Après avoir étouffé ma culpabilité, je regarde les horaires des prochains départs.
Dans trente minutes, à 11h40, un TGV me transportera pendant une heure un peu plus proche de mon but.
Je me lève en grimaçant et jette un coup d'œil aux miroirs.
J'essaie de me convaincre que c'est l'éclairage cru des néons qui me donne cette mine affreuse.
Mes cheveux sont en pétard, ma peau est pâle et mes traits tirés.
J'entreprends de domestiquer mes mèches folles mais rien n'y fait. En désespoir de cause, je les tire en arrière pour une queue de cheval.
Je ne me suis jamais plainte de ma crinière. Contrairement à d'autres dans mon cas, j'ai bon espoir de ne pas devenir chauve avant la fin !
J'attrape mon cartable avant de débrancher mon portable.
Je sors des chiottes avec la mine la plus déterminée que je peux arborer.
Je la perds immédiatement à l'approche des guichets.
L'angoisse que la carte de crédit soit bloquée me noue les tripes.
La caissière me regarde, les yeux vides.
J'imagine les pires scénarios possibles :
– la carte ne passe pas (ça, ça va...)
– la carte ne passe pas et la caissière appelle les vigiles (peut-être qu'ils ont des tasers ? Pas bon, ça !)
– la carte ne passe pas et la caissière appelle la police (pas bon du tout, ça !)
Et puis cette caissière cauchemardesque aux yeux vides me tend un ticket en marmonnant "Bonne journée".
Je le chippe et me barre en courant comme une voleuse... Bon, d'accord... en trottinant comme un poney (asthmatique, le poney...).
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Crépuscule
Ficção Adolescente[EN PAUSE] 《Attrapez ce livre. Lisez-le. Faites-le passer. Courez. Secouez le monde.》 Je suis au crépuscule de ma vie. Et j'ai bien peur que les étoiles ne soient pas la seule limite qui m'empêche d'atteindre l'aube. 《L'odyssée ne...