21-Dispute¹

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AMY

Je pénètrai dans la cuisine, furieuse. Ce connard allai m'entendre ! Traiter comme ça une fille complètement perdue avec qui il venait tout juste de coucher... Putain, mais non ! Je n'avais jamais vu un salopard pareil ! Aucun des cons avec qui j'avais baisé jusqu'ici n'avais osé me traiter comme ça, c'était bien la première fois que j'assistais à une attitude pareille !

Tobias était toujours debout près de la machine à café, sa tasse à la main. Sa mâchoire et ses poings serrés ne m'arrêtèrent pas un instant et je m'approchai rapidement de lui. Je m'arrêtai face à lui, et le fixai durement. Il posa lentement sa tasse sur la table et expira longuement, l'air de se retenir de gueuler. Je croisai les bras et attendis qu'il s'explique.

- Quoi ? demanda-t-il brusquement.

- C'était quoi ça ?

Il ne répondit pas, me regardant dédaigneusement. Son absence de réaction m'énerva encore un peu plus. Je lui criai dessus :

- Tobias ! Putain, mais qu'est-ce qui t'as permis de la traiter comme ça ?

- Putain, mais qu'est-ce que t'en as a faire ? Je traite les gens comme je veux, surtout les salopes avec qui je couche !

Alors là.

Ma main atterrit sur sa joue avec violence. Je ne reconnus pas ma voix, sourde et grave, lorsque je lui parlai.

- Tobias. Est-ce que tu t'entends parler ? Tu as conscience de ce que tu dis ?

Il me regarda d'un œil vide, en se massant la joue. Son air perdu m'adouci. Pourquoi fallait-il qu'il soit si beau ? Je poursuivis d'une voix plus douce, presque maternelle. Jonathan devait vraiment déteindre sur moi...

- Tu ne peux pas insulter les gens comme ça... Cette fille a couché avec toi, tu as couché avec elle. Vous étiez sûrement tous les deux bourrés, mais elle s'est réveillée chez un inconnu qui en plus la met à la porte !

- Et alors ? Merde, c'est si difficile à comprendre ? Les meufs je les baise et puis je les vire ! D'habitude elles ont l'intelligence de se barrer toutes seules, mais il a fallut que tu l'invite à boire un café !

- Ah, parce que ça être de ma faute en plus ! dis-je à nouveau en colère.

Les yeux de Tobias se fixèrent aux miens, durs et sombres. Ses poings serrés tremblaient et ses lèvres se pincèrent. Sans en avoir vraiment conscience, j'imitai son visage fermé, et contractai violemment la mâchoire.

Son attitude me renvoyait à la figure tout ce dont je m'étais prévenue. Je ne pouvais tout simplement pas coucher avec Tobias. Même prendre une nuit de bon temps était impossible. Malgré l'attirance que j'éprouvais pour lui, je ne pourrais jamais me confronter à cet homme froid et dur devant moi. Je préférais garder l'ami joueur et gentil que je connaissait. Si il me parlait ainsi dès que nous aurions couché ensemble, si il me disait de me casser de son lit, je ne voyais pas comment nous pourrions continuer une relation qui ne soit pas tendue.

Puis une nouvelle évidence me frappa. Nous ne voulions, ni l'un ni l'autre de relation suivie avec qui que se soit... Et nous vivions en collocation. Comment garder une relation saine en ayant couché ensemble et en vivant dans le même appartement sans vouloir une quelconque relation ? Impossible.

Parfait. Deux arguments implacables, c'est ce qu'il te fallait. Tu ne t'approche pas de Tobias !

Je décroisai lentement les bras. Tobias me fixait toujours, mais avec un air interrogateur sur le visage. Je m'étais perdue dans mes pensées, et j'avais du paraître un peu absente.

Carry On [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant