Chapitre 23 :

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Je suis perdue.
Je suffoque.
Je me noie et la surface est un autre monde.
Un  monde inaccessible.
La femme fait partie de ce monde.
Et c'est elle qui m'empêche de remonter.
Elle est totalement incohérente.
Elle appuie ma tête sous l'eau.
D'après elle, notre destin est tracé.
D'après elle, je suis fautive de mon destin.
Elle a décidé de me lire les lignes de la main.
Et puis elle m'a accusé.
Accusée de mon cancer.
C'est de ma faute.
L'aura qui m'entoure
est
de
ma
faute.
L'aura de mort.
J'ai beau essayer de me convaincre de l'inverse,
je n'y arrive pas.
Elle m'en empêche.
Tout ici m'en empêche.
Son regard outré.
L'atmosphère oppressante.
C'est de ma faute.
Et ça m'étouffe.
Je récupère d'un geste sec ma main.
Je titube en arrière.
Son regard me suit.
Mon dos rencontre un mur.
Les murs qui se rapprochent.
Les phrases
tournent et
tournent et
tournent
dans ma tête.
Comme quand mes derniers espoirs de guérison m'ont été arrachés.
Comme quand une réalité trop brutale nous percute.
Une réalité ?
Ce que la femme m'a dit est une réalité ?
C'est de ma faute si je vais mourir ?
Une douleur aiguë me ramène à l'instant présent.
Mes pensées sont toujours là.
Comme les tumeurs.
Elles s'accrochent.
Mais la douleur les étouffe.
J'hyperventile.
Il faut que je sorte.
La femme ne dit plus rien.
Juste avec ses yeux.
Alors je pars.
Je cours.
Je fuis.
Encore.

CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant