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Leur sang recouvrait le sol d'auréoles rougeâtres. Les gémissements sonores de Jade et Manon se mêlaient aux sanglots et hoquets de terreurs d'Inès et Talia, prostrées devant la seule porte de la pièce.

Amanda vérifiait frénétiquement le pouls de Maël, toujours inconscient, inquiète de le sentir diminuer dangereusement, tandis qu'Enzo et Yvan pansaient leurs blessures avec plus d'attention. Maxime s'affairait autour des différents membres restants du groupe, essayant de leur venir en aide, mais sans savoir quoi faire, et Léo était figé, le regard dans le vide, assit près du corps inanimé de son camarade.

Quelques minutes passèrent avant que le cœur de Maël ne lâche complètement. Amanda commença à lui faire un massage cardiaque, pressant sa poitrine avec intensité. Mais le cœur n'avait plus de sang à pomper. L'enseignante continua néanmoins pendant un moment, incapable de renoncer, jusqu'à ce qu'Yvan vienne poser sa main sur son épaule.

- C'est fini madame, lui dit-il d'une voix douce.

Amanda avait perdu un élève de plus. Elle s'effondra sur la poitrine immobile de Maël, pleurant de grosses larmes amères qui imbibèrent son tee-shirt déjà plein de sang.

Et la porte verrouillée se déverrouilla, arrachant un cri de surprise à Manon. À bout de forces, le petit groupe se redressa tant bien que mal et franchit la porte petit à petit, débouchant dans une salle plongée dans la pénombre.

Sauf Maxime. Il se stoppa à l'entrée de la porte, fronçant les sourcils.

- Qu'est ce que tu fais ? lui demanda Léo, soucieux.

- Je pense qu'on devrait rester ici, dans cette pièce. Je suis sûr que rien ne peut nous arriver ici, regardez !

Le jeune homme recula de quelques pas, levant ses bras ensanglantés et les ouvrant pour leur montrer ce qui l'entourait.

- Pas de grosses piques en métal ni de caméra ici, s'expliqua-t-il d'une voix claire, pas de table recouverte de plats dégueulasse. Y'a rien. Restons là le temps qu'on vienne à notre secours.

- C'est de la folie Maxime, répliqua Léo, avançant de quelques pas vers son camarade. Personne ne viendra à notre secours à temps.

- C'est vous qui êtes complètement fous de continuer à avancer et à accepter ce jeu de merde, répondit Maxime en élevant la voix.

- Parce que tu crois qu'on a accepté tout ça ? dit Léo en serrant les dents de rage. Tu crois que j'ai accepté que ma petite amie meurt électrocutée ? TU CROIS QUE J'AI ACCEPTÉ DE VOIR MES POTES CREVER LES UNS APRÈS LES AUTRES ?!?

Maxime n'avait rien à répondre. Personne n'avait rien à répondre à ça. Amanda passa son bras autour de celui de Léo, lui tapotant la poitrine de son autre main, en signe de réconfort discret. Le garçon se laissa entraîner par sa professeure, tandis qu'Yvan et Enzo se rapprochaient de la porte, pour tenter de convaincre leur camarade de les suivre.

- Mec, tu sais pas c'qui va t'arriver si t'obéis pas, dit Yvan en se stoppant devant le seuil de la porte.

- Et vous savez ce qu'il va vous arriver si vous continuez votre route vous peut être ? rit nerveusement Maxime.

- Non, mais on aura suivi les règles. Et n'est ce pas le but ? Suivre leurs règles à la con si l'ont veut survivre ? lui répondit avec fermeté Enzo. C'est une vengeance mec. On a pas le choix.

- On l'a toujours, répondit sinistrement le garçon désemparé. Si je dois mourir, alors ça sera comme je l'ai décidé. Et je décide de rester dans cette pièce.

- Maxime..., commença Jade en se frayant un chemin à travers Enzo et Yvan. Viens avec nous s'il te plaît, on a perdu assez de monde.

- Alors vous refusez de comprendre hein ? enchaîna le jeune garçon. On a eu beau se voiler la face pendant des mois, c'est de notre faute si Stéphane s'est tué. Tout ça... On l'a mérité vous comprenez ? Toute cette merde qu'on nous inflige, toutes ces épreuves, elles ont été créées spécialement pour nous, j'en suis sûr. Par rapport à ce que NOUS avons fait subir à Stéphane.
On veut le venger. Mais je ne veux pas continuer à subir toutes ces épreuves. Je ne m'en sens pas la force. Je préfère attendre la fin ici. Et peut être bien que les secours me retrouveront avant... Avant que je rejoigne nos camarades.

- Maxime..., murmura Jade.

Mais la garçon avait fait son choix. Yvan et Enzo reculèrent d'un pas, et la porte se referma lugubrement, les séparant de Maxime.

Des néons blafards innondèrent la pièce dans laquelle ils étaient d'une lumière jaune. Clignant et plissant les yeux, le groupe de sept élèves et leur professeure s'habituèrent peu à peu à la luminosité. Ils découvrirent une petite salle circulaire aux murs de pierres rougeâtres et au sol recouvert d'un liquide odorant.

- C'est de l'essence madame ? demanda Inès d'une voix tremblante.

- Oui, répondirent en chœur Amanda et Yvan.

Au milieu de la salle se trouvait une plaque d'égout, verrouillée par un gros cadenas. Fixé sur le mur, un compte à rebours arrêté sur huit minutes, et dans un coin, un haut parleur. Lequel se mit à grésiller aux oreilles des derniers participants.

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La sortie scolaire Infernale. Tome 3. [Terminée] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant