do•lor, nf : souffrance, douleur
i. j'ai fais la paix avec la douleur. il me suffit de la nourrir le matin et le soir. ses yeux étincellent dans l'obscurité quand je lui jette au museau des sucreries, des tragédies, des peintures, de l'amour, des belles choses. je crois qu'elle aime son foyer, elle qui soupire de sommeil, les pattes enfoncées profondément sous le laurier de mon jardin. quand je l'emmène à la plage, elle engoule l'air iodé avec une gourmandise extrême, elle se coupe les coussinets sur des débris de coquillages, elle se poignarde à coups de couteaux de mer. elle fait battre mon cœur.
ii. j'ai versé mon âme dans l'océan. le sel brûle ma gorge, et des méduses papillonnent dans mon estomac, et c'est la même sensation que dans ces rêves où des monarques m'arrachent les dents. je n'ai rien d'un héros d'épopée, et pourtant mes côtes se fracassent sur les rochers pointus du rivage, et l'écume qui coule aux lèvres de neptune abreuve et noie mon corps vide.
iii. le cyclope dans mon placard me demande une clope, mais je ne fume pas. en réalité, j'ai même oublié comment respirer. les anges ont tous les yeux qui brillent comme le noir, mais mes yeux de simple mortelle sont comme deux boules de cristal enfumées d'encens. derrière ma cornée s'étirent des formes fantasmées, comme un spectacle d'ombres chinoises, mais je n'autorise que les dieux à y assister. j'ai besoin qu'on me laisse seule, désolée.
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abejita
Poesiaabejita, nf : petite abeille « Poursuivant mon œuvre, je vais chanter le miel aérien, présent céleste. Je t'offrirai, à partir de tous petits êtres, un spectacle admirable. Quand le soleil d'or a mis l'hiver en fuite, et l'a relégué sous la terre...