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        Lim Mellark Everdeen. C'est mon nom.
    
       J'entre dans la salle de bain au marbre blanc de ma chambre. Je tourne le robinet de la baignoire, laisse couler l'eau chaude, me déshabille et attend que la baignoire se remplisse.

       Je suis pleine de terre et d'herbe. J'ai voulu faire la maligne en montrant à mon frère que je pouvais monter aux arbres, même si au fond je savais que j'en étais incapable. J'ignore pourquoi mais parfois, j'ai envie de faire des choses juste pour  prouver que je ne suis pas trop inutile. Alors bien sur, je suis grimpée à cet arbre, ce grand arbre tout près des ruines. J'ai agrippé une branche, la première qui m'est tombée sous la main, passé ma jambe dessus et suis instantanément tombée dans la boue. Mon frère est un crétin. Bien sur, il est gentil, trop gentil, mais il a rit de bon cœur en me voyant tomber. Honnêtement, je ne devrais pas lui en vouloir, j'aurai fait pareil à sa place. En fait, je suis même sure que je l'aurai nargué, ce qu'il n'a pas fait.

            En me frottant les cheveux, quelque chose me revient à l'esprit. Ils arrivent demain. Effie,Johanna, Bet, Joy, Grand-mère, Octavia, Flavius, Venia, Annie, son fils, sa belle-fille et Finn. Finn.

         Cela fait cinq mois que je n'ai pas vu mon ami Finn. Lui et sa famille: sa mère Jelly Odair, son père James et sa grand-mère, Annie Odair, viennent nous rendre visite pour quelques événements importants comme noël, la mort de Finnick Odair - mari d'Annie-, la mort de la sœur de maman -Primerose Everdeen- et la journée nationale en l'honneur de la fin de la guerre, il y a vingts ans.

       Ils viennent tous demain pour cette fête. Nous mangeons, dansons, buvons,  parlons, rions...
       Moi et ma famille -mon père: Peeta, ma mère: Katniss, mon frère: Gill et Haymitch, le vieux mentor drogué de mes parents- vivons isolés, dans le district douze, ou du moins, ce qu'il en reste. En vérité, nous habitons dans un quartier chic, seul endroit intact du village. Nous sommes les seuls habitants du district. Parfois j'avoue me sentir seule mais cela augmente d'autant plus ma joie de revoir Finn. Il est mon seul ami. Je n'en ai jamais eu d'autre. Mon frère sort avec Joy, la fille de Johanna Mason. Joy est tout aussi sauvage que sa mère mais je m'efforce de croire que c'est exactement ce qu'il faut à Gill. 

       Une fois que j'ai fini de me laver, je sors de mon bain, de la mousse plein le corps, les doigts fripés, les cheveux emmêlés. J'attrape une serviette, l'enroule autour de mes épaules, en frissonnant. Je me brosse le cheveux difficilement. J'ai les mêmes cheveux que ma mère : épais, bruns presque noirs, secs. 

       Après m'être habillée -j'ai mis des basket, un pantalon noir, un blouson en cuir-, j'attrape le téléphone et me pose dans mon lit. Je ne sais pas qui appeler, alors je compose un numéro au hasard. C'est un homme qui me répond. Sa voix est rauque et il a un fort accent. Il raccroche après que je lui ai dit que je faisais partie du Capitole et que je devais venir inspecter sa maison dans deux jours car il avait été suspecté de braconnage. Bien sur il ne m'a pas crue mais entendre les voix surprises et désespérés des gens à qui je fais les canulars est toujours un moment de bonheur pour moi. Disons que je me sens moins seule. Ne sachant pas quoi faire, je décide de m'endormir, ce que je fais toujours quand je m'ennuie.

