La sortie scolaire Infernale. Tome 3. [Terminée]

9.

Lorsque le compte à rebours s'activa, Enzo et Maël s'empressèrent de vouloir retirer les lames de rasoirs pour se frayer un chemin. Mais ils se rendirent vite compte que le temps qui leur était accordé ne leur suffirait jamais à enlever les centaines de milliers de lames qui recouvraient le sol sur plusieurs centimètres de hauteur.

- Ok tout le monde, dit alors Amanda d'une voix qu'elle voulait claire, protégez comme vous le pouvez vos bras, vos jambes, vos mains, bref, votre peau. Il faut commencer à avancer, et vite.

Les élèves obéirent et Yvan décida de passer le premier. Sans même attendre que quelqu'un s'y oppose, il poussa Enzo sur le côté et s'engouffra par l'entrée du tunnel, dépourvue de ses lames par les garçons. À moitié à quatre pattes, le garçon avançait prudemment, poussant comme il le pouvait les petites lames bien tranchantes qui commençaient à lui entailler la peau.

Mais leur nombre était bien trop impressionnant. Poussant des râles de douleurs, Yvan avançait, collé par Enzo, lui même collé par Talia qui venait juste d'entrer. Amanda regarda le minuteur. Il restait dix minutes et deux secondes.

Au bout de quelques mètres, le garçon en tête fut obligé de faire une pause. Ses paumes de mains étaient trop douloureuses. Il les tourna et vit que le tissu de son tee-shirt qui les recouvrait était imbibé de sang. Des larmes de rage et de douleur aux yeux, les genoux qui lui faisaient tellement mal qu'il avait l'impression qu'ils allaient se détacher de lui, Yvan recommença à avancer, péniblement, dans l'obscurité du tunnel qui semblait interminable.

Alors que le compte à rebours affichait à présent huit minutes, Jade s'engagea à son tour par l'entrée du tunnel, pressée par Amanda. De son côté, Yvan avançait de plus en plus lentement. Les parois du tunnel se rétrécissaient, l'obligeant à se coucher et à ramper directement sur les lames.

De plus en plus faible, Yvan sentait de moins en moins la douleur. Répartie sur trop de partie de son corps, son cerveau était incapable de se focaliser et le rendait presque insensible aux multiples coupures qu'ils subissaient. Le jeune homme fit une nouvelle pause, respirant difficilement. Contrairement à la fois précédente, il ne sentit pas la présence d'Enzo qui se stabilisait derrière lui. Se tournant avec prudence, il jeta un coup d'œil en arrière, et aperçut son camarade, affalé sur les lames, en train de gémir.

- Oh, lui lança Yvan, Enzo ! Tu fais quoi ? Ça va ?

Mais le jeune homme était trop faible pour lui répondre.

- Faut que tu avances gars, rajouta Yvan avant de continuer lui même sa route.

S'appuyant sur ses avant-bras qui ne le soutenaient plus qu'à peine, il portait son corps à bout de force. Et soudain, illuminant Yvan de sa pénombre réconfortante, le bout du tunnel.

Prenant sur lui pour tirer son corps douloureusement affaibli jusqu'à la sortie, Yvan se laissa tomber sur le sol, quelques centimètres plus bas. Il resta là pendant plusieurs secondes, respirant avec difficulté. Puis il roula sur le côté, n'ayant pas le courage de se lever, et ferma les yeux en attendant que le reste du groupe arrive à son tour.

Amanda regardait le compte à rebours avec anxiété. Il ne restait que cinq minutes et encore deux élèves et elle à faire entrer dans leur seul moyen de ne pas finir embrochés sur les lances pointues, tranchantes. Elle poussa alors sur les fesses de Manon qui se trouvait encore à l'entrée du tunnel, lui arrachant un cri de douleur. Mais il n'était plus temps de pinailler.

Yvan regarda Enzo tomber à son tour de la sortie du tunnel après deux minutes. Ce dernier se déplaça sur le côté, laissant la place pour Talia qui lui collait le train. À bout de force, les trois camarades attendirent quelques minutes avant de voir enfin Inès déboucher du tunnel. Suivit de très près par Jade et Maxime.

Quelques minutes encore passèrent avant que Manon ne déboule également, suivi de Léo.

Les paumes des mains en lambeaux, les bras, les genoux et les jambes recouverts de leur propre sang, allongés à même le sol, les bras ballants, les élèves attendaient leur dernier camarade et leur enseignante.

Soudain, un bip continu se fit entendre, vrillant les oreilles des participants de ce jeu infernal.

- Le compte à rebours est terminé, murmura Yvan.

- Maël était derrière moi, réussit à souffler Léo. Je suis sûr qu'ils ont eu le temps.

- Alors où sont-ils ?, demanda Inès.

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