cu•rar

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cu•rar, v : guérir

i. je me suis réveillée dans une clairière recouverte de vaisselle brisée, avec seulement mes yeux pour pleurer et mes mains pour ramasser les morceaux. phébus à la flèche filante m'a donné de l'or liquide, et j'ai reconstitué les fragments de ma personne avec minutie sous son œil bienveillant. il m'a dit dans un bourdonnement d'abeille que ma victoire ne sera due qu'à moi, et j'en suis toujours persuadée en ce jour ; lui, étincelant dans l'atmosphère, se levait tous les matins pour me féliciter de mon amélioration constante. un corbeau couronné d'un halo de soleil chantait devant ma fenêtre quand j'ai retrouvé l'appétit.

ii. personne ne me fera de mal à nouveau si je m'endors dans un coquillage jusqu'à la fin de mes jours, mais comment saluer l'écume de la manche quand les jours s'allongent ? quel dieu tapotera sur ma coquille le matin pour m'apporter de précieuses bulles de philosophie ? comment savoir si la vague m'emporte si, recroquevillée dans ma petite maison, je rêve d'un ailleurs ?  mais j'ai si peur de mes amis. peut être que je suis célèbre pour mes capacités émotionnelles égales à celles d'une huître, peut être que ce n'est pas pour rien. les fruits de mer poussent dans des arbres peuplés d'anguilles tentatrices.

iii. j'ai toujours été seule dans ces célébrations intimes où l'on noie ses chagrins dans un océan de fleurs. j'ai toujours été seule au bord du rivage, les doigts fleuris de pétales écarlates à force de plonger mes mains dans les bourgeons. j'ai toujours été seule quand, bâillonnée de ronces, mes membres convulsaient une dernière fois, une dernière fois reportée au jour suivant, tous les jours. j'ai toujours été seule quand des hyacinthes ont fleuri là où mon sang a coulé. je guéris lentement.

abejitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant