Teïlo dansait maladroitement sur ses deux pieds. Son poing ne daignait assommer sa victime.
Il était là, tendu comme un arc, face à cet imposant mur qui ne bronchait pas d'un pouce.
Il inspira longuement, gonflant ses poumons à bloc, prêt à charger sa cible d'une seconde à l'autre. Sa main trembla. Il hésitait à s'emparer de son dessein. La pluie ravageait ses vêtements, emportant courage et assurance dans son sillage.
Trois coups résonnèrent, il pénétra finalement dans l'appartement qu'il redoutait tant.
— Pas mal ta nouvelle copine. Bon, elle a surtout l'air d'une idiote mais on ne peut pas trouver chaussure à son pied du premier coup, n'est-ce pas ?
— Eliot, souffla-t-il. On a déjà eu cette conversation des centaines de fois, je ne changerai pas d'avis.
Un rire acerbe transcenda, escortant le silence alourdissant qui régnait dans la modeste habitation.
Ploc.
Seul l'avalanche d'eau pluviale canardait les tuiles abîmées du toit. Dans une vile imitation de bombardement guerrier, elle comblait le mutisme qui s'amarrait dans l'atmosphère électrisant.
Ploc. Ploc. Ploc.
Teïlo évitait méticuleusement son regard, préférant se perdre dans la contemplation du salon dont les meubles semblaient ne pas avoir changé de place. Le vieux canapé à ressorts étaient toujours ancré au même endroit, face à une vieille télévision en cube. La multitude de disques qu'il lui avait déniché pour son anniversaire s'empilait dans un coin de la pièce. À l'autre bout, séjournait quelques saladiers éparpillés dans la cuisine.
Teïlo fronça les sourcils, constatant que les fuites n'avaient pas encore été réparé.
— Je suis désolé, mais je n'ai pas le choix.
— Pas autant que moi, cracha Eliot d'une voix si ardue qu'il en frémit.
Teïlo contenait son exaspération. L'envie de secouer cette tête de mule par les épaules et de lui hurler que les choses allaient s'arranger le titillait périlleusement. Il camouflait son chagrin, en voyant son ami lui tourner le dos de façon à mettre fin à leur laconique échange.
— Ne m'abandonne pas Eliot... pas maintenant, débita-t-il les paupières closent.
Son cœur se comprimait dans sa poitrine, lui faisant un mal de chien. Teïlo manqua de tomber à la renverse quand sa vision s'éclaira de nouveau.
Les yeux perçants d'Eliot le dévisagèrent amèrement. Son souffle chaud caressa délicatement son visage. Il essuya d'un geste lent les larmes qui avaient fui leur poste.
Teïlo venait de rompre sa promesse, celle de se tenir à l'écart de son ami pour éviter les soupçons. Sa première intention était de le protéger, coûte que coûte. L'envie de le revoir rongeait progressivement ses pensées jusqu'à ce qu'il ne puisse plus résister.
— Vas-t-en.
Teïlo ravala un sanglot, tant ces mots le blessèrent intérieurement.
Visiblement, le reconquérir s'avérait plus difficile que prévu !
Une chose était sûr le concernant : il n'était pas du genre à abandonner aussi facilement. Eliot lui reviendrait un jour ou l'autre. La patience était le maître mot dans ces circonstances.
Puis il s'éclipsa, chevauché par une tristesse qui ne lui était d'aucune aide sous cette maudite pluie.
*
VOUS LISEZ
L'Héritière
AvventuraAedan Monroe, chasseur de prime renommé et tueur à gages à ses heures perdues, obtient un nouveau contrat avec le Gouverneur. Il doit débarrasser la Capitale d'un mystérieux fauteur de troubles : Le Corbeau. Au cours de sa mission, il fera la renco...