Chapitre 25 :

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J'ai survécu.
Je suis enfin dans le train.
Les doigts aussi insensibles que des saucisses cocktails et le nez rouge comme une tomate cerise. La morsure du froid m'a fait ressembler à un plateau apéro !
Je m'enfonce dans mon siège. Je bâille. Mes yeux se ferment.
Ah, bah, non, en fait...
Morphée me refuse encore son étreinte.
Je soupire.
Je n'ai rien d'autres à faire, à part dormir.
Et même ça, mon corps me le refuse !
Je regarde alentour.
Mais le wagon est vide.
Aucune croqueur de pomme, aucun demi-dieu et encore moins de voyante flippante...
Juste moi.
Moi et mon cancer.
Moi et mes sentiments.
Les deux se ressemblent.
Ils me rongent.
Ils grignotent mon coeur.
Petit
à
petit.
Et un jour, il ne m'en restera plus assez pour ceux qui m'entourent.
Je me rappelle une séance de chimio particulièrement dure : un infirmier était resté à côté de moi, une bassine à la main.
Je lui avais dit que j'allais mourir.
Il m'avait répondu que ça allait passer.
Oui, ça allait passer.
Pour moi.
Sûrement trop vite, mais ça allait passer.
Pas pour maman, papa, Grace ou Sam.
Parce qu'après tout, la mort est plus dure pour ceux qui restent, non ?
Et ça va être de ma faute, cette douleur de l'absence qu'ils ressentiront tous à la fin.
Le paysage, dehors, défile à toute vitesse.
C'est comme si le monde se fond en une seule et sombre masse qui court à côté du train.
Une vérité s'impose alors à mon esprit.
La vie continue.
La mort aussi.
Plus longtemps.

CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant