La sortie scolaire Infernale. Tome 3. [Terminée]

1.

La route était longue et le chemin tortueux. Le car remuait beaucoup et ses occupants commençaient à s'agiter.

- Veuillez rester calme, s'il vous plaît, répétait la professeure pour la troisième fois en levant à peine la tête de l'écran de son téléphone.

Il fallait lui reconnaître que la conversation textos qu'elle avait avec son mec du moment était des plus intéressante. Même s'il s'agissait plus de sextos que de textos à vrai dire. Toujours est-il que la trentenaire à la queue de cheval dû s'extraire de sa conversation pour régler quelques histoires entre trois jeunes, qui se chamaillent pour quelques coups de genoux dans le dossier d'un siège.

Après une interminable route à travers les forêts et chemins escarpés, le petit car de ville se gara sur un court parking, devant une grande grille en fer forgée.

La professeure fit descendre ses élèves, vérifiant que rien ni personne ne restait dans le car, puis entreprit de se rendre devant le portail. Verrouillé, une sonnette en cuivre ornait l'un de ses piliers.

La presque trentenaire pressa le bouton, mais rien ne se produisit.

- Elle est p't'être cassée madame, lui lança Léo, un petit blond à lunettes.

- Ou la sonnerie retentit trop loin pour qu'on puisse l'entendre, lui répondit sa professeure.

À peine deux minutes plus tard, surgissant de derrière un large buisson, une jeune femme aux bouclettes brunes et aux yeux d'un bleu perçant fit son apparition.

Elle inséra une grosse et lourde clef dans la serrure du portail, et la grille s'ouvrit en un sinistre grincement, faisant frémir quelques élèves peu courageuses. La professeure s'approcha de la jeune femme, se présenta, et ils furent conduit quelques mètres plus loin, vers un petit lotissement. Des toilettes et une salle avec tables et chaises pour déposer leurs affaires les attendaient.

La jeune femme brune leur expliqua qu'ils pouvaient prendre possession des lieux et se soulager de leur route en attendant que l'on vienne les chercher pour démarrer le jeu.

La classe, habituellement composée de vingt-trois élèves, n'en comptait pour cette sortie que douze, accompagnée de leur professeure de français. C'était une sortie qu'avait gagné la classe, en participant à un concours d'écriture pour un journal populaire. Mais comme seules douze des copies des élèves avaient été sélectionnées, les autres n'avaient pas eu le droit de participer à la sortie.

Amanda Kennis, la professeure, était âgée de vingt-huit ans. Svelte, de longs cheveux blonds brillant toujours remontés en une haute queue de cheval, des yeux noisettes aux pigments verts et un visage d'ange, la jeune femme avait tout pour elle. Elle avait réussi ses études avec brio et s'entendait parfaitement avec sa famille, sortait beaucoup avec ses amis et enchaînait les conquêtes amoureuses.

Et elle appréciait son métier. Être professeur dans un lycée n'était pas son rêve mais ça comblait la plupart de ses attentes. Et puis l'établissement dans lequel elle exerçait était assez petit, et comptait une population d'élèves plutôt peu compliquée.

Faisant le guet entre les toilettes des filles et ceux des garçons pour éviter tout débordement, Amanda observait ses élèves. Il y avait les jumelles, Inès et Talia, dix-sept ans. Elles bavassaient à leur habitude avec leurs amies Manon et Jade, deux autres filles du même âge. Un peu plus loin, Maël, Enzo, et Yvan, âgés de dix-sept ans pour les deux premiers, et dix-huit pour le troisième, jouaient avec une minuscule balle verte en tissu.

Joséphine, une petite rousse de seize ans, attendait son petit copain Léo d'un an plus âgé, près des toilettes des garçons. Johanna, même age que Joséphine, sortit des toilettes, suivit de sa meilleure amie Anna. Et enfin, accompagné de Léo, Maxime sortit lui aussi.

Madame Kennis appela tout ses élèves à venir se rassembler dans la salle lorsqu'elle aperçut au loin une jeune femme blonde qui venait vers eux. Assis autour des tables, ils observèrent la nouvelle venue. De très longs cheveux blonds comme les blés, des yeux bleus gris, la femme paraissait très jeune. Amanda ne lui donnait pas plus de vingt-deux ans.

Un large sourire dévoilant ses dents parfaitement alignées dessiné sur le visage, la jeune femme se plaça au milieu de la porte grande ouverte.

- Bonjour à tous et bienvenue dans notre parc. J'espère que votre séjour y sera agréable, dit-elle en penchant étrangement la tête sur le côté.

Joséphine donna un coup de coude à Léo qui souriait en regardant la jeune femme.

- Ça va, j'te gêne pas ?, lui souffla-t-elle.

Le lycéen se reprit et arrêta de sourire, rassurant sa petite amie par quelques phrases bien choisies.

- Amanda Kennis n'est ce pas ?, continua la jeune femme en tournant ses yeux nuageux vers la professeure.

- Tout à fait, répondit celle ci en se levant pour s'approcher d'elle.

Mais la jeune femme eut un étrange sourire, se recula, et d'un geste de la main, invita tout le monde à la suivre.

- Euh, d'accord..., dit Amanda, surprise devant tant de mystères.

La professeure dit à ses élèves de se lever et ils s'engagèrent à sa suite dans l'imposant parc.

La jeune femme blonde les fit marcher pendant plus de quinze minutes, les faisant passer par des passages à moitié dissimulés par la végétation abondante.

Marchant juste derrière leur mystérieuse guide, Amanda s'impatientait. Marcher sans savoir où ils allaient ne lui plaisait pas beaucoup.

Mais enfin, après une étouffante jungle de conifères, après une route désagréable pour tout ceux qui s'étaient pris branches, ronces et autres végétations dans le visage, le groupe de douze lycéens, leur enseignante, et la guide, débouchèrent dans une clairière.

Et devant eux, immense, sinistre et privé de lumière par les arbres gigantesques qui délimitaient la clairière, un château.

- Euh moi j'entre pas là dedans, s'exclama Inès en s'accrochant au bras de sa sœur.

- Fragile, lui lança Enzo en se pressant derrière la guide, ravi de la tournure que prenait la sortie.

- Madame, on va faire quoi là dedans exactement ?, demanda Talia, peu rassurée.

- C'est vraiment des tapettes ces jumelles, rit Maël en tapant dans la main d'Yvan pour se féliciter.

- Ton langage s'il te plaît, le foudroya Amanda du regard.

Sans quitter son dérangeant sourire, l'étrange jeune femme blonde qui leur servait de guide tourna ses yeux bleus-gris vers le groupe de lycéens. Elle arrêta un instant son regard sur Yvan, provoquant des petits rires et sifflements parmi les amis du jeune homme, puis se tourna vers le château, et les invita à la suivre de sa voix fluette.

Le groupe traversa la clairière pour s'approcher du large escalier de marbre grisâtre, dont ils grimpèrent les marches en admirant la belle et imposante bâtisse. La jeune femme blonde sortit un petit trousseau de clefs de la poche de sa veste et déverrouilla l'immense double porte de bois.

Les douzes élèves et leur enseignante pénétrèrent à sa suite dans le château.

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