30-Révélation

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TOBIAS

T'es qu'un lâche.

La sentence prononcée sur un ton serein, m'ébranla. Comment ce mec pouvait-il sortir des phrases pareilles aussi calmement ?!

Bouche bée, je le fixai. Pas gêné le moins du monde, il ajouta :

- T'es du genre à faire croire que tu en veux aux autres alors qu'au fond tu ne t'en veux qu'à toi-même. Mais tu rends ton entourage responsable de ton malheur et ça c'est dégueulasse. Et si toi t'allais la voir ta mère ? Si tu avais envoyé un message à ta sœur pendant toutes ces années ? Tu parles à ton père ou tu te contente de lui crier dessus ? Tu t'es excusé auprès de ton frère ?

- Comment tu peux dire ça, putain ! Est-ce que tu sais vraiment par quoi je suis passé ?

- Bah non. Vas-y, explique moi. Mais dis toi qu'il y aura toujours pire que ta petite vie merdique de pitoyable garçon peureux.

Mon poing heurta sa mâchoire brusquement. Il me renvoya un coup à la pommette. Nous nous précipitâmes tous les deux sur les poignées des portières. Une fois à l'extérieur de la voiture les coups recommencèrent. Il se battait bien, presque aussi bien que moi.

Tout en enchaînant les coups de poings, il hurla :

- Tu sais pourquoi tu réagis comme ça ?

- Parce que tu dis de la merde, connard ! criai-je.

- Parce que t'as peur de la vérité ! Lâche, peureux, gamin, incapable de prendre ses responsabilités !

Je le fis taire d'un uppercut fracassant. Il répondit par un coup dans mes côtes.

La rage me brûlait les entrailles. Cette sensation, aussi familière que la brûlure de l'alcool sur ma langue, rallumait de vieux réflexes, différents de ceux qui s'activaient face à un sac de frappe.

Protège toi le visage. Droite. Esquive. Concentre-toi.

Ils rappelaient aussi un visage. Cette bouche qui conseillait. Ce frère qui m'avait entraîné en Enfer. Et m'avait présenté la porte de sortie.

J'étais surpris de voir une rage semblable briller dans les yeux de mon adversaire. Ses coups étaient secs. Moins violents que les miens peut être, comme si ses combats à lui avaient été encadrés, propres.

Fils à papa.

Et pourtant ses mots tournaient sans cesse dans ma tête. N'avait-il pas raison au fond ? Est-ce que je n'étais pas celui qui attendait que les autres règlent les problèmes à sa place ? J'attendais de l'aide, mais en avais-je demandé ?

J'aurais pu, j'aurais dû envoyer un message à ma petite sœur. Quelques clics, quelques secondes. Bien-sûr qu'elle m'avait oublié si je n'avais rien fait pour me rappeler à son souvenir.

Mon demi-frère habitait à une heure de train de chez moi. Qu'est ce qui me retenait de partir à sa rencontre ? De revoir ma mère et mon beau père ?

Ma rancœur envers mon père était-elle si justifiée ? Après tout je lui reprochais de me préférer. Je lui reprochais de ne pas m'avoir laissé le moindre choix, et de ne pas aider autant mon frère. Ma colère était-elle normale ?

Carry On [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant