sem•pi•ter•no, adj : sempiternel, sans fin
i. le tic-tac de l'horloge déréglée creuse sur mon front un lac sans fin. et on ne reconstitue jamais parfaitement une tasse brisée. deux cerfs-volants flottent et divaguent sous une pluie de dents de lait. les délimitations de mon corps disparaissent, des plantes sauvages poussent sur mon matelas et passent mollement à travers le tissu de mon existence. c'est comme un rêve dans lequel tu meurs. et tout devient vacant. même moi, même toi.
ii. électricité statique. le vide spatial resserre machinalement sa cravate et prend mes mains pour les poser dans les siennes. une paire d'yeux partage mon regard, on dirait qu'on a découpé deux soucoupes entre les mailles de la réalité. minotaure. mon téléphone refuse de me donner l'itinéraire vers la sortie du labyrinthe. minos passe ses doigts dans sa barbe et resserre les murs. j'imagine que je dois trouver la solution toute seule. bruit blanc. les dysfonctionnement de la télévision cathodique reprennent, au grand dam du cyclope qui vit dans mon placard. il avait l'air très déçu, alors j'y ai amené du thé et des biscuits, et on a écouté de la musique ensemble en attendant la fin de l'orage.
iii. il y a des créations hybrides dans la cave, et on ne sait pas vraiment leurs intentions. il y en a une avec trois yeux et une peau noire et gluante. une assiette en carton était posée sur son visage, mais quand elle est remontée pour nous parler, on a pu voir sa face. maintenant elle mange la pizza que son amie humaine lui prépare. de mon côté, j'aime m'imaginer sans tête. c'est parce que c'est plus simple à dessiner, plus simple à vivre. une enfant à la conscience guillotinée, toujours en crise existentielle. pourquoi tout ce qui est réel est futile ? pourquoi tout ça me paraît insignifiant ? hein ? pourquoi ? pourquoi ?
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média fait avec mes deux mains
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abejita
Poésieabejita, nf : petite abeille « Poursuivant mon œuvre, je vais chanter le miel aérien, présent céleste. Je t'offrirai, à partir de tous petits êtres, un spectacle admirable. Quand le soleil d'or a mis l'hiver en fuite, et l'a relégué sous la terre...