       Quelques heures plus tard, ma mère rentre dans ma chambre pour me dire de venir manger. Elle chasse trois fois par semaine. Nous avons toujours de quoi manger. Nous avons même plus que ce qu'il nous faut car Plutarch Heavensbee, un ancien ami de ma mère et aujourd'hui conseiller de la présidente Paylor au Capitole, nous envoie régulièrement de la nourriture clandestinement ( ce qui n'est pas très raisonnable pour son statue...).

       Quand je me décide à descendre pour déjeuner, tout le monde a déjà terminé, je mange donc seule comme souvent.

        Après mon repas, je sort me promener dehors pour digérer. Je vais toujours me promener dans la forêt. Jamais dans les ruines. J'en ai peur, sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être parce que je suis la fille de Katniss et Peeta et qu'ils ont vécus la guerre. Ou peut-être parce que maman ne m'a jamais raconté l'histoire de ces ruines. De ce district. De cette guerre sanglante à laquelle elle a participé.

        Dans la forêt, je me sens libre, légère, forte, moi-même. Il m'arrive de prendre l'arc de ma mère et de tirer quelques flèches. Je n' ai pas le talent de ma mère mais je me débrouille. Elle me raconte que c'était aussi son endroit préféré, aujourd'hui encore, pour chasser et passer le temps avec son meilleur ami.

      Plus tard, mon frère me rejoint. Nous passons beaucoup de moments ensemble ici. Je lui montre comment tirer . Il me montre comment grimper aux arbres. Il essaie, il n'arrive pas à décocher une flèche. J'essaie à mon tour, je tombe dés la première branche. Comme à chaque fois. Notre vie est une éternelle répétition...

     Quand il commence à faire sombre et trop frais pour continuer, nous rentrons nous coucher, nostalgiques. Je n'aime pas la nuit. J'ai toujours peur de ne pas me réveiller. Cependant, cette nuit, je ne ferais pas de cauchemar. Je sais que demain une belle journée m'attends.

      À mon réveil le lendemain matin -vers sept heures-, je sens une grande joie m'envahir. Je vais enfin le revoir. Finn et tous les autres bien sur, mais surtout Finn. Je me lève péniblement et difficilement de mon grand lit -je dors nue depuis quelques temps, la chaleur devient insupportable-, m'habille, me passe de l'eau fraîche sur la figure et descend dévorer un bout de pain et boire un bol de lait. Je ne mange jamais beaucoup le matin. Je décide de passer ma mâtinée devant la porte d'entrée. J'aime voir le soleil se lever et j'ai l'intention d'être la première à accueillir nos invités.

      Mon père me rejoint quelques heures plus tard, une tartine de beurre à la main.

        "-Tu comptes attendre là longtemps? me dit-il. Ils n'arrivent que dans trois heures.

        -Oui, c'est ce que je compte faire."

        Mon père me regarde, comme s'il était désolé pour moi. Je déteste qu'on me prenne pour une enfant en détresse.

       "-On pourrait partir. Lui dit-je. Aller vivre ailleurs. Pourquoi n'a t-on jamais fais ça au lieu de rester isolé du monde dans ce foutu district. On pourrait aller en ville, voir les gens, alors c'est quoi le problème?"

         Je vois qu'un moment mon père hésite à me répondre alors je fronce les sourcils en sa direction.

       " -Le problème n'est pas là. Me répond t-il simplement."

       J'avoue détester mes parents. Je pourrais être plus aimable, moins solitaire si seulement ils n'avaient pas réduit ma vie à dormir, manger et me promener dans un bois. Comme un animal. J'ignore comment ils ont vécu, mais je suis sûre qu'aucune vie ne peut être pire.

       Je me surprends à m'endormir, alors je me lève et bois du café. Je déteste le café. Ce goût amer et fade en même temps. Mais j'avoue en boire souvent pour me remonter le moral. Mais je n'aurais pas du le boire. Je n'aurais pas du me lever. Je m'étais fait une promesse. Seulement en sortant de la maison, je vois un groupe de gens arriver, dont un garçon qui court dans ma direction.

THE HUNGER GAMES- le renouveau -LimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant