55-Soupçon

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AMY

Je vérifiai que j'avais bien mon portable et mes clés puis j'attrapai mon casque de moto. Je jettai un dernier coup d'œil au miroir. Mes cheveux étaient pour l'instant attachés en un chignon bas, pour que je puisse avoir l'air à peu près coiffée en arrivant chez Achille.

Nous n'avions pas eu un seul contact depuis la soirée du Nouvel An, mais ces deux jours de silence m'avaient paru durer une éternité. Aussi j'avais soigné mon apparence : maquillage, bottines à talons que m'avait offert Abigail et que je n'avais jamais mises, cheveux lissés... J'espérais qu'Achille serait heureux de me voir.

♥♥♥

Je m'arrêtai devant le portail qui fermait la propriété du père d'Achille. La maison de mon petit ami était complètement fermée, les stores de chaque fenêtre étaient baissés et des rideaux avaient été tirés devant la baie vitrée.

Je tapai rapidement le digicode, heureuse d'avoir insisté auprès d'Achille pour qu'il me le donne. Le portail s'ouvrit sans un bruit. Je redémarrai sur l'allée de gravier jusqu'à la porte, peu désireuse de laisser ma Kawa aux mains de n'importe qui.

Le portail de ferma derrière moi avec un claquement sourd, me laissant sur une impression désagréable.

Je m'arrêtai devant la porte d'entrée et retirai mon casque. Mon souffle formait de la buée dans l'air glacial de janvier.

Je posai avec appréhension ma main sur la poignée, espérant que ce n'était pas fermé. Je n'avais pas prévenu Achille de ma venue, et il détestait les visites à l'improviste. Si j'étais obligée de sonner, il serait bien capable de refuser de m'ouvrir et de me laisser seule à l'extérieur.

La poignée s'abaissa dans un cliquetis encourageant. Je poussai le battant et rentrai dans la villa en silence.

Je retirai mes bottines sur le tapis de l'entrée et suspendis mon manteau et mon écharpe à une patère.

J'avançai dans le long couloir rempli de meubles design et où de nombreux tableaux hors de prix que je trouvais absolument hideux étaient accrochés au mur. Ils étaient signés par un artiste qui avait souvent exposé dans la galerie du père d'Achille, et que ce dernier aimait considérer comme un « ami de la famille ».

Je m'arrêtai devant une porte orange, celle de la cuisine. Je la poussai, espérant trouver Achille déjà réveillé et en train de manger. Il était tout simplement imbuvable lorsqu'on le réveillait.

Effectivement, il y avait bien une personne installée dans la cuisine, en train de boire un grand verre de jus de fruit. Mais ce n'était absolument pas mon petit ami.

TOBIAS

Un mouvement un peu brusque me fit grogner. J'étais perclus de courbatures après ma séance de sport nocturne, et mes muscles ne me motivaient vraiment pas à sortir de mon lit.

Je m'y forçai pourtant et me traînai sous la douche, espérant que l'eau chaude me détente suffisamment pour que je ne grimace pas à chaque mouvement.

Je sortis de la salle de bain quelques minutes plus tard, une serviette autour de la taille. Vu l'heure, Amy devait déjà être chez son connard d'italien, en train de lui pardonner toutes ses conneries.

Je me dirigeai vers mon dressing, où je pris un jogging et un sweat gris.

Il est absolument hors de question que je fasse le moindre effort vestimentaire aujourd'hui.

Carry On [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant