ba•ta•lla, nf : bataille
i. maintenant que tu as quitté les tiens pour glisser sur les vagues, tu as oublié le goût du sucre. ta langue ne rencontre plus que celle de tes ennemis, et tu les étouffes avec, et un goût de fer et de sel se répand entre tes dents... où est passée ta résignation ? où est passé le miel qui coulait auparavant entre tes doigts, comme de l'or liquide glissant entre les nuages quand phébus s'endormait ? maintenant tout est lourd, le bronze sur tes yeux, le cuir qui serre tes poignets, le fer au bout de tes doigts, les corps qui tombent à tes genoux... et tu plonges encore et encore à travers des murs de feu, car ton cœur brûle plus fort que ces colonnes de flammes qui s'élèvent et fondent sous tes pieds.
ii. le feu noircit tes yeux et tu te jettes sur les hoplites comme un chien affamé. leurs armures n'ont jamais brillé si fort, et elles t'aveuglent alors que tu enfonces ta lance dedans, réalisant, recouvert d'un sang encore bouillant, que c'était leur chair qui scintillait comme un soleil. tout n'est que hurlements, et impacts, et chants... et derrière chaque poitrine percée gicle et s'élève une voix sifflante comme l'acier qui plasmodie : il y aura victoire.
iii. maintenant que tu as quitté la bataille pour glisser sur les vagues, tu as oublié le goût de la victoire. et les dieux que tu as tant offensé, les chevilles souillées de sang, rient si fort que les mers s'ouvrent au son de leurs dents grinçantes. toi aussi, tu ris, et ta longue chevelure blonde perce le vent alors que tu files sur ta nef en murmurant nous sommes sauvés. ils rient encore plus fort. nous sommes sauvés. tu es maudit.
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abejita
Poésieabejita, nf : petite abeille « Poursuivant mon œuvre, je vais chanter le miel aérien, présent céleste. Je t'offrirai, à partir de tous petits êtres, un spectacle admirable. Quand le soleil d'or a mis l'hiver en fuite, et l'a relégué sous la terre...