Est-ce que vous aussi, quand vous étiez petit, vous sautiez d'une dalle du trottoir à une autre, en évitant les séparations ?
Eh bien, je peux vous dire que les pavés bombés du centre-ville sont idéaux pour cette activité. Je fais de nouveau un pas sur le côté.
Je sens presque le billet de train qui pirouette dans mon cartable, coincé entre mes boîtes de médoc.
Il a coûté assez cher.
Six heures de voyage pour un trajet qui pourrait durer une heure...
Humpf ! Quelle idiote !
C'est le compte en banque à papa qui va en prendre un coup, si je continue !
Absorbée par mes réflexions (pas si teintés de culpabilité que ça...), je n'entends pas tout de suite le chant.
Mais je me rapproche et il s'amplifie.
Je connais les
paroles...
mais pas la
mélodie...
Ce décalage me perturbe.
Mais savoir donner,
Donner sans reprendre,
Ne rien faire qu'apprendre,
Apprendre à aimer,
Aimer sans attendre,
Aimer à tout prendre,
Apprendre à sourire,
Rien que pour le geste,
Sans vouloir le reste.
Et apprendre à vivre
Et s'en aller.
Le ton est doux, rythmé étrangement.
Après quelques mètres, j'en repère enfin la source.
Une vieille échoppe qui semble contenir tout le bordel du monde.
Pas ses déchets.
Plutôt toutes ces petites babioles que les gens achètent, entassent... Elles ne servent à rien, mais pourtant on les garde. Comme un rappel, une mémoire.
Curieuse, je franchis le seuil de la boutique.
Une femme sans âge, aux longs cheveux argentés et aux yeux sombres me sourit de derrière son comptoir, avenante.
C'est elle qui chante et elle ne s'arrête pas à ma vue.
Je m'avance et, toujours aussi perturbée, bafouille :
— Vous... vous chantez faux...
Elle s'interrompt brusquement et vrille son regard au mien. Soudainement, je regrette mon incursion ici.
— Non. Je ne chante pas faux.
— Si, j'insiste dans un souffle.
— Je fais juste ma propre interprétation.
Elle fait une pause, semble réfléchir.
— Vois-tu, ma petite, dit-elle d'une voix douce, je chante comme je vis. Je prends ce qu'on me donne. Je suis le chemin qu'on me dicte. Mais j'arrive quand même à faire ce que je souhaite. Subtilement, je change les règles à mon avantage.
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Crépuscule
Fiksi Remaja[EN PAUSE] 《Attrapez ce livre. Lisez-le. Faites-le passer. Courez. Secouez le monde.》 Je suis au crépuscule de ma vie. Et j'ai bien peur que les étoiles ne soient pas la seule limite qui m'empêche d'atteindre l'aube. 《L'odyssée ne...
