurs fois des paupières, des perles salées dévalaient le long de ses joues.

Bientôt, le coffre se remplirait de ses pleurs et elle se noierait dans ses larmes.

L'odeur du sang l'assourdissait. Les gémissements de son père agonisant la décontenançaient. Était-elle en plein cauchemar après s'être assoupie ? Cela lui arrivait souvent après s'être goinfrée de sucreries. Pourtant, elle ne se souvenait pas en avoir mangé. Les tremblements accaparaient ses muscles, si bien, qu'elle osait à peine respirer de peur de se faire remarquer. La princesse était dans un état second. Son corps était dans cet endroit sombre et angoissant, mais son esprit lui, se perdait au milieu des chiffres.

Elle comptait.

Les nombres s'additionnaient avec effroi. Les dizaines devinrent des centaines. Les centaines, quant à elles, se transformèrent rapidement en milliers. Il arrivait parfois qu'elle se perde dans ses numérations. Elle recommençait, encore et encore, jusqu'à ce que les ténèbres l'enlacent et que la lune les embrasse.

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J'ai longtemps hésité avant de poster cette histoire. Mais me voilà finalement lancée !

Quels sont vos premières impressions sur ce prologue ? 🤔

J'ai hâte de lire vos avis ! N'hésitez pas à voter ou à commenter si l'histoire vous plait !

Des bisous. 🍃

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