Chapitre 3 :

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J'ai l'impression d'avoir un alien dans le ventre.
Un monstre qui étend ses tentacules dans tout mon corps.
Maman et papa paniquent un peu. Ils ont appelé l'hôpital au minimum cinq fois en trois jours.
Ça ne sert strictement à rien. C'est à cause du nouveau traitement, c'est tout.
Ça passera. Parce que ça passe toujours.
La porte s'entrouve lentement et la tête de ma mère apparaît dans le rai de lumière.
J'essaie de me relever dans mon lit mais renonce.
C'est pas si mal d'être allongée.
Je ramène mes jambes contre mon torse, en position foetale.
Maman entre en voyant que je suis réveillée. Elle tient quelque chose entre ses mains, mais le contre-jour m'empêche de voir quoi.
Elle s'agenouille à côté de mon lit, l'air encore plus fatigué que moi.
Et là, seulement, je comprends : le traitement n'affecte pas que moi.
Dur d'être positive face à cette constatation.
— Ça va, ma puce ?
Je me force à sourire. Plus facile que de répondre.
— Tu veux manger un peu ?
Elle me tend l'assiette, qui contient deux nems.
Entre vouloir et pouvoir, il y a un monde.
— Non, merci.
Rien que la vue me révulse.
Maman me caresse les cheveux. Avec tant de tendresse, tant d'amour, que les larmes me montent aux yeux.
Je vais l'abandonner. Je le sais.
— D'accord, c'est pas grave.
Elle se lève, se dirige vers la porte et se retourne avant de sortir, la main sur la poignée.
Un éclat de lumière accroche une de ses larmes.
Perle d'espoir sur sa joue.
J'ai envie de me lever, de l'enserrer dans mes bras, d'essuyer ses larmes et de lui dire que seul son espoir me maintient en vie.
Mais je n'ai pas la force. Je ne trouve pas la force.
À la place, je murmure :
— Tu sais que j't'nems, toi ?
Elle rigole entre ses larmes et la lumière de son sourire suffit à rallonger mon existence de  quelques secondes.

CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant