des·tru·cción

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des·tru·cción, nf : destruction

i. l'incertitude mouille mes joues et assèche ma langue. le doute comme un parasite grandit, s'amplifie dans mon corps. il se loge dans mon estomac, il ronge mon nerf optique, il me dévore l'utérus et fait gonfler mes veines. si je n'ai pas revu le sang, c'est qu'une angoisse grandissante enfle dans mon bas ventre et me prive nutriments. je suis épuisée. je suis trop jeune pour être aussi triste.

ii. étudier cette cathédrale de chair sous tous ces ornements me fait oublier l'abomination neuronale qui la pilote. ma colonne vertébrale se brise en mille arcs. mon œil poussiéreux en vitrail brisé couvre d'illusions fades et crasseuses les mille couleurs de l'univers sur le pavé froid. l'écho du chœur m'a rendue folle. les cris des fidèles ont brisé mon tympan et érodé mes parois. sur chacune de mes épaules écume une bête épouvantable, lourde comme dix pierres. ma rétine en rosace observe passivement les pyromanes se réunir silencieusement devant moi, le regard accroché aux pinacles. l'incendie qui vient sera le dernier.

iii. un hymne à la destruction résonne dans toute la cité. tous les yeux roulent dans leurs orbites, tous les doigts se tordent, tous les genoux se dérobent. toute la panique accumulée entre les remparts grouille au sol et grimpe aux clochers pour venir crever le ciel. la vie continue pour les autres mortels. ils bêchent, prient, jouent, rient si fort qu'ils ne remarquent pas le silence qui pèse sur la forteresse voisine. ce n'est pas la fin du monde.

abejitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant