Chapitre 1

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    Héléna avait toujours pensé que l'hiver était la meilleure saison pour mourir

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    Héléna avait toujours pensé que l'hiver était la meilleure saison pour mourir. La nuit tombait rapidement. L'obscurité dévorait le Soleil à mesure que les journées raccourcissaient. La Terre s'inclinait devant l'univers, réduisant ainsi sa distance avec son voisin au cœur enflammé. Les rayons de l'astre du jour se reflétaient sur les plaines enneigées. Les branches des arbres givrées scintillaient comme si un millier de pierres précieuses en étaient le fruit. Les couleurs du ciel arborait une teinte pastelle et l'atmosphère était aussi clair que de l'eau de roche. Les montages aveuglantes défiaient les cieux. Les torrents autrefois si mouvementés se remplissaient de neige jusqu'à ce que le temps les arrêtent. Les vents tempétueux qui sévissaient en cette saison bousculaient les âmes échaudées..

Un silence de mort régnait sur le royaume blanc.

Mais il ne fallait pas se fier à ces paysages idylliques, l'hiver était cruel. Le froid, tel une ombre s'immisçait dans les demeures. Un sombre Marchand de sable qui attendait sagement que les Hommes s'assoupissent pour les emprisonner dans un sommeil éternel.

Les Chandeleur en étaient un bon exemple. Cette famille précaire résidait dans le quartier des Malfamés. La pièce unique dans laquelle ils passaient l'hiver était confortable. Ils y veillaient ! Comme tous les soirs, monsieur Chandeleur et sa femme se relayaient près du feu de cheminée, le seul endroit que le froid fuyait comme la peste. Comme tous les soirs, l'assiette était peu remplie, mais ils s'en contentaient. Les maigres rations dont la famille disposait leur suffisaient. La récolte précédente n'avait pas été florissante et l'hiver était arrivé en avance cette année. Les parents se rationnaient, préférant privilégier leur fils unique. L'enfant, en pleine croissance, devait avoir les ressources nécessaire pour survivre au Mal Blanc.

Comme tous les soirs, le petit garçon rejoignit les bras de Morphée en premier, s'en suivit de sa mère. Mais ce soir là, monsieur Chandeleur s'endormit et le feu s'éteignit. Le Marchand était passé et la mort avait frappé.

Héléna eut tout juste le temps d'admirer le ciel étoilé avant de s'éteindre dans la pénombre. Aux aguets, ses iris dorés, identique à deux astres déchus galopaient furtivement d'elle. Le bruissement des feuillages donnait une douce mélopée qui habillait le calme platonique de la ruelle.

Elle enfila sa capuche d'un geste avisé et répété, masquant irrémédiablement son visage. Les flocons de neige effaçaient d'ors et déjà les empreintes de pas qui venaient à peine de fouler le sol blafard.

Le cœur lourd de culpabilité, elle enjamba le corps gelé d'un vagabond - dont les muscles atrophiés le recroquevillaient sur lui-même. La baisse brutale des températures étaient fatales à quiconque oserait la sous-estimer. Une fois le métabolisme ralenti, les battements du cœur s'estompaient et la respiration s'atténuait. L'énergie qui alimentait le corps disparaissait, le laissant croupir dans une phase de léthargie. Néanmoins, il tentait de résister à cette attaque. Les muscles se contractaient et essayaient de produire de la chaleur. Les yeux grands ouverts du mendiant, violacés et asséchés par le gel, fixaient le ciel obscur. Aucune odeur ne se dégageait de l'œuvre peinte par l'artiste.

L'Héritière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant